Kanon au bout du monde Vol.5 - Actualité manga

Kanon au bout du monde Vol.5 : Critiques

Ageku no Hate no Kanon

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 28 Août 2020

Malgré ses changements de personnalité, ses erreurs d'adultère et la vision négative que les gens ont désormais de lui, Sôsuke continue de se battre contre les Gelées échappées du SLC, jusqu'à abattre la dernière. Quelque part en campagne, son épouse Hatsuho, brillante scientifique déchue, a fui l'horreur dont elle est à l'origine pour se ressourcer incognito auprès d'une famille accueillante, mais une nouvelle situation concernant son dernier "cobaye" Mimi risque fort de la pousse à faire face à ses actes. Quant à Kanon, elle a pris conscience que l'homme qu'elle a toujours aimé n'est absolument plus le même, et qu'il va sûrement lui falloir de nombreux efforts pour tirer un trait sur lui, après 8 années d'un amour exclusif, obsessionnel et fantasmé. Que ce soit dans le quartier de Nagatacho ou dans le coeur de nos héros, le chaos est omniprésent. Jusqu'où emmènera-t-il notre héroïne ? La réponse risque bien de donner tout son sens au titre de la série.

Voici donc l'ultime volume de Kanon au bout du monde, et on peut dire que cet épais volume de près de 240 pages commence fort et avec une certaine brutalité, via la fin rapide de la lutte de Sôsuke contre les Gelées intra-muros, puis un premier focus sur Hatsuho qui, depuis la province où elle a fui, va pourtant devoir faire face à ce qu'elle a commis, mais aussi à son "arrogance" scientifique. Que ce soit à travers son observation de ce qui se passe à Nagatacho ou via une scène d'une grande violence concernant Mimi, on assiste à un très bon travail d'introspection de la jeune femme, qui ne peut plus reculer ni ignorer les choses, prend bien conscience de ses errances et, surtout, est bien décidée à prendre ses responsabilités. Hatsuho avance, on le sent encore plus dès son retour à Nagatacho et ses retrouvailles mouvementées avec son époux. Des retrouvailles fortes et pleines de sens, quand bien même Sôsuke conserve une forte part d'ambiguïté en ne pouvant plus forcément trop mettre son goût de l'adultère sur le dos de ses changements de personnalité. Et devant un poste de télévision, il y en a forcément une autre qui, plus que jamais, est contrainte de se questionner sur elle-même et de se remettre en question en observant ces deux-là...

"Aussi bien dans les moments de joie que dans les épreuves, ces deux-là ont fait preuve de solidarité, de compréhension mutuelle, de respect, d'amour... et c'est ce qui les rend si beau... Moi, j'ai échoué en tout."

Tout en jouant très bien sur la part SF de son récit via les manigances peu glorieuses du SLC, Kyô Yoneshiro brille alors ensuite dans son abord de Kanon, héroïne restant particulièrement passionnante à suivre jusqu'au bout, de par les "défauts" qu'elle a montrés au fil de la série et ses prises de conscience douloureuses. La jeune femme fait enfin pleinement face à elle-même, à ce qu'elle est dans son amour dévastateur... mais peut-elle encore appeler ça de l'amour ? Quoi qu'il en soit, il lui faudra prendre des décisions assez radicale pour parvenir à changer et à avancer,quand bien même ces décisions sont forcément difficile voire douloureuses. Mais au bout du chemin, peut-être est-ce bien un tout autre bonheur qui l'attend, un bonheur plus simple au fil duquel elle pourrait se reconstruire. On a vraiment le sentiment ici que Kanon, même si elle a fait beaucoup de tort et de mal à son entourage à cause de son égoïsme (finalement assez humain), a appris des choses de ses erreurs et a fait le point sur elle-même et sur sa vie de ces dernières années, très belle preuve que les gens peuvent changer. Et à ce titre, il y a certaines trouvailles visuelle sou narratives qui font bien leur effet, on pense notamment à la représentation visuelle des souvenirs qui s'effacent en page 62, ou à la lettre distillée habilement au fil de l'avant-dernier chapitre.

"J'avais fantasmé ce bonheur-là en pensant que c'était ça, l'amour."

Au bout de toute ceci, il sera tout de même possible de rester un peu sur sa faim concernant 2-3 choses, par exemple sur le rôle finalement moindre de Masafumi. Et certain(e)s lectrices et lecteurs pourraient ne pas apprécier pleinement la toute fin assez ouvert et libre d'interprétation, quand bien même celle-ci est bien trouvée. Mais il reste que la mangaka a su mener à bien son sujet en portant nombre de réflexions (sur l'impermanence humaine, entre autres), et que pour la première série longue de sa carrière elle a su nous remuer et nous impressionner.
   

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction