Jabberwocky Vol.1 - Actualité manga

Jabberwocky Vol.1 : Critiques

Jabberwocky

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 15 Juin 2017

Critique 3

Lorsque Jabberwocky est arrivé chez nous en France, son auteur était encore peu connu et on ignorait tout de son talent...entre temps, maintenant que la série est terminée en sept tomes, Masato Hisa a récidivé avec Area 51, un titre en tous points remarquable nous plongeant dans les mythes et légendes du monde entier... Maintenant son style est abouti, mais à l'époque de Jabberwocky, il se cherchait encore un peu, pourtant on peut déjà noter des éléments qu'on retrouvera par la suite... 
Avec cette critique, il s'agit là de replonger dans les débuts d'un auteur aux multiples talents qui déjà possédait sa propre patte! 
Les Russes ont demandé l'aide des services secrets anglais pour un assassinat qui pourrait provoquer bien des ennuis! 
Lily Apricot est l'assassin venu de Londres pour la sale besogne! Elle est une tueuse redoutable et efficace, n'hésitant pas à user de ses charmes, nombreux, pour remplir ses contrats! 
Elle doit retrouver un certain Dorokhov, un espion russe qui aurait subtilisé un œuf d'une grande valeur. Très rapidement, Lily va se retrouver entre les mains de l'organisation "Château d'If" voulant également retrouver l’œuf! Elle va alors avoir l'incroyable surprise de découvrir que son interlocuteur, Sabata Van Cleef est un dinosaure! En effet ces derniers, bien loin d'avoir disparu, survivent à travers le monde, se cachant dans les rues sombres des grandes villes. Mais leur statut en Russie est quelque peu spécifique puisqu'ils constituent la "seconde armée", une armée entièrement dédiée à la protection de la mère patrie, recevant leurs ordres de celui qui détient le fameux œuf! 
Sabata est un oviraptor, une race persécutée par ses congénères, du fait d'une mauvaise réputation de mangeurs d’œufs... Étonnamment le binôme Lily / Sabata va faire des étincelles et ce sera le début d'une nouvelle vie pour Lily qui va renoncer aux services secrets de Sa Majesté pour rejoindre l'organisation Château d'If... 
Ce qui frappe immédiatement lorsqu'on ouvre ce premier tome c'est le trait de l'auteur, alternant les jeux d'ombres et de lumières, les clairs - obscures dans un style très léché où les arrières plans font parties intégrantes du dynamisme du style de l'auteur. On a par exemple régulièrement des personnages en blanc sur fond noir...ce style peu commun renvoie davantage aux comics qu'aux mangas dits classiques, et on pense notamment à un auteur comme Franck Miller.  
Mais si le style graphique a son importance, cela ne suffit pas pour raconter une bonne histoire, pour cela le premier élément ce sont les personnages! 
Et à ce niveau on a binôme peu banal avec une femme forte au lourd passé flanqué d'un dinosaure maniant les armes à feu comme personne ayant lui aussi un passif assez complexe! 
Lily est donc un personnage fort portant sur ses épaules de profondes blessures qui viennent la hanter régulièrement...et cela l'auteur va le conserver pour son titre suivant, avec un autre personnage féminin, mais construit sur le même modèle. Il faut dire qu'il s'en sort très bien et qu'avoir ainsi un personnage féminin aussi fort dans tous les sens du terme est un vrai plaisir! 
Ensuite le personnage de Sabata est lui aussi fort intéressant! Tirant son nom d'une référence aux westerns spaghettis, il possède tous les attributs d'un cowboy solitaire à ceci près qu'il s'agit d'un dinosaure! 
Et on touche là du doigt le concept génial de l'auteur voulant que les dinosaures soient non seulement encore présents, mais surtout aient évolué pour se rapprocher des hommes, bipèdes portant des vêtements et usant d'attributs et d'outils comme n'importe quel humain, à ceci près qu'ils vivent cachés! 
Rien que cela nous promet une belle aventure pleine de surprises, mais l'auteur n'en reste pas là et va développer son univers en le dotant de très nombreuses références venant de la littérature du monde entier! Il suffit de se référer au titre "Jabberwocky", référence directe à Lewis Caroll et à son poème faisant suite aux aventures de Alice aux pays des merveilles! 
Ensuite on retrouve le comte de Monte Christo et la référence au Château d'If...voilà pour les plus évidentes, mais on en trouve bien d'autres qui donnent toute sa richesse à cette entrée en matière. 
Et là encore cela n'a rien de surprenant quand avec le recul on regarde le travail effectué par l'auteur sur Area 51 qui lui va s'inspirer du folklore et bestiaire fantastique du monde entier...l'auteur aime mélanger ses influences afin de donner vie à son propre univers qui se veut cohérent et d'une grande richesse! 
Pour ce qui est de la narration elle se veut encore un peu brouillonne, les séquences d'action sont assez confuses et on a du mal à dissocier les personnages des arrières plans, à comprendre les actions... Mais ce style mal maîtrisé au départ va évoluer dès ce premier tome, et on note déjà une différence de la première aventure introduisant les personnages et le concept avec la seconde déjà plus claire et bien plus lisible! 
Et cette marge de progression ne va faire que croître puisqu'il suffit de regarder à ce jour le résultat exceptionnel sur Area 51 pour s'en convaincre! 
Pour le moment les éléments fournis par l'auteur sont largement suffisants pour attiser notre curiosité, on devine le potentiel de ce titre nous réservant plein de surprises. Ce premier tome n'est ici qu'un volume introductif, mais la conclusion ouvre sur quelque chose d'assez ambitieux nous promettant de grandes choses! 
Ceux qui ont découvert ce premier tome à l'époque de sa sortie avaient entre les mains les débuts d'un auteur de grand talent , et cela se ressent!
Critique 2
Fin du dix-neuvième siècle, Empire Russe, la pin-up Miss Lily Apricot, tueuse pour le moins atypique au service de la couronne d’Angleterre, foule le sol enneigé de la ville de Saint-Pétersbourg : le Tsar, souverain de Russie, vient d’être assassiné et un œuf étrange lui a été subtilisé. Lily recherche l’objet en question et ledit coupable : un certain Dorokhov. La situation s’envenime, elle est encerclée… un type plutôt singulier lui vient en aide, et c’est peu dire : un j’ai nommé « Sabata Van Cleef », membre d’une organisation secrète se faisant appeler « Le Château d’If » ; jusque là pas de soucis ; seulement voilà, cet homme, amateur de cigares, amusé de répliques et gardant bien au chaud ses trois révolvers d’époque à barillet, en fait, c’est… un dinosaure à la forme humanoïde, un oviraptor : un des derniers de son espèce. Et, d’ailleurs, ces dinosaures, on apprend que, en réalité, ils n’ont pas tous disparu de la surface de la Terre ; quelques-uns d’entre eux ont survécu, évolués vers une forme se rapprochant de la nôtre et vivent un peu partout à travers le monde : sous les villes et parfois dans des endroits non cartographiés.

