Gunslinger girl Vol.12 - Actualité manga

Gunslinger girl Vol.12 : Critiques

Gunslinger girl

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 19 Novembre 2010

Chose devenue rare, nous aurons eu droit à deux volumes de Gunslinger Girl en cette même année 2010. Ainsi, après avoir eu en début d'année un onzième tome qui faisait apparaître le terroriste Giacomo Dante, principal coupable de l'affaire Croce, ce douzième opus revient plus en détails sur la fameuse affaire. Pendant les deux tiers du tome, nous quittons le quotidien des fillettes cyborgs pour nous intéresser au drame qui a bouleversé en profondeur toute la vie de Jean et José...

On retrouve donc, dans un premier temps, le quotidien des deux frères à cette époque, engagés dans l'armée. Et pendant que José était en mission dans les Balkans, Jean présentait sa fiancée à sa petite soeur. L'enjeu du début du tome sera d'ailleurs la rencontre entre les deux demoiselles, qui ne se fait pas sans heurts, car malgré toute la sympathie et la bonne volonté de la fiancée de Jean, Enrica, petite princesse forte de caractère, ne parvient pas tout de suite à accepter cette femme qui lui a si facilement pris un grand frère qu'elle peinait déjà à garder près d'elle. Ainsi, au fil des caprices d'Enrica, on découvre une jeune fille en apparence courageuse, effrontée et ne manquant pas de ressources, mais finalement beaucoup plus fragile qu'il n'y paraît à cause de l'absence d'une vraie situation familiale. Et si l'enfant était déjà plutôt attachante dans le précédent tome, elle le devient encore plus ici de par son caractère prononcé et sa situation. Du haut de sa bonne volonté, la fiancée de Jean n'est pas en reste, mais aura fort à faire pour se faire accepter par la jeune fille.
La vie suit donc ici son cours, faite de situations quotidiennes réalistes et bien décrites, emmenée par la confrontation entre les deux demoiselles. Rien ne semble pouvoir venir ternir ce quotidien qui se met en place, et pourtant, le lecteur connait déjà le sort qui attend ces deux héroïnes, ce qui ne manque pas de créer en lui un sentiment de malaise, sentiment d'autant plus fort que Yu Aida fait tout, mine de rien, pour mettre en avant ces deux personnalités.
Et c'est finalement au pire des moments, quand Enrica semble enfin accepter sa future belle-soeur, que le drame arrive. Ici, Yu Aida restera sobre dans la représentation du drame, comme souvent, et il ne lui faudra que quelques cases pour faire ressortir toute l'émotion de la scène, et tout le désespoir de Jean et José.
Alors que l'on en connaissait déjà l'issue, on ressort donc de ce flashback l'estomac retourné, tant les évènements sont parfaitement mis en valeur par Yu Aida.
On signalera que l'auteur, s'il met ici plus en valeur Jean, sa fiancée, José et Enrica, n'y oublie pas pour autant les autres facettes de son titre, en dehors des filles cyborgs, bien entendu. Ainsi, les enjeux politiques, toujours aussi bien décrits, se font ici plus persistants que jamais. Enfin, à travers ce retour en arrière, c'est également le dangereux Giacomo Dante que nous découvrons un peu plus, notamment en ce qui concerne la manière dont il a été engagé pour assassiner Giovanni Croce, mais aussi au niveau de sa façon de penser assez inquiétante, d'autant plus inquiétante qu'elle a quelque chose de vrai et en dit long sur la face sombre de la nature humaine. Preuve de la maîtrise de Yu Aida, Il suffira d'ailleurs d'une seule réplique sortant de Giacomo pour faire ressortir cet état de fait: "Combattre, c'est rester humain". Mais au delà de ceci, doit on aussi voir dans cette réplique une allusion au statut des fillettes de l'Agence d'Aide Sociale ?

Après ce flashback de grande qualité, le récit revient dans le présent, après quelques pages laissant entrevoir un José déterminé à abattre Giacomo pendant la mission à Venise, au point de devenir froid avec Henrietta. Après la mission, tout le monde revient au bureau d'aide sociale. Mais les signes de chute de Henrietta se font de plus en plus inquiétants: évanouissement à Venise, pertes de mémoire, corps qui ne répond plus toujours... Des situations face auxquelles Triela prendra d'ailleurs toujours autant au sérieux son rôle de grande soeur. Un choix cruel est alors proposé à José: laisser la fillette dont il a la charge telle quelle, ou la soigner en profondeur à grand coup de remède en sacrifiant grandement le reste de sa durée de vie... Pendant quelques pages riches en émotion sans que Yu Aida n'ait besoin d'en faire trop, rien que par la force de répliques bien trouvées ou de scènes très évocatrices, comme celle de l'observation des étoiles sur le toit, l'auteur parvient à nous faire ressentir tout le désarroi du frère brun des Croce, qui se remémore ses souvenirs avec une Henrietta qu'il a toujours vue, bien malgré lui, comme un substitut d'Enrica... Que deviendra-t-il quand elle ne sera plus là ?

En parallèle, un tout autre problème se pose dans les dernières pages: Giacomo Dante est toujours là, et est réengagé par un ennemi que l'on croyait mort et enterré depuis longtemps, et qui est bien décidé à se venger du Bureau d'Aide Sociale qui lui a tout pris...

Permettant de cerner plus en profondeur la psychologie de Jean et José à travers un subtil flashback, ce douzième volume confirme également la lente chute de Henrietta, ce que ne manque pas de pressentir, elle aussi, sa plus proche amie Rico, et voit réapparaître l'un des grands ennemis de la série. Au vu du fait que la fillette présentée au début de la série comme l'héroïne risque fort de s'éteindre très bientôt, et de la dernière phrase du tome qui laisse envisager un futur affrontement monumental, le prochain volume, s'il ne se dresse pas comme le dernier de la série, risque fort d'y apporter de très grands bouleversements. Affaire à suivre. Et en attendant de le savoir, c'est à nouveau avec le coeur et l'esprit remplis d'émotions en tout genres que l'on finit la lecture de ce douzième opus qui ne déçoit en rien. A présent, l'attente jusqu'au prochain tome paraîtra plus longue que jamais.


koiwai


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
18 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs