Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 25 Mai 2018
Avec pour seul compagnon le guide-interprète Ito, Isabella Bird poursuit son voyage dans les contrées profondes du Japon de 1878, en ayant en point de mire la ville de Niigata, sa première grande étape. Et si la fin de la périlleuse route d'Aizu est en vue, elle n'est, pour autant, pas au bout de ses peines et de ses surprises ! Car avant d'atteindre Niigata, il lui faudra passer par la cité de Tsugawa réputée pour ses sucreries, puis descendre le fleuve Agano via une embarcation emmenée par un batelier qui va lui apprendre certaines choses.
Ainsi, le périple de l'aventurière reste très plaisant, car les chapitres ne se ressemblent pas et ont tous quelque chose à apporter. La fin du voyage sur la route d'Aizu lui permet de se frotter à quelques éléments auxquels elle ne s'attendait certainement pas, à commencer par la tendance des gens au suicide et certaines croyances qui en résultent, et lui permet également de comprendre un peu plus les conditions de vie désastreuses de cette région dont elle vient de traverser des villages misérables et qui a été touchée par la guerre de Boshin. Le passage à Tsugawa, lui, a quelque chose d'un peu plus léger et nous montrant l'une des "faiblesses" d'Ito: les bonbons ! L'escale dans cette ville est une belle occasion pour nous faire découvrir brièvement quelques sucreries traditionnelles. La descente du fleuve Agano sera une nouvelle étape très périlleuse, qui inculquera quelques leçons de savoir-vivre à Isabella face à un batelier qui semble d'abord un peu trop tactile et poseur au point d'agacer la jeune femme, mais qui révélera toutes ses qualités face à la rudesse des eaux et à certaines méconnaissances de notre héroïne qu'il devra remettre à sa place pour lui éviter le pire. Enfin, l'arrivée à Niigata est marquée par les retrouvailles d'Isabella avec certains compatriotes: l'occasion pour elle de regoûter pour la première fois depuis un moment aux moeurs de son Angleterre, mais aussi de découvrir l'effervescence du marché de la ville, de constater la méfiance des habitants envers les missionnaires chrétiens, et d'aider une adorable fillette à se sortir un peu de sa timidité.
Les passages se suivent et ne se ressemblent pas, et à chaque fois Taiga Sassa ne manque pas l'occasion d'apporter nombre de petites informations sur l'époque dans divers registres: état des endroits, dangers, moeurs, pratiques, aliments, croyances, objets... Plein de petites découvertes que l'on suit à travers l'oeil d'une Isabella parfois un peu réticente devant certains chocs culturels, mais ayant malgré tout toujours sa curiosité et son désir d'observer, ainsi que sa volonté d'entrer en contact et de communiquer avec les habitants.
A ses côtés, Ito est, lui aussi, un personnage toujours aussi réussi, car il continue d'évoluer et d'apprendre au contact de la Lady. Même si celle-ci lui fait parfois des "sales" coups (son pinceau...) et qu'il conserve son caractère peu souriant, il a lui aussi beaucoup de choses à dévoiler (comme son goût pour les sucreries, ou sa mission d'écrire régulièrement à une certaine personne) et à découvrir (comme la pratique de l'ironie). Dans tous les cas, il confirme toujours plus sa fiabilité. Et c'est aussi à travers lui que pourrait s'installer un petit fil conducteur supplémentaire, via son lien avec un autre "explorateur": Charles Maries, chasseur de plantes ayant réellement existé, et qui pourrait se poser comme une sorte d'"ennemi/rival" d'Isabella, en plus de nous en apprendre un petit peu plus sur l'importance de la botanique à cette époque.
Résultat, une lecture toujours aussi séduisante, qui varie bien ses ambiances, fait découvrir beaucoup de petites choses, exploite efficacement ses principaux personnages, et amène encore de nouvelles pistes. Après trois volumes, Isabella Bird - Femme exploratrice reste une excellente trouvaille, et captive pour le parcours historique de cette aventurière dans le Japon de l'époque.