Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 21 Décembre 2021

Alors que Jormungand a connu un rythme de parution régulier chez Meian pour ses dix premiers volumes, il aura étonnamment fallu attendre plus longtemps pour découvrir le 11e et dernier tome, puisque celui-ci est sorti à la toute fin du mois de novembre, donc 8 mois après le 10e opus. On replonge toutefois très facilement dans l'intrigue puisque la toute fin du précédent volume nous laissait sur une scène forte: en apprenant enfin le but exact de Koko et les sacrifices qu'il implique, Jonah n'a pu s'empêcher de se "rebeller" contre celle qui l'a recueilli, pointant alors son arme sur elle ! Va-t-il l'abattre ? Koko parviendra-t-elle à le raisonner ? Qu'adviendra-t-il de son grand projet ?

Ce dernier tome est, alors, grandement marqué par les ultimes aléas de la relation entre les deux personnages centraux de la série, à savoir notre chère marchande d'armes charismatique mais dont les desseins sont longtemps restés flous, et le jeune enfant soldat dont l'arrivée à ses côtés avait marqué le début de l'oeuvre. Il va donc de soi que dans, cette dernière ligne droite, Keitarô Takahashi va en quelque sorte cristalliser toute l'aventure vécue par Jonah aux côtés de Koko et de sa bande, en nous laissant le soin de découvrir si, malgré ses doutes, il suivra la jeune femme jusqu'au bout ou s'il la trahira. Ainsi, la relation entre les deux personnages principaux trouvera une issue suffisamment aboutie.

Mais quelque part, on peut dire que cette relation Jonah/Koko n'est, en quelque sorte, qu'un fil conducteur permettant à l'auteur d'offrir un enjeu supplémentaire dans son récit, récit lui servant surtout à questionner une chose: la place omniprésente des armes dans notre monde, alors même qu'elles ne font que semer le chaos. Dès le début du tome, face à un Jonah hésitant, le but de Koko se dévoile enfin totalement jusque dans ses aspects les plus ambivalents, puisque son désir de bâtir un "nouveau monde" en paix doit passer par le sacrifice de centaines de milliers d'innocents, et que c'est bien ça qui gêne le plus l'ancien enfant-soldat. Le discours de la marchande d'armes se tient bien tout en déstabilisant volontiers, et la finalité de son projet Jormungand s'en trouve renforcée, d'autant plus que la jeune femme a si bien préparé les choses que quasiment plus rien ne peut l'arrêter, et que dans ce dernier tome elle se chargera habilement d'asseoir ses "pleins pouvoirs" sur le monde en exploitant ce qu'elle a mis en place pour se jouer de la NSA, de la CIA et consorts.

Alors, à l'arrivée, quel avenir pour le grand projet Jormungand ? La réponse se dévoilera dans les toutes dernières pages, en gardant intelligemment une part ouverte puisque les conséquences ne sont pas détaillées (ce qui est très bien dans le cas présent), et tout en soulignant l'importance de Jonah pour Koko puisque le projet ne se concrétisera pas sans que l'enfant-soldat ait fait son choix vis-à-vis d'elle. Et cette petite attente (prenant la forme d'une ellipse dans le récit) permettra même à Takahashi, certes rapidement mais plutôt efficacement, d'esquisser une sorte de présent alternatif ayant vu le monde évoluer toujours de mal en pis sous l'influence des armes.

Au bout du compte, la dernière ligne droite de Jormungand se tient franchement bien dans l'ensemble, le mangaka affirmant également dans son mot d'auteur qu'il a pu aller ici au bout de son idée de départ.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.5 20
Note de la rédaction