Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 19 Février 2010
C'est donc en ce mois de février 2010 que paraît en France le premier volume de Heartbroken Chocolatier, l'attendue nouvelle série de Setona Mizushiro, paraissant au Japon de manière irrégulière dans le magasine Rinka de Shogakukan.
Etudiant dans une école de pâtisserie, Sohta est fou amoureux de Saeko depuis quatre ans, et après bien des approches timides et infructueuses, est enfin parvenu à sortir avec elle depuis peu. Mais bien qu'il essaie de combler l'amour de la demoiselle pour le chocolat, le jeune homme ne tarde pas à tomber de haut quand elle lui apprend qu'elle s'est remise avec son ancien petit ami. Choqué par la nouvelle, il ne se laisse pas abattre et par subitement à Paris pour travailler dans une chocolaterie réputée.
Cinq années s'écoulent, Sohta revient enfin au Japon en compagnie de son ami et collègue Olivier pour reprendre la pâtisserie de son père et en faire une chocolaterie. En cinq ans, Sohta a mûri en même temps qu'il a développé des qualités exceptionnelles en tant que chocolatier. Mais il n'a pas oublié son indéfectible amour pour Saeko, et est toujours aussi décidé à la conquérir. Il ne tardera pas à la retrouver en tant que fidèle cliente de sa chocolaterie, mais bien des obstacles se mettront sur la route de son amour.
Une nouvelle fois, Mizushiro nous propose un thème original: celui du chocolat, qu'elle représente à merveille sous toutes ses formes grâce à son trait élégant et enlevé, qui donne instantanément l'eau à la bouche.
Mais à travers le chocolat, c'est un autre délice doux-amer que la mangaka nous propose également: l'amour de Sohta pour Saeko, revenant sans cesse, et sans cesse mis en échec. Rien de bien original sur ce point, mais pourtant, le tout ne manque pas de charme, grâce à la narration tout en subtilité que l'on connaît déjà chez l'auteur.
A travers, notamment, une dose de symbolisme réunissant amour et chocolat, elle nous offre un récit classieux qui parvient sans mal à captiver, et qui finit d'être embelli par des personnages attachants, du héros Sohta jusqu'à l'hilarant Olivier, en passant par la pétillante Matsuri, petite soeur de Sohta, et par la charmante Kaoruko, taciturne manager de la chocolaterie refoulant elle-même ses sentiments pour notre héros. Finalement, et c'est un comble bien que cela soit sans doute voulu, seule la frivole Saeko apparaît absolument insupportable.
Enfin, on notera certaines répliques enlevées bien trouvées, et également l'apparition de pointes d'humour bienvenues, notamment portées par les piques de caractère de Kaoruko, principalement envers Saeko, ou encore par Olivier qui, du haut de son statut de jeune français beau et élégant, n'en reste pas moins un otaku de première ! Notons aussi les excellentes scènes où Sohta laisse aller son imagination quant aux réactions qu'il pourrait avoir vis-à-vis de Saeko !
Mais aussi plaisant le récit soit-il, on pourrait, par exemple, être irrité par la facilité avec laquelle Sohta se rend à Paris et s'y fait embaucher, puis revient cinq ans plus tard au Japon d'ores et déjà auréolé de gloire. Mais finalement, cela colle bien à l'ambiance du récit.
On aurait également pu avoir peur de voir la situation amoureuse de notre héros stagner, de voir Sohta se contenter à longueur de temps de se morfondre dans son amour mis en déroute, mais fort heureusement, cela change dès la toute fin de ce premier tome, qui voit le jeune homme gagner en caractère, tandis que certaines cases laissent entrevoir une Saeko pas si insouciante et insipide qu'il n'y paraît. Affaire à suivre !
En attendant, à l'image d'un bon chocolat, ce premier volume est une sucrerie douce-amère dont on se délecte longuement, si bien que l'on a vite envie d'en reprendre une bouchée.
L'édition de Kaze Manga est agréable. La jolie couverture aux effets vernis renferme une traduction et une adaptation convaincantes, même si le tout est malheureusement entaché de quelques grosses fautes.