Happy - Deluxe Vol.1 - Actualité manga
Happy - Deluxe Vol.1 - Manga

Happy - Deluxe Vol.1 : Critiques Are You Happy?

Happy

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 09 Avril 2010

"C'est donc ça... la méthode pour gagner 250 millions ?"

Suite à la disparition de ses parents, Miyuki Umino est une jeune fille de 17 ans qui s'occupe de ses deux petits frères et de sa petite sœur, en subvenant comme elle peut à leurs besoins, tandis qu'Ieyasu, aîné de la famille, revient parfois les bras chargés de cadeaux, en visant des plans de carrières utopiques. Mais un jour, ce dernier disparait après avoir contracté une dette phénoménale de 250 millions de yens ! Ses créanciers se tournent alors vers Miyuki pour récupérer leur dû, quitte à devoir la mettre sur le trottoir. C'est alors qu'elle décide de se battre et de trouver une voie plus glorieuse, en revenant à une de ses passions oubliées : le tennis !

Happy! signe le retour chez l'éditeur Panini Manga de l'illustre mangaka Naoki Urasawa, qui a décidément le vent en poupe cette année en France : la parution de l'artbook Manben et de Pluto (Kana) , la suite et fin de la trilogie cinématographique de 20th Century Boys... Mais la sortie de cette oeuvre constitue un micro-évènement en soi, puisqu'elle signe l'arrivée des séries de l'auteur antérieures à son premier best-seller mondial, Monster. En effet, Urasawa a toujours considéré ses travaux précédents comme imparfaits et inadaptés pour le public étranger. Pourquoi un tel revirement ? En outre, Happy ! a connu un destin particulier au Japon, car boudée par les premiers fans du maître : la série aura-t-elle un meilleur sort en France ?

En effet, fort de son premier grand succès, Yawara (mettant en scène une jeune judoka), Naoki Urasawa lança en 1993 cette nouvelle série, basée sur le tennis. Mais il ne voulut pas se limiter à un simple manga de sport, cherchant alors à se focaliser sur la nature humaine. Cette volonté se ressent ainsi très fortement sur ce premier tome, où il faudra attendre le quatrième chapitre pour véritablement voir quelques échanges de balle ! En lieu et place, on y trouve des yakuzas et tout un monde mafieux à base de réseaux de prostitution. Ainsi, contrairement à la plupart des récits sportifs où le héros a un talent inattendu ou une passion depuis toujours, Miyuki décide de revenir sur les courts, poussée par une volonté de survie, devant un problème insolvable. Son défi peut paraitre ambitieux, exagéré, mais sa détermination la font profondément croire en sa chance... avant que l'entourage ne se rende compte d'une évidence grandissante dans le destin de la jeune femme. On retrouve alors une héroïne idéale, sure d'elle sans être insupportable, et laisse présager des futurs Anna Liebert et Kanna Endo.

Si les thématiques abordées peuvent sembler lourdes, c'est sans compter sur la qualité de la narration qui apporte une très grande légèreté. La série joue sur un registre comique sans être humoristique, et est sublimée par une galerie de personnages hauts en couleurs, à commencer par la paire de yakuzas, Junji et Momotaro, véritables faux méchants. Le duo met la pression à la demoiselle mais ressent également beaucoup d'empathie pour elle, finissant par croire en ses chances. D'autres protagonistes loufoques viendront faire leur apparition, comme l'excentrique et non moins intraitable Utako Ohtori, gérante de la plus grande école de tennis du pays, à l'entrée en scène remarquable, mais également Choko Ryugasaki, jeune idol grandissante dans ce sport. Comme à son habitude, Urasawa dévoile une galerie de caractère fortement attachants, en nous présentant également quelques tranches de vie des plus savoureuses, notamment quand Miyuki s'occupe de sa petite fratrie. Ainsi, on rentre très rapidement dans cette vie avec des hauts et des bas, mais portée par un positivisme permanent, justifiant parfaitement le titre de l'œuvre ! Sans oublier, pour autant, des réflexions sur les relations humaines et certaines bassesses de l'Homme.

Le trait de l'auteur n'a pas tellement vieilli malgré les années. On lui retrouve un style proche de celui de Monster, avec des visages légèrement plus ronds. On pourra cependant noter que ces derniers sont parfois assez figés dans leurs expressions. En revanche, alors que le défaut majeur de l'auteur concerne les scènes d'actions, ici les échanges de tennis sont parfaitement lisibles. Panini Manga nous fait grâce ici directement de l'édition de luxe, avec un travail similaire à celle de City Hunter. On y retrouve quelques pages en couleurs, en quadrichromie ou en bichromie. Petit bémol toutefois au niveau de la qualité du papier, qui, trop fin, laisse transparaitre la page suivante par transparence. L'éditeur a également opté pour un grand format, épais, avec un certain travail sur la couverture. Un simple autocollant vient gâcher l'ouvrage, mais fort heureusement, il est facilement décollable ! La dernière bonne surprise vient du prix : à moins de dix euros les trois cents pages, on aurait tort de se priver !

Il est finalement très difficile de classer Happy ! dans une mangathèque : série sportive ? histoire mafieuse ? récit tranche-de-vie ? Naoki Urasawa nous offre ici de nombreux niveaux de lecture, en nous emmenant sur des terrains qu'on ne lui connaissait pas. On pourra alors penser à d'autres illustres auteurs, comme Mitsuru Adachi ou Tsukasa Hojo. Pour les adeptes du maître, elle permet également de comprendre le tournant majeur de sa carrière, le moment où il commença vraiment à prendre des risques et à aller vers ce qui lui tenait à cœur. Cependant, il faut aussi savoir que les contraintes éditoriales en ont voulu autrement, et recentreront l'œuvre sur son côté sportif. Mais pour l'heure, ce premier volume se révèle fortement prometteur, un véritable incontournable pour les fans de l'auteur, qui ne manqueront pas d'exprimer leur joie !


Tianjun


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Tianjun
18 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs