Insomniaques Vol.1 - Manga

Insomniaques Vol.1 : Critiques

Kimi wa Hôkago no Insomnia

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 11 Mai 2021

Découvert en France en 2015 chez Glénat avec le très médiocre Nude, Makoto Ojiro nous avait globalement plus séduit avec la tranche de vie La fille du temple aux chats, qui possédait un certain charme, et qui fut édité par Soleil Manga entre septembre 2018 et novembre 2020. Quelques mois après cette conclusion, Soleil nous fait donc plaisir en amenant dans notre langue la toute nouvelle série du mangaka: Insomniaques, un titre français qui donne déjà une bonne idée du sujet.

De son nom original Kimi wa Hôkago no Insomnia (littéralement "on soufre d'insomnie après l'école"), cette oeuvre est prépubliée depuis 2019 dans les pages du magazine Big Comic Spirits des éditions Shôgakukan, magazine dans lequel se trouvait déjà La fille du temple aux chats, et qui est également connu pour avoir accueilli un paquet de séries de qualité comme Bonne nuit Punpun, Après la pluie, 20th Century Boys, I am a Hero...

Dans Insomniaques, tout s'ouvre sur une lugubre légende concernant le club d'astronomie du lycée, qui a été fermé il y a déjà quelque temps après le suicide d'une de ses membres. Depuis, on dit que le fantôme de cette fille, morte par chagrin d'amour, continuerait de rôder en ces lieux, si bien que plus personne ne s'approche du local de l'ancien club, situé tout en haut de l'établissement en montant un escalier. Ganta Nakami, lycéen de son état, se fiche bien de ces histoires, et semble même se ficher d'un peu tout si l'on devait croire certain(e)s camarades de classe: le jeune garçon semble effectivement toujours un peu déconnecté, démotivé au point de somnoler pendant les heures de cours... Mais derrière ce comportement peu avenant se cache une tout autre vérité: Ganta est insomniaque, et il le cache à tout le monde sauf à l'infirmière de l'école. L'adolescent croit être le seul dans ce cas... du moins, avant de se rendre au fameux local du club d'astronomie dans l'espoir d'y trouver un peu de repos. Là, dans un carton, en train de se reposer, il tombe sur Isaki Magari, une camarade de classe qui souffre du même problème que lui. Et si cette jeune fille, à l'origine de la rumeur du fantôme pour être sûre d'éloigner ceux qui troubleraient son sommeil, essaie d'abord de s'enfuir en voyant Ganta, ces deux-là finiront très vite par nouer un lien autour de leurs insomnies. Un lien d'autant plus fort qu'ils se retrouveront alors régulièrement de jor dans le local pour se reposer, et que les battements de coeur de l'un(e) a le don d'apaiser l'autre...

L'insomnie est un mal délicat, parfois sous-estimé mais pouvant avoir des effets très néfastes au quotidien, et touchant sans doute plus de monde qu'on ne le pense de manière plus ou moins régulière (la preuve: l'auteur de cette chronique a lu l'épreuve numérique de ce tome 1 à 2h30 du matin). Alors voir ce sujet au centre d'un manga a de quoi intriguer, et le résultat est probant puisque l'auteur a une façon très jolie de l'aborder. Car ici, même s'il sera régulièrement question des affres que provoque ce mal (notamment la façon dont Ganta passe pour un asocial à cause de sa fatigue permanente, ou les cercles vicieux que peut créer ce mal), c'est par un biais plus axé tranche de vie, avec une dose de relationnel, de légèreté et de poésie, que le mangaka aborde la chose.

Tout d'abord, on suit avec plaisir la forme de relation qui se crée entre Ganta et Isaki, deux personnages auxquels on s'attache très facilement, ne serait-ce que pour leur allure et leur façon d'être, en particulier Isaki qui est assez pétillante et qui a une bonne bouille avec son visage un peu rond et son épi rebelle dans les cheveux. Ces deux jeunes se retrouvent liés par un même mal, puis par un même secret avec leurs retrouvaille dans le local abandonné du club d'astronomie afin de se reposer, local qu'ils essaient alors d'aménager au mieux pour eux deux. Et de manière plus poétique, ce lien se crée aussi à travers les battements de leur coeur, qui fait un bien fou à l'autre, un peu comme une berceuse leur permettant de se reposer.

Et ce lien, il s'étire aussi quand le jour tombe, dès lors que les deux personnages, incapables de dormir la nuit, décident de se retrouver régulièrement pour passer le temps quand toute la ville est endormie. On retiendra notamment toute leur charmante escapade nocturne, profitant du charme et de la beauté des lieux calmes, et qui a quelque chose d'un peu magique y compris pour la complicité que les deux jeunes montrent. Ajoutons à ça divers petits événements qui font déjà avancer l'histoire vers de plus amples perspectives, et on obtient un début plus que prometteur.

Enfin, nul doute que ce lien sera bénéfique pour Ganta, de par la façon d'être d'Isaki qui est bien différente de la sienne: quand lui est totalement amorphe le jour, elle tâche de rester vive, sportive, guillerette, ce qui se comprend aussi dès lors que l'on en apprend un petit peu plus sur son passé. La craquante iskai devrait alors, assurément, ouvrir de nouveaux horizons à son camarade de lasse et d'insomnies.

Visuellement, retrouver la patte d'Ojiro après La fille du temple aux chats est un plaisir. On retrouve le talent de l'auteur pour les choix d'angles de vue, pour la légèreté de ton, pour une héroïne ayant un charme bien à elle, ou même pour les chats. Un rendu graphique et narratif qui, alors, accompagne efficacement les choses.

Insomniaques débute donc de manière tout à fait plaisante. Avec une bonne part de légèreté et de poésie, et par le prisme de la relation qui se construit entre ses deux personnages principaux, Makoto Ojiro aborde son sujet sans lourdeur et avec beaucoup de charme.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.25 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs