Kamisama Opération Divine Vol.1 - Actualité manga
Kamisama Opération Divine Vol.1 - Manga

Kamisama Opération Divine Vol.1 : Critiques

Kaminaki Sekai no Kamisama Katsudou

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 27 Septembre 2023

Dans la foulée de la diffusion de son adaptation animée sur la plateforme Crunchyroll au printemps dernier, le manga Kamisama - Opération Divine a fait son arrivée en France en version papier en juin dernier, donc au meilleur timing possible, grâce aux éditions Shiba dont le catalogue continue doucement mais sûrement de se développer. Déjà disponible en France en numérique sur la plateforme Piccoma auparavant, cette oeuvre voit Hangetsubansonshô (dont c'est la première série) mettre en images une histoire originale signée Aoi Akashiro. De son nom original Kaminaki Sekai no Kamisama Katsudou, l'oeuvre est en cours au Japon depuis 2019 dans le magazine Heros de Comiplex/Shogakukan Creative, et elle compte 7 tomes à l'heure où ces lignes sont écrites.

Cette histoire nous plonge auprès de Yukito, un adolescent qui n'a clairement pas chance au vu de sa situation familiale: depuis toujours son père est le fondateur et le gourou d'une secte consacrée à une divinité nommée Mitama, et cela lui vaut bien des problèmes. Au lycée, tout le monde l'évite et se moque de lui. Et au sein de la secte, son cher papounet a décidé d'en faire son digne successeur, le deuxième gourou,au point de lui faire passer toutes sortes d'épreuves et de rites. C'est précisément lors d'un de ces rites sacrificiels improbables que le jeune garçon est amené à perdre la vie,en n'ayant que de la rancoeur envers cette vie désastreuse, et en émettant alors un seul souhait: renaître dans un monde sans religion ni dieux, afin de pouvoir y passer une vie normale et enfin se faire des amis... Et ce souhait, il ne s'attendait sans doute pas à le voir se réaliser !

En effet, voici notre héros désormais plongé dans un autre monde qui semble assez éloigné du sien avec son absence de technologies, ses petits villages, son Empire, son bestiaire... et, surtout, son absence totale de religion et de dieux ! Recueilli au sein d'un petit bourg par Cyrielle et Arlalle, deux soeurs gérant un restaurant et dont la deuxième est clairement déjà amoureuse de lui, le jeune garçon goûte enfin au bonheur: il se fait des amis à la fois bienveillants et altruistes, on l'accepte facilement, tout le monde pense qu'il est juste un étranger venu d'un pays lointain... et la seule chose qu'il a pu emmener avec lui dans cet autre monde est son pendentif, sorte d'amulette le reliant soi-disant à Mitama. Bref, environ un mois après son arrivée,tout va bien... mais cela va-t-il durer ? Pas si sûr...

Voici effectivement qu'un beau jour, les habitants du petit village sont emmenés pour être mis à mort,sans autre forme de procès: dans un monde où étrangement tout le monde semble accepter la mort sans la moindre crainte,eux ressentent la peur et sont alors vus comme des déviants, des anomalies que tout le monde conspue (en passant, on fera facilement le lien entre absence de religion et absence de peur face à la mort, puisque les religions sont généralement un moyen d'accepter plus facilement l'idée de mourir, via la possibilité d'une autre vie après la mort). Arlalle, Cyrielle et les autres sont donc des cibles de choix quand arrive l'étrange système de "l'échéance"imposé par l'Empire et revenant à exécuter régulièrement des gens. Ne pouvant accepter cette injuste situation, Yukito se raccroche alors à tout ce qui lui reste: son pendentif, qu'il prie du plus profond de son coeur... et dont il voit surgir, sous les traits d'une petite fille, la fameuse Mitama, qui règle rapidement le problème avec ses incommensurables pouvoirs. Cependant, cet acte signifie aussi se rebeller contre l'Empire,et donc devoir se préparer à l'affronter. Alors pour sauver le village, Yukito ne voit qu'une solution: permettre à Mitama de récupérer ses immenses pouvoirs, qui dépendent des gens la priant. Et pour ça, il va donc falloir tout faire pour que la petite divinité voie monter son nombre de fidèles, qui s'élève au nombre faramineux de zéro au départ !

Si l'on excepte un genre d'incohérence au départ (Mitama n'a soi-disant plus aucun pouvoir, alors qu'elle les a utilisés juste avant pour sauver Arlalle et les autres de la mort), vous aurez déjà compris que, surtout pour une oeuvre s'inscrivant dans la mouvance isekai, Kamisama possède assurément sa part d'originalité, avec un personnage principal qui va devoir créer précisément ce qu'il fuyait dans sa vie antérieure, à savoir une religion, dans un monde qui ne sait absolument pas ce que c'est. Et bien que le risque, sur la longueur, soit d'avoir une possible redondance dans le schéma pour engranger les fidèles, dans l'immédiat ce premier tome fait plutôt bien son office, non seulement parce que l'Empire ne tarde pas du tout à faire peser sa menace dans une fin de tome assez intense, mais aussi parce que, dans son insolite quête pour redonner ses pouvoirs à Mitama, Yukito peut déjà compter sur une petite galerie d'amis et alliés assez hauts en couleurs et apportant une bonne dose d'humour. Bien sûr, il y a en premier lieu Mitama elle-même, qui n'a pas franchement l'allure d'une déesse avec son physique d'enfant et certains comportements allant avec, et qui malgré tout sa bonne volonté et son affection pour Yukito ne sert à rien sans ses pouvoirs. Mais on pense aussi à Arlalle qui se fait déjà de gros quiproquos sentimentaux, à Cyrielle qui ne manque pas de taquiner sa soeurette, à un Roy complètement détraqué dans sa lubie pour Mitama, ou encore à Bertrand et à ses petits soucis de genre/sexe. Une part du lectorat pourra éventuellement tiquer sur le côté "loli" de Mitama, mais heureusement on évite du fan-service trop inquiétant sur ce plan-là, et dans le cadre d'un humour joyeusement débile et un peu déviant (coucou Roy) ça fonctionne plutôt bien. Enfin, il faut avouer que le dessinateur rend une copie visuelle tout à fait plaisante: les designs humains sont expressifs (ce qui sert bien l'humour) et bien différents les uns des autres, ceux des quelques créatures se veulent assez denses, les décors sont présents et assez travaillés quand il le faut, le découpage dégage une certaine énergie... C'est graphiquement assez emballant, en somme !

A l'arrivée, ce premier tome a tout de la possible bonne surprise qui va devoir confirmer dans le volume 2 après une mise en place suffisamment efficace. Et ça tombe bien puisque les éditions Shiba ont eu la bonne idée de publier simultanément les deux premiers opus ! Quant à l'édition française, si l'on excepte quelques moirages sur certaines pages ainsi que quelques légères errances dans les textes (des coquilles d'inattention, et une phrase qui ne sonne pas français même si on en comprend parfaitement le sens), elle est vraiment agréable: la jaquette reste proche de l'originale nippone tout en bénéficiant d'un logo-titre soigné, la première page en couleurs sur papier glacé est un petit plus sympathique, l'impression est globalement excellente (hormis les quelques moirages, donc), le papier est à la fois souple, assez opaque, bien blanc et très agréable au toucher, le lettrage du Studio Charon est assez convaincant, et la traduction de Lisa Digeon est assez naturelle et animée.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.25 20
Note de la rédaction