Guerre et Paix - Actualité manga

Guerre et Paix : Critiques

Sensô to Heiwa

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 29 Septembre 2011

Europe, début du XIXème siècle. Napoléon, héritier de la révolution française, étend sa domination sur le continent de jour en jour. Demain aura lieu la bataille d’Austerlitz, qui rentrera bien plus tard dans l’histoire. Parmi les renforts venus de Russie pour aider la Prusse, André, un jeune officier, tombe au combat. Laissé pour mort par l’empereur, il retournera auprès des siens, relativisant la vacuité de ces batailles. Loin des combats, son ami Pierre s’inquiète d’avantage des fréquentations de sa femme, Hélène, et noie ses inquiétudes dans l’alcool. Entre les deux hommes virevolte une jeune femme naïve mais pleine de charme, Natacha, qui les entraine par sa force de caractère. Leurs destins s’entremêlent dans une société bouleversée par cette guerre, aux portes de leur pays…

En cette rentrée 2011, les éditions Soleil nous font découvrir deux nouveaux titres de leur collection classique. Parmi eux, Guerre et Paix, chef d’œuvre du célèbre écrivain Léon Tolstoï (1828-1910). Sous fond des guerres napoléoniennes et de la campagne de Russie de 1812, l’auteur narre les histoires croisées d’une foule de personnages de la société de l’aristocratie moscovite. Au travers de ces péripéties, Tolstoï délivre ses idées pacifistes et humanitaristes, avec un regard novateur sur le destin des Hommes et sur le fatalisme de l’Histoire.
Toutes ces notions auront, hélas, bien du mal à transparaître dans l’adaptation offerte par le studio Varietty Artworks, spécialiste du « manga de dokuha ».

Après Le rouge et le noir ou Les Misérables, nous commençons à comprendre la manière qu’à le studio de vulgariser les grandes œuvres de la littérature : la réduction des évènements en un seul tome de deux cents pages tend bien sur à la simplification du propos, mais jusque là, le collectif d’auteurs réussissait à faire ressortir les idées fortes de l’œuvre d’origine, pour que le lecteur ait envie de s’y plonger. Avec Guerre et Paix, cette mécanique d’essorage est sans doute trop explicite. Cela se ressentira tout d’abord au niveau des péripéties, qui s’enchaînent bien trop rapidement pour que le lecteur ait le temps de les apprécier à leur juste valeur. De même, les évènements concluant l’œuvre seront entraînés dans une accélération fatale, si bien que les pistes principales du récit semblent avoir été omises au passage. Pour pouvoir en retrouver une partie, il ne faudra se contenter que de belles paroles d’un prisonnier philosophe à ses heures perdues…

Le principal problème réside surtout dans les différents protagonistes. S’ils font preuve de moins de stéréotypes que dans Les Misérables, le récit ne s’attarde pas suffisamment sur chacun d’entre eux pour leur permettre de s’exprimer totalement. Le jeu des relations est lui aussi précipité, et l’on peine à ressentir l’impact de la disparition ou des traumatismes de certains d’entre eux, l’empathie étant proche du néant. Pourtant, certains promettaient de beaux départs, comme la délicieuse Natacha… Au final, le seul héros pouvant faire réagir le lecteur sera Napoléon lui-même, mais pas forcément pour le meilleur. Caricatural dans ses attitudes comme dans son design, l’empereur français figure ici d’un tyran manichéen sans grand relief. Quel affront pour notre chauvinisme !

Le one shot corrige légèrement le tir du point de vue graphique, avec un design assez réussi, bien que parfois exagéré. Les personnages sont reconnaissables au premier coup d’œil et laissent transparaitre leurs traits de caractère majeur, comme il est souvent de mise dans la collection. Les décors détaillés parviennent à nous plonger dans l’époque, mais on déplorera l’inconstance des scènes de batailles, confuses et sans grande intensité. L’édition de Soleil reste très satisfaisante, dans la lignée des précédents volumes avec un effort sur la retranscription des onomatopées. Quelques inversions de textes sont cependant à regretter par endroits.


Premier couac dans la collection Classiques, l’adaptation en manga de Guerre et Paix n’en est pourtant pas trop désagréable à lire, mais sera aussi vite oubliée une fois le tome refermé. La précipitation nécessaire dans ces versions de découverte se ressent ici trop fortement pour que l’on se sente impliqué. Au bout du compte, on n’en retiendra que les exagérations, notamment pour une de nos célèbres figures historiques. Des détails qui, finalement, ont leur importance !


Tianjun


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Tianjun
12 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs