Ile aux chiens (l') - Actualité manga
Ile aux chiens (l') - Manga

Ile aux chiens (l') : Critiques

Inu ga shima

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 07 Mars 2019

A cause d’une épidémie de grippe canine menaçant désormais les humains, le maire de la ville de Megasaki ordonne la mise en quarantaine de tous les chiens de la cité, qui sont tous envoyés sur une île isolée où ils sont livrés à eux-mêmes. Mais Atari, le jeune neveu du maire, orphelin de 12 ans, ne peut accepter d'être séparé de son seul réconfort depuis la mort de ses parents: Spots, son chien, qui ne devait être au départ qu'un garde, mais qui est devenu son plus précieux ami. Il vole alors un petit avion et se rend sur l’île pour rechercher son fidèle compagnon. Poursuivi par des robots-aspirateurs décidés à la ramener, il sera aidé dans sa quête par une bande de cinq chiens, menés par Chief, un chien errant au premier abord agressif car il n'a jamais eu de maître. Ensemble, tout en cherchant Spots, ils finiront par comprendre que la grippe canine cache une conspiration fomentée par le maire et son secrétaire...

Dernier film en date du génial Wes Anderson, le film d'animation L'île aux chiens a su marquer, lors de sa sortie en salles l'année dernière, pas mal de spectateurs, en particulier les fans de longue date du cinéaste américain (dont je fais partie), tant il a su perfectionner une technique d'animation déjà vue dans l'excellent Fantastic Mr Fox (des marionnettes animées en stop motion), proposer un récit haletant aux thématique fortes, assurer une ambiance ultra immersive sublimée par la BO de l'oscarisé compositeur français Alexandre Desplat, et s'approprier une atmosphère typiquement japonaise. Dès lors, on ne pouvait qu'être curieux de voir ce qu'allait donner l'adaptation manga de ce long-métrage par un nom bien connu, Minetarô Mochizuki, à qui l'on doit le récompensé Chiisakobé, Tokyo Kaido, ou plus anciennement Maiwai et Dragon Head ! D'autant plus que Mochizuki ne cache aucunement être, de longue date, un très grand fan d'Anderson, et que son style personnel développé depuis Tokyo Kaido promettait de coller parfaitement au cinéma d'animation si typique d'Anderson.

Et c'est donc moins d'un an après sa publication nippone que ce récit nous parvient en France, évidemment chez Le Lézard Noir, l'éditeur poitevin ayant relancé Mochizuki dans notre pays depuis quelques années. Pour l'occasion l'éditeur a mis les bouchées doubles avec une avant-première du manga au FIBD d'Angoulême, la présence du mangaka à ce même festival, et une édition aux petits oignons: grand format cartonné à la jaquette et à la reliure de haute qualité, papier bien épais, excellente impression, et traduction impeccable de Miyako Slocombe.

Voilà qui augure du meilleur pour cette adaptation aux allures d'album jeunesse, avec son format et sa brièveté. En effet, il faut noter que ce manga compte moins de 80 pages au total, réparties sur 4 chapitres, et qu'en conséquence il n'adapte qu'une partie du film d'origine en occultant beaucoup de choses, ne serait-ce que plusieurs personnages canins ou tout simplement une présentation approfondie du contexte. Même concernant le sujet de la conspiration du maire, Mochizuki reste en surface, juste ce qu'il faut pour qu'on cerne vite l'essentiel. Mais malgré tout, il est vivement conseillé d'avoir vu le film avant de s'attaquer à ce manga, pour en comprendre tout l'intérêt.

Cet intérêt, il réside surtout en un point: plutôt que d'adapter bêtement en un nombre limité de pages tout le film, Mochizuki a choisi d'en suivre tout le déroulement principal mais en se concentrant surtout sur un point: la relation entre Atari et Chief, et l'évolution qu'elle est amenée à prendre au fil de l'histoire. Il s'agit déjà d'un éléments extrêmement important du film, mais Mochizuki y apporte sa propre patte en accentuant une idée: celle de la solitude. Atari est un gamin qui a soudainement perdu ses parents dans un accident et dont le seul réconfort et ami fut un chien qu'on lui a soudainement enlevé, le plongeant dès lors dans une solitude qu'il ne supportait pas, au point de partir rechercher Spots sur l'île. Chief, lui, a toujours été un chien errant qui n'a jamais connu l'amour de maîtres, et qui risque fort de vite se laisser attendrir par le petit garçon et la bienveillance qu'il lui montre malgré son comportement sauvage.

L'artiste met tout ceci en images de très jolie manière: on reconnaît tout de suite son style un peu épuré, sa manière de travailler assez précisément la composition en plaçant rarement au hasard les éléments de décor... mais son dessin a pourtant encore un peu évolué par rapport à Chiisakobé, avec notamment un trait un peu plus épais. On peut aussi souligner sa manière de dessiner Chief et d'autres chiens: leurs contours ne sont pas faits de lignes continues, mais sont plutôt suggérés par les traits représentant leur pelage.

Au final, L'île aux chiens est un bel album, qui pourrait décontenancer un peu celles et ceux n'ayant pas vu le film autant que les séduire. Loin d'offrir une simple adaptation, Minetarô Mochizuki propose ici sa propre interprétation du long-métrage d'Anderson, ce qui confère à son bref manga un intérêt à part entière.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs