Iron Hammer Against The Witch Vol.1 - Actualité manga
Iron Hammer Against The Witch Vol.1 - Manga

Iron Hammer Against The Witch Vol.1 : Critiques

Majo ni Ataeru Tettsui

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 09 Novembre 2018

Alors que Daisuke Hiyama venait de terminer une histoire de ‘sorcières’ au sein d’une uchronie dieselpunk d’une guerre industrielle entre deux nations dans Wizard of the Battlefield, paru en France chez Doki-Doki. Le mangaka et son acolyte au scénario, Shinya Murata, nous livrent ici une histoire de chasse aux sorcières dans une uchronie d’inquisition empreinte d’une grande violence physique et mentale.


Dans ce monde alternatif, les chasses aux sorcières sont monnaie courante, cela sert non seulement à donner du spectacle à la foule, mais aussi cela permet à l’Eglise d’asseoir son autorité en envoyant un message clair et menaçant à ses fidèles. A Sevolle, une jeune fille s’apprête à être exécutée après avoir avouée sous la torture sa nature de sorcière. Cependant une femme accoutrée en sorcière fait irruption dans la ville et fait face aux autorités inquisitrices. Son inquisitoire est sans appel, sur ordre de Sa Sainteté la papesse de Roman elle doit arrêter les exactions des autorités de Sevolle et leurs pratiques de tortures du fait que selon elle c’est la cause intrinsèque de la naissance des sorcières, que les croyances de l'Eglise soient gouvernées par des idéaux maléfiques. Cela se vérifie instantanément alors que la condamnée se transforme en sorcière et utilise ses nouveaux pouvoirs pour se venger de ses bourreaux. 


Le manga introduit alors le concept suivant, une sorcière peut utiliser des pouvoirs en relation avec l’objet de torture avec lequel elle est passée à trépas. Dans le cas de la condamnée, c’est la poire d’angoisse. Pour Domino Achucarro, la sorcière inquisitrice c’est un panel d’objets lié au feu, comme la poire d’angoisse chauffée au fer blanc ou le bûcher. En déclinant alors l’élément lié à leur torture propre, les combats sont expéditifs, tant l’objet du supplice va dans l’horreur, tant celle-ci a profondément marqué l’esprit des nouvelles sorcières, tant le résultat décrit parfaitement l’irréalité des exactions perpétrées par les inquisiteurs. 


C’est ici toute la richesse du titre, la précision de l’horreur des objets de torture. On ne lésine pas sur les détails sordides, tous emprunts d’une réalité macabre d’une époque sombre de notre Histoire ; Shinya Murata explique cela dans son mémo introductif, l’inspiration d’un ouvrage du XVe siècle. On évoque non seulement l’utilisation des dits objets de supplices, mais aussi la symbolique et l’effroi que ceux-ci pouvaient représenter face aux condamnées. En effet c’est sur le plan mental que ces objets fonctionnent, tout a été étudié pour faire durer la souffrance et la peur de mourir afin de soutirer de faux aveux et procurer un spectacle saisissant en place publique. 


Ce premier volume instaure également une ambiance palpable et un questionnement constant sur la notion de croyance. Lorsque Domino rentre de sa mission de Sevolle, elle et deux collègues sorcières sont envoyés dans une région emprunte d’hérésie envers l’Eglise et cette mission instaure une intrigue politique en fond, celle d’une corruption intérieure de l’Eglise par le Malin lui-même. Ceci arrange cependant Domino ainsi que la Papesse dans leurs quêtes personnelles. Ces éléments disparates sur la notion de croyance apportent ainsi une lecture rafraîchissante et haletante du manga que l’on peut lire comme une critique des pratiques extrêmes d’une religion pour asseoir une autorité temporelle. 


Toute la violence et la brutalité sont habilement mises en scène par le trait caractéristique de Hiyama. Ceux ayant déjà appréciés Wizard of the Battlefield reconnaîtront des similitudes avec le character-design et les expressions des personnages d’Iron Hammer. Notamment le travail sur le clair/obscur des vêtements des sorcières qui fait écho à celui d’un personnage de Wizard of the Battlefield. La qualité du trait se module bien aux scènes de combats, éphémères, mais efficaces. Les expressions faciales sont criardes de folies humaines et du zèle de certaines personnes pour leurs idées conçues. On remarque alors la précision de la douleur de certaines scènes de tortures des sorcières, bien qu’épurées à certains moments celles-ci démontrent toute l’humiliation portée aux prisonnières et aux sévices qu’elles ont dues endurées. Hiyama retranscrit aussi avec une déconcertante précision les étapes de la torture en elle-même, renforçant de surcroît l’ambiance glauque et pesante de certains passages. 


Pour cette édition Delcourt/Tonkam, une postface illustrée nous apprend l’origine de la rencontre entre Shinya Murata et Daisuke Hiyama ainsi que quelques planches de character-design. 


Critique 1 : L'avis du chroniqueur

15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs