Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 02 Avril 2012
Le petit Ki-itchi a vu ses parents se faire poignarder sous ses yeux. Plutôt de que rester avec ses grands-parents, il préfère fuguer, et trouve refuge auprès d'un couple de SDF, Momo et Tetsuya. L'image d'une famille semble se reformer devant lui.
Il peut voir en l'émotive Momo une mère, la SDF remplissant du mieux qu'elle peut ce rôle, d'autant qu'il lui permet, à elle aussi, d'oublier les drames de son passé. A ce titre, les scènes où Ki-itchi cherche à téter Momo sont lourdes de sens quant au manque de l'enfant.
Tetsuya, quant à lui, profite des dons du gamin pour parier sur des paris hippiques, dans un début de volume qui laisse un peu dubitatif, tant on peut avoir du mal à y discerner où Hideki Arai veut en venir. Mise en avant d'incroyables dons chez l'enfant ? Satire de l'argent facile ?
Dans la suite du volume, c'est la deuxième hypothèse qui tend à se confirmer, via une trahison pour l'argent, qui amènera un nouveau drame sous les yeux du petit Ki-itchi. Avant d'en arriver là, le petit garçon, tandis qu'il semble pouvoir retoucher un peu le bonheur auquel aspire tout enfant, fait de nouvelles rencontres qui vont changer sa vie, à commencer par celle de l'énigmatique et malsain Maeda, qui l'éveillera au véritable sens du mot "mort". Le bonheur de l'enfant finit par être à nouveau terni, une nouvelle fusillade qui a lieu sous ses yeux lui rappelle avec émotion le drame de la mort de ses parents, et le voici obligé de regarder la vérité en face.
Face aux cruautés de la vie, à la folie et à la violence du monde qui l'entoure, Ki-itchi est obligé de s'éveiller. Pour lui, l'heure n'est bientôt plus à la crédulité enfantine qu'il montre pourtant encore à plusieurs reprises dans ce tome, en gobant les paroles des grands sur ses parents qui viendront un jour le chercher. Au sens propre comme au figuré, Ki-itchi ouvre les yeux. A quatre ans, il est déjà quasiment un adulte.
Continuant avec plus ou moins de réussite, selon qu'on parvienne ou non à la suivre, sa critique acerbe du monde, Hideki Arai dresse surtout en Ki-itchi une évolution aussi rude que touchante, le gamin étant peu à peu obligé d'abandonner ses illusions face à la folie ambiante. Ce petit héros touche définitivement, de par son parler enfantin, de par les malheurs qui lui tombent dessus les uns après les autres, mais aussi de par un caractère toujours aussi prononcé, les instants d'effroi succédant aux piques de colère ou aux moments de faiblesse.