Icare - Nouvelle Edition 2010 - Actualité manga

Icare - Nouvelle Edition 2010 : Critiques

Icaru

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 17 Octobre 2012

Moebius, maître incontesté de la bande dessinée franco-belge. Jiro Taniguchi, maître incontesté du manga d'auteur. Alors quand le premier propose un scénario de science-fiction au second, le monde de la bande dessinée est intrigué et assiste à la naissance d'Icare.

Au Japon, un enfant pas comme les autres né, il s'agit d'Icare. Il a une particularité significative: il sait voler. C'est alors que le gouvernement japonais le met en captivité pour en faire une arme et effectuer des tests dessus. Pendant ce temps, des enfants éprouvettes capables de s'auto-détruire forment un groupe terroriste et effectuent des attentats un peu partout dans le pays. Au bout de vingt années de captivité, Icare, lui, se moque un peu des attentats qui se déroulent dans son pays. Ce qui compte vraiment pour lui, c'est Yukiko, une jeune scientifique dont il est amoureux. Il souhaite également quitter le jardin dans lequel il est retenu en captivité afin de découvrir les joies de voler librement dans le ciel.

Voilà pour le résumé. Il s'annonce prometteur mais le résultat est bien éloigné de toutes nos attentes. En effet, Icare est une œuvre vide dans bien des sens. Je vais m'expliquer. Tout d'abord concernant le groupe terroriste. Ce que le lecteur sait, c'est qu'il s'agit d'enfants éprouvettes qui ont la capacité de se faire exploser. Et ils en profitent pour faire des attentats suicides. Tiens donc, quelle coïncidence... De tout le livre, on ne connaît ni leurs motivations, ni leurs origines. Ils se font sauter, ils sont là, dans l'histoire, mais ils ne servent strictement à rien. On se demande vraiment l'intérêt de les inclure au récit. Encore s'il y avait un développement derrière... Le développement justement, voilà ce qui manque cruellement aux personnages du récit. Le général par exemple, est une lesbienne sado-maso, ce qui ne sert en rien l'intérêt de l'histoire, qui ne fait que mépriser les enfants éprouvettes tout au long du récit. Son intérêt est limité à cela. C'est un personnage creux comme il y en a tant dans Icare. Entre la scientifique naïve qui tombe amoureuse d'Icare, le politicien inutile au pouvoir surnaturel et le chercheur fou aux réactions exagérées, les personnages stéréotypés s'enchaînent les uns derrière les autres.

Passons au gros de l'histoire, ce qui est véritablement intéressant: le personnage d'Icare et son histoire. Icare est un être naïf, qui ne connaît rien au monde qui l'entoure, et dont la seule réelle particularité, mis à part son idiotie et son sens du dévouement à faire pâlir de jalousie le plus fidèle des chiens, est qu'il est capable de voler. Lors de son vingtième anniversaire, sans qu'on ne sache pourquoi, il décide de tenter de s'enfuir. Il veut être avec Yukiko, la scientifique dont il est niaisement amoureux. Voilà que cette fuite constitue le seul intérêt de l'histoire du manga. Autant dire que la passion que le lecteur aurait pu avoir pour ce manga n'est pas présente.

Derrière ce scénario superficiel, se cachent les dessins de Jiro Taniguchi. Le trait de l'auteur est, comme à son habitude, très plaisant. Le design des personnages est vraiment réussi. Malheureusement, Jiro Taniguchi pèche dans les expressions des personnages. En effet, celles-ci sont souvent exagérées, et donnent ainsi un côté ridicule à l'œuvre. Le décor de science-fiction est quant à lui vide d'intérêt. C'est beau certes, mais c'est bien trop simpliste.

Au niveau de l'édition, c'est une franche réussite. Déjà, de part sa couverture cartonnée, le livre est beau. En plus de cela, le papier semi-glacé fait magnifiquement bien ressortir les dessins de Jiro Taniguchi. Ensuite, on retrouve deux bonus en fin de volume. Le premier est une longue interview de Moebius sur les origines et les thèmes d'Icare. Le second bonus est les dessins préparatoires de Jiro Taniguchi.

En définitive Icare est une œuvre sans intérêt. Réunir deux très grands noms de la bande dessinée mondiale ne suffit pas à faire un bon manga, et Icare le prouve. L'œuvre n'a pas eu de succès lors de sa publication, et a été contrainte de s'arrêter prématurément. Malheureusement, on comprend pourquoi en lisant ce manga surjoué. Quel gâchis au final... Deux si grands auteurs... L'œuvre est donc à réserver aux fans le plus aguerris de Moebius et Jiro Taniguchi.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
jojo81
8 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs