Kare first love Vol.1 : Critiques

Pour qui veut un shojo bien dans les normes, réglé comme une horloge et présentant toute l’histoire d’un premier amour, comme le titre le dit si bien, alors qu’il se jette sur Kare first love. Ce premier tome nous fait déjà sentir la suite du récit, et l’on referme le manga avec une petite appréhension. L’histoire est très simple : Karin est une lycéenne mal dans sa peau, timide, à lunettes et coiffure ringarde. Étudiant dans une école pour filles, elle fuit les garçons comme la peste et ne sait pas s’y prendre avec eux, alors que sa soit disant amie Yuka fait tout pour en rencontrer. Non contente de l’utiliser pour ses devoirs, Yuka invite Karin à un speed dating afin qu’elle la mette en valeur par son aspect ringard et totalement dépassé. Ce qu’elle ne sait pas, c’est que Kiriya, un garçon que Karin a déjà rencontré dans le bus, va venir au secours de la jeune fille qui n’exprime jamais ses sentiments. Mais au final, Kiriya n’est pas qu’un pervers dans le train ou un gentil garçon qui lui offre des vêtements. Karin va se mettre à le croiser partout, l’obligeant à se rapprocher de ce garçon qui lui donne même l’envie d’être belle … Les sentiments, l’attirance s’installent alors pendant que Karin change peu à peu. Mais c’est sans compter Yuka qui est fortement intéressée par Kiriya et qui est prête à tout pour se l’approprier ! 

En quelques pages, on sait à quoi s’attendre. L’héroïne empotée et au look banal va se transformer par amour, comme si Kiriya ne pouvait pas l’aimer pour ce qu’elle est, avec ses lunettes et ses habitudes un peu démodées en matière de coiffure. Et puis mettre des lentilles ne va pas la faire devenir aussi belle que l’auteur semble le penser. Comme si de simples verres pouvaient cacher si efficacement une beauté naturelle … Mais cela n’est pas le plus agaçant, non. Karin se montre insipide, dénuée de tout intérêt. Il y a une différence entre la timidité maîtrisée et la platitude totale. La jeune femme ne sait pas penser par elle-même, ne peut pas réagir avec autre chose qu’une impulsivité naïve, n’a aucune réflexion sérieuse et tangible sur sa vie. De plus, elle se laisse prendre au jeu de Yuka alors que celle-ci est trop stéréotypée pour être bien méchante. Mais Karin se laisse faire, se laisse vivre, comme lorsqu’elle est en présence de Kiriya. Parlons-en, de ce dernier. Le beau gosse par excellence qui va évidemment s’intéresser à la fille insignifiante, maladroite et grossière jusqu’à vouloir sortir avec elle. Ces personnages aussi clichés, ces réactions évidentes et un déroulement de ce premier tome qui n’a rien d’original et rappelle tant d’autres shojos … autant de critères qui font pencher la balance du mauvais côté pour Kare first love. Le seul détail prometteur serait éventuellement la photographie, qui aurait intérêt à être exploitée … A voir. 

Que reste-t-il des indénombrables shojos aux scénarios redondants si ce n’est l’esthétisme de leur graphisme, même si lui aussi a tendance à se répéter ? Kare first love ne fait pas exception, même si dans ce premier tome les visages sont un peu trop rondouillards, les yeux trop écarquillés, certaines proportions approximatives et les expressions bien trop exagérées, dans les essais de scène comiques comme dans les moments d’émotion. Reste que le tout est agréable, soyeux et sympathique à regarder. En matière d’adaptation on aura vu mieux du côté du lettrage parfois bancal, et de grands carrés blancs pour présenter quelques mots … Embêtant, flagrant et surtout très moche ! En quelques mots, ceux et celles qui cherchent un peu d’originalité, une histoire d’amour pétillante qui sort de l’ordinaire n’ont qu’une chose à faire : fuir. Les autres pourront apprécier des dessins élégants, une romance lycéenne qui comment tout en mièvrerie et le retour des grands classiques en matière d’invariants du shojo. Bref, rien d’exceptionnel dans ce premier tome de Kare first love qui se perd dans la masse, se distinguant uniquement par une héroïne particulièrement cruche et énervante … Seul point véritablement marqué de tout le scénario !