Karakuri Circus - Edition Perfect Vol.13 : Critiques

L'intense bataille finale entre les deux camps se haïssant depuis 200 ans est entrée dans sa dernière ligne droite, suite au sacrifice de la plus ancienne shirogane. Lucile s'est éteinte pour toujours, avec apaisement puisqu'elle a atteint son plus grand but: se venger de Dottore, l'un des quatre pionniers, qu'elle a emportée avec elle. Et comme si ça ne suffisait pas, elle a laissé un joli cadeaux aux shiroganes restants via sa marionnette ressemblant comme deux gouttes d'eau à Francine et maintenant alors tous les automates au sol, hormis les plus faiblards qui ont réussi à s'extirper de son emprise. Seulement, pour combien de temps encore la horde ennemie sera-t-elle immobilisée ? Arlecchino, Pantalone et Colombine, les trois pionniers restants, font effectivement tout leur possible pour essayer de se relever, et leur libération n'est qu'une question de temps. Dans l'immédiat, nos héros doivent donc se presser d'atteindre leur premier objectif: sauver la vie de Narumi, qui a perdu bien trop d'aqua vitae en protégeant tout le monde. Pendant que Mingxia, Fatima et le shirogane médecin Tor s'activent à l'intérieur de l'egg pour opérer notre héros, les autres shiroganes restants font tout leur possible pour éloigner les pantins du centre de soins, en attendant de pouvoir atteindre celle qu'ils traquent depuis si longtemps: Francine.

Avec ce 13e joli pavé de l'édition Perfect de Karakuri Circus, l'heure est venue pour le long et très dense acte final de la partie Karakuri de s'achever. Et si Kazuhiro Fujita avait déjà mis très haut le niveau en termes d'enjeux et d'intensité dramatique (ne serait-ce qu'avec la disparition de l'emblématique Lucile que nous accompagnions depuis tant de volumes), ce n'est rien à côté de cette dernière ligne droite encore plus rythmée dans ses nombreux rebondissements et ses inévitable et pleins de sens sacrifices. La maestria de l'auteur provient avant tout du rôle qu'il parvient à offrir à chacun des visages restants dans le camp des shiroganes: de Dahl à Tor en passant par Timbavati, en passant surtout par les cas touchants de Fatima et de Rockenfield, l'auteur offre à chacun d'eux des moments forts qui, chacun, cristallise à merveille une chose que l'on ressentait déjà précédemment: loin de n'être que des pantins manipulés par l'aqua vitae et par les souvenirs de Bai Yin, ils sont vu ressurgir en eux des sentiments, des émotions proprement humaines grâce à Narumi, si bien que c'est désormais de leur plein gré que tous se battent pour le sauver et lui permettre d'atteindre Francine. A côté de ça, on restera également attentif au rôle de Mingxia bien sûr, ainsi que du shirogane-o George et d'un Ashihana qui évolue assez efficacement au fil des pages. Et tandis que les automates, en particulier les trois derniers pionniers bien sûr, campent tous très bien leur rôle d'ennemis chacun leur tour pour assurer en permanence le parfum de danger, on se régale de retrouver un Narumi qui, alors qu'il apparaît de moins en moins humain sur un plan purement physique, montre pourtant toujours plus toutes cette humanité et cette fidélité à lui-même qui le caractérisent.

Alors, quelle sera l'issue exacte de cette vaste bataille ? On vous laisse découvrir ça, évidemment. mais on peut tout de même signaler l'incroyable tension tragique qui transpire des derniers chapitres, entre l'inévitable compte à rebours jusqu'à minuit qui scellera peut-être le destin de tout le monde, les ultimes sacrifices déchirants, et surtout la part cruelle de la vérité qu'apprend Narumi auprès de Francine, vérité rendant encore plus absurde cette vaste guerre ayant emporté tant de vies, mais préparant également très bien le terrain pour une suite qui intrigue déjà beaucoup.

Nous y voila donc: à l'issue de ce tome, on rattrape enfin la première édition française de Delcourt là où elle avait été avortée. Et tout comme dans nos souvenirs de cette première édition, la dernière ligne droite de l'arc Karakuri reste exceptionnelle, à la fois dans son rythme trépidant, dans son intensité émotionnelle et dans ses nombreux élans dramatiques. On reste convaincus que l'on vient d'assister là à l'une des plus impressionnantes batailles de shônen d'aventure. Et à l'heure où l'on s'apprête à enfin découvrir la suite jusque-là inédite en France, on ne peut qu'espérer que Fujita saura rebondir pour conserver un niveau aussi élevé. Au vu de ses antécédents sur ses autres mangas, il a toute notre confiance pour ça.