Nous avons là le tout premier tome de la première série – exception faite du spin-off « Jabberwocky 1914 » – d’un auteur auquel il conviendra de prêter la plus grande attention : ici, personnages singuliers et univers original relevé par une forme et un dessin assez unique en leur genre nous surprennent.

Le lecteur suivra les pérégrinations de personnages relativement hauts en couleur. La fameuse Lily Apricot, si elle est pleine de panache, ne se balade jamais sans quelques bouteilles de vin rouge sur le corps : c’est qu’elle boit beaucoup mine de rien : ivrogne jusque dans ses missions. Et puis, quand même, faut bien le dire, elle fou un sacré bordel quand elle passe à l’action. Et son nouveau copain là, le dinosaure-humanoïde, Sabata Van Cleef, si, par le passé, il a plutôt ramassé, sous le joug de la torture, à raison d’une sombre conjoncture, pour le moment, lorsqu’il vient à croiser les foules, c’est les autres qui ramassent ; pas commode le bougre ; mais bon, il a grand cœur quand même. D’assez nombreux autres personnages marquants seront introduits dans ce premier volet : souvent, il sera fait référence, à cette occasion, à des personnages ayant tantôt existé soit relevant du mythe ou autre ; ainsi l’on rencontrera, notamment, un certain Comte de Monte-Cristo et il sera évoqué un scientifique du nom de Nikola Tesla, le réputé du nom. Ces diverses colorations feront écho aux amateurs quant à une certaine inspiration de cet auteur, contrairement à nombre de ses confrères, et cela se ressentira également dans la pâte du récit.

