Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 09 Juin 2022
Après son combat où il a été contraint de révéler sa vraie nature afin de protéger les autres et de venir à bout de l'ennemi, Kafka a forcément été démasqué par les Forces de Défense. Capturé par celles-ci, il était censé attendre son exécution par le directeur lui-même, Isao Shinomiya. Mais face aux supplications de sa fille Kikoru, à ses observations sur le Kaiju N°8 et au combat qu'il a mené, Isao semble vouloir tester notre héros à travers un duel. C'est ainsi que Kafka va devoir tâcher de garder le contrôle de son pouvoir face au directeur, qui a avec lui la puissance du Kaiju n°2...
Le tome 4 a assurément marqué une avancée importante avec la découverte de l'identité du kaiju n°8 par les forces de défense, et le début de ce 5e opus est alors, fort logiquement, une étape où Kafka a beaucoup de chose à prouver: non seulement qu'il n'est pas un ennemi, mais en plus qu'il est capable de maîtriser pleinement la force kaiju qui est en lui. Alors, sera-t-il exécuté comme prévu initialement ? Ou parviendra-t-il à convaincra Isao qu'il peut avoir son utilité parmi les forces de défense ? Même si les réponses à ces différentes interrogations ne peuvent pas offrir de grand suspense (sinon, il n'y aurait juste plus de série), Naoya Matsumoto a toujours ce don pour entretenir un divertissement mené tambour battant, que ce soit grâce à ses dessins et à sa mise en scène souvent pleins d'impact, ou à travers un certains sens du rythme dominé par quelques rebondissements et moments de tension efficaces. Ici, cela passe surtout par la difficulté qu'a Kafka à garder le contrôle de son corps face aux pouvoirs du kaiju n°2, si bien que le directeur se retrouve largement mis à mal et que plus d'un personnage craint pour sa survie,à commencer par sa fille Kikoru. Mais on retiendra aussi le soin que l'auteur continue d'accorder à ses personnages, à leurs valeurs, à leurs rêves et objectifs, entre un Kafka qui refuse encore et toujours de ne pas honorer sa promesse à Mina et qui ne veut pas rendre triste Kikoru, et une Kikoru qui, de son côté, se montre toujours aussi forte en caractère et veut devenir encore plus forte à l'issue de ce duel pour une raison que l'on va éviter de spoiler. Enfin, toute cette phase permet également d'apporter quelques détails supplémentaires, notamment sur le drame vécu par Mina enfant (et expliquant en partie pourquoi Kafka tient tant à sa promesse), ou encore sur le cataclysme tragique provoqué par le kaiju n°6 dix ans auparavant.
Cependant, côté enrichissements, le plus gros est sans doute à chercher dans la suite du volume, qui nous immisce dans un nouveau cadre, à la découverte de la 1e unité des forces de défense, considérée comme l'unité la plus puissante du Japon, et menée par le commandant Gen Narumi, un jeune homme qui n'est autre que le combattant le plus fort des forces anti-kaiju... ce qui ne l'empêche pas d'avoir une personnalité assez particulière. Car même si, d'un côté, il peut apparaître comme un geek flemmard, inquiet de sa e-réputation, sûr de lui et se fichant un peu de tout (y compris des réunions), sa vraie puissance sur le terrain semble bien justifier le traitement de faveur qu'on lui offre (on lui pardonne ses frasques). Seulement, son côté un peu solo et sa manière de ne jurer que par la performance seront-ils pleinement compatibles avec les nouveaux venus dans son unité ?
Bien évidemment, le mangaka emballe cette phase d'installation dans de l'action qui revient vite au galop et qui reste efficace, plus encore au vu de la menace qui pèse encore sur Kafka et des dernières pages nous montrant une Kikoru toujours aussi badass. Et à l'arrivée, ce volume accomplit donc efficacement son rôle: de nouvelles choses s'y installent, sans que le rythme et l'action n'en pâtissent.