Hitman - Les Coulisses du Manga Vol.6 - Actualité manga
Hitman - Les Coulisses du Manga Vol.6 - Manga

Hitman - Les Coulisses du Manga Vol.6 : Critiques

Hitman

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 16 Août 2021

Les Blue Wells ont finalement fait leur choix concernant la maison d'édition et l'auteur qui concevront un manga sur leur histoire, et c'est Takanashi qui a été retenue ! La jeune femme est aux anges, bien décidée à donner le meilleur d'elle-même dans ce nouveau projet, et Kenzaki est tout aussi réjoui, d'autant qu'il a obtenu l'accord de Hôjô. Mais cette décision implique bien d'autres choses dont notre héros n'a pas encore totalement conscience: sa protégée va devoir concevoir en parallèle deux séries, pour un totale de 26 pages hebdomadaires sans assistants. En apprenant que Sugiura, le poulain d'Asama, a dû mettre en pause sa série (qui avait pourtant un beau succès) pour cause de surménage et qu'Asama semble se sentir coupable de ne pas avoir su freiner son auteur, Kenzaki doit lui-même s'interroger sur la santé de sa mangaka. Et comme si ça ne suffisait pas, Haruna, le leader des Blues Wells, a une demande toute particulière à faire : il souhaite que le futur manga ne parle pas du tout de Fêka Akitsuki, la défunte adolescente sans qui le groupe n'aurait pourtant jamais existé...

Une bonne partie de ce sixième volume se consacre alors à deux problématiques particulièrement intéressantes, et que Kouji Seo, en dehors de quelques cases ecchi certes agréables à l'oeil mais très ma placées (balancer une vue sur Aoi sous la douche en plein milieu d'un moment riche en enjeux, bof), ène franchement bien.

D'un côté, il y a la question de la faculté de Takanashi à mener à bien deux séries en même temps, elle qui est encore en début de carrière et qui n'a aucun assistant. Cela signifie, chaque semaine, de voir concevoir deux storyboards, réfléchir à deux scénarios en même temps sans se mêler les pinceaux, ce qui peut être aussi éreintant psychologiquement que le simple fait de devoir dessiner 26 pages chaque semaine. Takanashi a beau être passionnée, avoir la fougue de la jeunesse, il ne faudrait pas que son talent explose en plein vol, et notre héros va donc devoir réfléchir sur la santé de sa protégée, veiller à ce qu'elle n'en fasse pas trop, ne pas hésiter à freiner ses ardeurs si besoin, jsuqu'à faire une demande assez logique à Hôjô. Ce que l'on appréciera alors pas mal ici, c'est l'image un peu plus humaine que Kouji Seo distille quelque peu, contrairement à un Bakuman: les mangakas qu'il met en scène restent humains et ne vont pas tuer leur santé pour produire toujours plus, toujours plus vite.

Et d'un autre côté, il y a donc la demande si particulière de Haruna. Quiconque a lu le manga Fûka (le précédent manga de Kouji Seo) peut se douter des raisons de cette demande, demande qui vient chambouler un peu plus personnages. Kenzaki en tête bien sûr: alors que Fûka Akitsuki est l'origine même du groupe, qu'elle possède une force dingue et qu'elle a une importance capitale pour Haruna, pourquoi donc souhaiterait-il l'"effacer" ? Avec une belle pointe d'émotion puisque le souvenir de l'attachante Fûka revient joliment, Kouji Seo évoque efficacement plusieurs pistes: la peur qu'a Haruna de "tirer profit" de la mort de celle qui a compté plus que tout pour lui, le désir de protéger Aoi dont le père est à l'origine de la mort de Fûka... Mais c'est également voire surtout Takanashi elle-même qui est aux premières loges, le drame d'Akitsuki et les doutes de Haruna lui rappelant beaucoup ce qu'elle-même a traversé à l'époque de la mort de sa mère, mort dont son père qu'elle déteste tant semble s'être servi pour son manga à succès. Seo expose alors très bien ce que peut ressentir Takanashi face à une telle chose, avec quelques élans d'émotion bien sentis, et le tout est même l'occasion d'entrevoir un peu plus ce que Katsuragi, le père de la jeune femme, pouvait bien ressentir dans sa relation avec son épouse et dans sa disparition. De fil en aiguille, en travaillant les facteurs humains, Kouji Seo parvient alors à offrir pas mal de bons petites développements et enrichissements... jusqu'à même accélérer certaines interrogations plus sentimentales autour de son duo-vedette.

Mais il faut croire que dans ses oeuvres, il y a toujours un moment où Kouji Seo finit par s'égarer un peu trop, et ce moment semble arriver dans la dernière partie du tome avec l'entrée en scène d'une certaine Yukako Nanao, l'une de ces figures féminines un peu pestes et empêcheuses de tourner en rond qui ont déjà un peu plombé, plus d'une fois, certaines séries précédentes de l'auteur. Se présentant comme une "amie d'enfance" de Kenzaki, cette mannequin hypocrite (apparaissant gentille et sage en public mais crachant tout et manipulant les gens en douce) semble décidé à refaire de Kenzaki son "jouet", comme dans leur enfance, ce qui amène déjà quelques pseudo rebondissements sans grand intérêt pour mettre à mal la bribe de relation entre nos deux personnages principaux: bisou pile quand Takanashi débarque, rendez-vous de tout le monde dans le même restaurant et à la même heure comme par hasard... Kouji Seo commence à trop retomber dans les grosses coïncidences dont il a le secret, et espérons donc que ça ne durera pas, car ce n'est clairement pas ce que l'on attend d'un manga de ce type.

En somme, on a une grosse première partie de volume très bien menée, et des dernières dizaines de pages moins inspirées, où l'auteur menace de retomber dans certains de ses travers. En attendant de voir ce que la suite donnera...
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.75 20
Note de la rédaction