En sus de ces protagonistes plutôt léchés, l’univers n’est évidemment pas en reste. Si les deux premiers tiers de l’ouvrage plantent le décor et les principaux protagonistes dans les contrées glacées de l’Empire Russe sur quête d’un artefact séculaire aux conséquences géopolitiques entre le monde des humains et celui des dinosaures-humanoïdes, et bien, le dernier tiers, tout aussi intelligemment, nous emmène en Italie, ou plus précisément dans son ancienne capitale historique : Florence. Toujours dans le cadre d’une intrigue pour le moins particulière : un des membres de l’organisation du « Château d’If » vient de décéder en pleine rue par combustion spontanée, alors qu’il ne faisait que poser l’œil sur le cadran de son monocle. Apparemment, le malheureux avait rendez-vous avec un « informateur ». La pin-up et son ami plein d’écailles se mettent à la poursuite de l’intéressé : le mystérieux personnage le confessera, il n’aurait jamais dû faire certaines recherches scientifiques : à cause de lui, il va y avoir beaucoup de morts. Bref, à ce stade, un scénario qui, sous l’angle du voyage, se veut à la fois classique dans son approche et original dans ses thèmes, référencé et maîtrisé.

Ensuite, la personnalité et la pâte de l’auteur, en ce qui concerne, d’une part, la modélisation des personnages et, d’autre part, la conceptualisation du récit, sont tout autant retranscrites sur la forme. Premièrement, à travers un dessin reconnaissable entre milles : Masato Hisa bascule constamment entre fond noir trait blanc et, à l’inverse, fond blanc trait noir, sans évoquer les pleins et les vides qui, eux aussi, subiront oscillations à foison. Et, secondement, la mise en scène et le découpage des planches hautement sophistiqué et, parfois, ponctué de quelques petites merveilles. Souvent la moindre petite case est névralgique dans la narration, une lecture rapide serait inappropriée. Le rendu final des planches est simplement saisissant : les lecteurs qui ont un certain degré d’exigence artistique seront aux anges et pourront se délecter de décortiquer l’enchevêtrement des estampes. Néanmoins, ceux habitués aux œuvres relativement édulcorés qui pullulent çà et là sur le marché, à moins d’en être un peu d’ores et déjà fatigué de cela, il se pourrait que vous soyez fort surpris ; pour les autres, un petit régal manifeste en perspective. Un trait, une mise en scène et un découpage des planches dont il pourra être fait une analyse comparative avec les productions occidentales et, plus précisément, avec le segment comics, voire notamment le style d’un certain Franck Miller, que l’on ne présente plus.

L’édition est de bonne facture. Papier de qualité. La traduction d’Akiko Indei et Pierre Fernande sied bien. Pas de faute d’orthographe : on aura grandement apprécié la correction de Thomas Lameth. Le lettrage est excellent. La jaquette est presque agréable. Pourquoi presque ? Parce que les tranches des tomes ne présentent aucune harmonie : en bibliothèque l’on se retrouve avec des esthétiques hétéroclites dispensables : certes, bien d’autres éditeurs le font, mais cela n’en demeure pas moins d’un goût mitigé. Cependant, la couverture est belle et le design du logo-titre colle allègrement à l’œuvre. Si l’éditeur a été aux petits oignons avec cette production, le rapport qualité-prix ne semblera point cohérent, notamment eu égard au lieu d’impression.

Le premier ouvrage de Jabberwocky attirera, sans trop de difficulté, par le dépaysement  de son univers, sa palette de personnages originaux et sa mise en forme truculente, le regard du lecteur un tant soit peu exigeant à la recherche d’une production atypique afin de quitter le flot ordinaire du marché actuel. D’autant que l’intrigue semble repartir de plus belle en fin de lecture sur un nouvel arc. Pour l’heure : un premier jet introductif assez réussi ; en espérant que l’auteur, après avoir, avec un certain professionnalisme, posé les bases de ce petit monde, en poursuive le développement en profondeur, toujours dans le cadre de cet élan qui lui est si caractéristique : quand bien même tout cela semble reposer sur de la tranche de vie / action-aventure.


