Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 26 Octobre 2022
Kenji Komiya et les siens continuent de se débattre pour être la seule famille à ressortir vivante de l'énigmatique parc d'attractions Happy Land, où les sanglantes "festivités" s'enchaînent dans un seul but: pousser les gens à dévoiler leurs plus profonds secrets, en vue de rester en vie, mais au risque de faire éclater les relations familiales. Le roller coaster tranchant et les tasses acides ont, ainsi, déjà levé le voile sur l'hypocrisie d'une paquet de familles présentes... Et Kenji, de son côté, n'est pas en reste, entre une fille se faisant entretenir par des sugar daddies et un fils sortant avec sa prof d'anglais quarantenaire ! Cela n'empêche le père de la famille Komiya de vouloir continuer à sauver les siens coûte que coûte, lui qui reste si attaché à la femme de sa vie et à ses enfants adorés, la chair de sa chair, le sang de son sang. Mais tout ceci résistera-t-il à la bombe que Misa est obligée de lâcher pour survivre aux auto-tamponneuses ?
A la fin du tome 1, nous laissions effectivement l'épouse Komiya en pleine révélation-choc: elle a trompé Kenji, et Ritsu et Rin ne sont pas ses enfants ! Une vérité qui a forcément de quoi faire réagir chacun des membres de la famille Komiya, et qui va surtout permettre à Shingo Honda d'enchaîner sur certaines choses cruciales: les quelques informations sur l'amour sincère que Kenji porte à Misa depuis toujours même s'il est banal, et la question d'une amitié factice avec le dénommé Shû Fujigaya, véritable père des deux enfants, et surtout arriviste cachant derrière son côté beau gosse et ses talents certains une personnalité particulièrement pourrie. Le cas Shû va occuper une bonne partie du tome, et même si sa présence pile à Happy Land est évidemment une énorme ficelle, dans le cadre d'une série B de ce type elle passe bien, d'autant plus que l'auteur l'exploitera honnêtement: la fourberie de Shû derrière ses belles apparences de winner fait d'autant plus ressortir la sincérité modeste de Kenji dans son amour pour les siens, en soulignant bien quelques réflexions très simples mais suffisantes sur ce que peut être une "vraie famille heureuse".
Dans tout ça, une crainte se fait toutefois sentir: se dirige-t-on vers une intrigue un peu trop patriarcale où seul le père de famille va n'être bourré que de bons côtés ? Heureusement, Shingo Honda finit malicieusement par contrebalancer un peu ça, dès lors que Kenji se remémore enfin, certes un peu comme un cheveu sur la soupe, l'endroit où il comptait emmener sa famille avant d'atterrir à Happy Land. Une vérité nuançant un peu le père, mais ayant aussi le mérite de consolider de plus belle les liens nouveaux unissant les Kamiya, et de permettre les révélations (très, très classiques, mais suffisantes) sur ce qu'est réellement Happy Land.
L'intrigue a donc le mérite de tenir la route jusqu'au bout, avec ce qu'il faut de petits développements simples mais efficaces, de rebondissements... et évidemment de nouveaux petits moments gore réjouissants comme sait les faire le mangaka ! Ceux-ci ne sont en réalité pas si nombreux que ça mais sont généralement assez efficaces, entre la joie de voir l'infâme adversaire de Misa très mal finir dans les auto-tamponneuses, une maison hantée où les soins prodigués par les infirmières ne sont pas franchement efficaces, et une grande roue menaçant de laisser s'écraser ses pensionnaires à tout moment. Le tout étant honnêtement servi par le style expressif et un brin bourrin du dessinateur.
Dans une catégorie de série B d'horreur un peu bourrine et régressive, Happy Land s'en tire donc très honnêtement, et on n'en attendait pas moins de la part de Shingo Honda, mangaka ayant toujours son petit charme dans ce registre. Et finalement, la plus grosse lacune de l'oeuvre vient peut-être de son édition, dont le lettrage miteux apparaît plus fortement sur ce deuxième tome: textes qui changent de taille dans une même bulle, sous-titres des onomatopées qui chevauchent les onomatopées originales... Un tel niveau d'amateurisme, c'est censé ne plus exister depuis 20 ans.