Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 04 Novembre 2024
Kenshirô a accepté de venir en aide à un village qui subit les assauts du clan des crocs, un groupe redoutable de criminels sauvages qui obéissent à leur "père" et leader. Au sein de ce village, il fait la rencontre de la belle et charismatique Mamiya, dont la ressemblance avec Julia est frappante. Il y rencontre aussi Rei, un adepte du Nanto Seiken et un émissaire du clan des crocs, mais qui a préféré les trahir pour rejoindre la noble cause du paisible village. Combattant redoutable, Rei est à la recherche de l'assassin de sa sœur, un homme qui serait marqué par sept cicatrices au corps, tout comme Kenshirô... Préférant ne rien lui dire pour le moment, Ken s'apprête à se battre à ses côtés pour vaincre cet ennemi sournois.
La quasi-intégralité de ce troisième tome est occupée par la longue bataille qui va opposer Kenshirô et Rei au clan des corps, un ennemi pas si redoutable de prime abord, mais donc le danger émane de ses manœuvres sournoises qui vont impliquer Mamiya. En somme, Ken n'aura jamais été autant entouré par des personnages vaillants depuis ses débuts. Les présences de Rei, Mamiya et d'un certain autre personnage apportent un peu de nouveauté en plus de dresser des enjeux à différents égards. On observe ainsi une rivalité teintée d'amitié entre les manieurs du Hokuto et du Nanto, un mystère lié à la revanche que souhaite accomplir Rei, ou encore le sort des personnages qu'il conviendra de sauver au cours de la longue bataille.
Longue, oui, car le combat finit par trainer en longueur à force d'insister sur l'un de ses propres enjeux. Le clan des crocs étant lâche et sournois, le combat de Kenshirô sera aussi psychologique, passant notamment par la prise d'otages. Mais l'artifice est peut-être trop étiré, entachant le rythme de la bataille alors que (et le lecteur en a vite conscience), il serait aisé pour les deux combattants d'intervenir sans atteindre à la vie du moindre de leurs alliés. Le tout couplé à un traitement vieillot de la figure des demoiselles en détresse, avec une écriture du personnage de Mamiya qui est... d'époque, et on ressort d'un arc qui aura montré quelques faiblesses.
Pourtant, le tout brille aussi par de très bons arguments, dont le plus notable est le duo formé par Kenshirô et Rei. De rivaux à amis, mais aussi de potentiels ennemis étant donné la quête vengeresse entreprise par l'héritier du Nanto Seiken, le binôme passe par toutes les étapes. Mais l'écriture de Buronson, bien qu'aujourd'hui prévisible sur quelques aspects, donne une alchimie particulièrement réussie pour deux frères d'armes qu'on a déjà hâte de retrouver dans les tomes à venir. Il serait peu dire que Rei porte une grosse part du tome tant le personnage se révèle aussi attachant que charismatique.
En fin de volume, le nouvel arc qui s'ouvre est directement lié aux retombées de la lutte face au clan des crocs. Un nouvel ennemi apparaît, certes, mais il ne sera pas comme les autres. Déjà détestable, évidemment, ce mystérieux Jagi amène la première pièce d'une grande mythologie qui ne cessera d'être étoffée et de donner à l'œuvre une part de son ampleur : l'histoire des frères du Hokuto. Pour l'heure, seules des bribes nous sont dévoilées sur fond de récit de vengeance, mais de grands moments sont à venir.
Au final, malgré quelques éléments qui rendent l'action parfois en deçà de ce qu'on a connu, ce troisième tome brille de personnages charismatiques et d'un univers qui continue de se mettre en place, nous dirigeant ainsi vers de futurs grands moments. Certains aspects de Hokuto no Ken ne sont plus de première fraîcheur en 2024, à commencer par son traitement des figures féminines qui est on ne peut plus rétro (pour ne pas dire misogyne), mais il demeure le charme du folklore enrichit par de nouveaux personnages qu'on est impatients de retrouver.