Critique 1

Imaginez un monde victorien où les dinosaures n’ont pas disparu. Les dinosaures sont là, parmi nous. Ils vivent cachés. Il faut dire qu’ils ont évolué, ils ont adopté une forme plus humanoïde. Une grande partie d’entre eux vit par exemple en Russie, grâce à un traité signé avec le Tsar. Mais les populations civiles ignorent leur existence. C’est l’étrange découverte que va faire Lily Apricot, une espionne au service de la Reine d’Angleterre, lorsqu’un individu va tenter de voler un œuf rare appartenant au Tsar. Œuf qui dit-on, renferme le prince des dinosaures… Pour l’occasion, elle devra faire équipe avec un dinosaure américain paria.
 
Ces derniers mois, l’auteur Masato Hisa a été mis à l’honneur. Alors que les pays francophones ne le connaissaient pas, deux éditeurs se sont chargés de nous le faire découvrir à travers deux œuvres : Jabberwocky chez Glénat et Area 51 chez Casterman. Effectivement, cet auteur a de quoi être mis en avant de manière particulière compte tenu de son style peu commun.
 
Son style peu commun l’est d’abord par l’originalité de ses pitch. Avec Jabberwocky, il montre des dinosaures vivant secrètement parmi sur Terre. Cela aurait pu être une autre espèce issue de l’héroic fantasy (pourquoi pas des elfes ou des trolls), mais il a choisi les fameux dinosaures qui ont le vent en poupe depuis Jurassic Park. Qu’importe si ce choix est facile, les dinosaures, c’est cool, et les intégrer de cette manière dans ce genre d’histoire est une idée séduisante. Vous imaginez des dinosaures porter des costumes d’époque et fréquenter des aristocrates ? Vous pourrez le voir dans Jabberwocky. À cela, on ajoute tout un contexte géopolitique fictif, et on obtient un début d’univers maîtrisé et déjà passionnant. Dans ce tome un, l’auteur nous fait déjà voyager dans plusieurs pays et évoque l’histoire de ses deux personnages principaux (Lily et Sabata). Il nous décrit pour les deux personnages un héritage tragique, leurs parents et ancêtres étant des assassins. Bien que très différents physiquement, ces personnalités se rejoignent et se comprennent, ce qui ouvre la voie à une belle complicité entre eux, et donc, un beau duo.
 
Son style est aussi intéressant grâce à sa partie graphique, clairement inspirée de l’auteur de comics américain Frank Miller sur sa série Sin City. Le travail sur le clair-obscur est saisissant, puisqu’il renforce à la fois la lumière et l’obscurité des scènes, même si le trait n’est pas forcément encore maîtrisé. Pour autant, il y a quelques trouvailles dans la disposition des éléments des planches, comme certaines bulles en chaîne, ou l’utilisation originale des onomatopées. Malgré tout, quelques passages manquent lisibilité et de qualité. Hisa n’a pas encore atteint la beauté du trait de Miller. Ou alors peut-être cherche-t-il un moyen de distinguer. Mais n’oublions pas que ce manga a débuté en 2006 et l’auteur a pu faire du chemin depuis.
À propos de comics, on peut noter que l’inspiration de l’occident est importante dans Jabberwocky : l’histoire se déroule dans des pays occidentaux, et l’évocation de la pop-culture est aussi orientée Américaine. Le nom de famille de Sabata est « Van Cleef », comme l’acteur Lee Van Cleef, la brute du western de Sergio Leone.
  
En conclusion, ce tome de Jabberwocky est d’abord une promesse stylistique : nous allons trouver dans cette série des éléments visuels que nous ne voyons pas ailleurs. Le scénario est aussi à suivre, puisque le contexte est fort intéressant et potentiellement très fun. Le mot d'auteur nous laisse penser que Hisa est un mangaka haut en couleur, et on a de bonnes raisons d'espérer une histoire bien barrée.
L’édition de Glénat est correcte. Globalement, la copie rendue est bonne, avec une traduction satisfaisante, une jaquette de qualité et un papier de bonne facture (même si un peu transparent). On peut toutefois regretter le format de prix (9,15€), qui est surévalué pour un manga sans page couleur et sans relief sur la jaquette. Un prix de 7,60€ aurait été clairement plus adapté.
 

Critique 3 : L'avis du chroniqueur
Erkael

15 20
Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Raimaru

15 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Alphonse
14 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs