Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 18 Septembre 2013
Après plusieurs reports, cette fois-ci ça y est : plus d'un an après la sortie du tome 14, Gunslinger Girl tire sa révérence avec son quinzième volume, près de 8 ans après la sortie du tome 1 en France.
A la fin du tome 14, nous laissions les agents du Bureau d'Aide Sociale dans une situation délicate. Bien que la menace terroriste qui pesait sur la centrale nucléaire ait été enrayée et que Giacomo Dante ait été arrêté, les différents fratello étaient dans un état critique, avec la mort tragique de José et Henrietta, l'état incertain de Hilscher et Triela, et celui de Jean et Rico. Pire, la conseillère Aragon décide de profiter de l'affaiblissement du BAS pour le faire passer en organisation antigouvernementale, avec en point de mire la disparition du bureau. Débarquant devant les locaux du bureau, l'armée de terre doit faire face à la détermination d'une fillette : Claes, bien décidée à protéger ce quotidien auquel elle tient.
L'après-lutte contre les terroristes menés par Giacomo Dante, les projets d'Aragon et du chef du gouvernement Pisano, l'arrivée de l'armée de terre... La menace sur le Bureau d'Aide Sociale est grande, celui-ci ayant désormais moins de raisons d'exister depuis l'important affaiblissement du Padania. Yu Aida nous fait bien comprendre les enjeux et intérêts politiques liés à l'éventuelle disparition du bureau, tout comme il ferme clairement les portes liées aux menaces, aux complots politiques, et aux instigateurs de l'affaire Croce, sur laquelle la vérité se dévoile enfin pleinement... Mais l'auteur propose tout ça de façon concise, puisqu'il préfère largement plus s'intéresser au sort des nombreux personnages qu'il a mis en scène pendant tant d'années.
Et il n'en oublie aucun. De Claes aux duos Hislcher/Triela, Jean/Rico et Sandro/Petra, en passant même par Mario Bossi, Roberta ou Christiano, Yu Aida s'applique à offrir une porte de sortie souvent mélancolique ou triste à ses protagonistes, d'autant plus quand il s'agit de revenir une dernière fois sur la condition des fillettes/cyborgs, avec notamment des passages forts sur Claes et Petra. Une dernière fois, les jeunes filles du BSA se confrontent à leur situation, se raccrochent au bonheur qu'elles y ont trouvé, mais en perçoivent parfois toutes les limites, que se soit inconsciemment ou volontairement, dès lors qu'elles voient ressurgir devant elles leur passé ou leur fin annoncée. Une dernière fois, le mangaka croque des portraits psychologiques bien différents selon les cyborgs, partagés entre la précarité de leur condition, leur tristesse inconsciente, et leur joie plus ou moins avouée d'avoir vécu tout ça. Et l'on se régale ou l'on frissonne de tristesse, à chaque page tournée, devant tant de méticulosité pour bien conclure ce propos qui aura été, d'un bout à l'autre, au coeur de l'oeuvre.
Ainsi Gunslinger Girl se referme-t-elle de façon subtile et très convaincante, le ton se voulant très posé, Yu Aida prenant le temps de fermer toutes les portes d'une série qu'il a pris soin de développer pendant de nombreuses années. Le résultat est là : on referme le volume satisfait par une fin aboutie en tous points, avec l'impression que tout est bien bouclé, et un sentiment de tristesse redoré par la belle note d'espoir du très beau dernier chapitre.
18/09/2013 