Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 02 Janvier 2020
Kan Takahama est une artiste hybride, et qui rayonne de plus en plus chez nous. Entre œuvres autonomes et collaborations avec des auteurs français, elle est devenue une autrice fétiche des éditions Glénat avec Le dernier envol du papillon, Tokyo, Amour et Libertés, et plus récemment La lanterne de Nyx. En 2020, elle marquera une nouvelle fois son amour pour la France avec son adaptation de L'Amant de Marguerite Duras. Mais avant ça, en 2017, elle a signé une collaboration étonnante pour donner naissance à l'ouvrage Le Goût d'Emma.
Véritable collaboration franco-nippone, le one-shot est paru aux éditions Kôdansha, au Japon, avant d'avoir droit à son format physique chez nous aux éditions Les Arènes. Le titre est une biographie partielle d'Emmanuelle Maisonneuve, femme qui fut inspectrice pour le célèbre Guide Michelin. Ce pan de sa vie est adapté en récit par Julia Pavlowitch, spécialisée dans les parcours de femmes extraordinaires. Quant à Kan Takahama, c'est la partie dessin qu'elle a officié, pour un rendu totalement en couleur.
Jeune femme, Emmanuelle Maisonneuve, dit Emma, cherche a nouer boulot et passion. Adepte de la gastronomie depuis son enfance, elle s'est épanouie au contact du Guide Michelin, notamment lors de ses déplacements avec ses parents. C'est sur un coup de tête qu'elle postule en tant qu'inspectrice pour l'ouvrage, mais ne reçoit pas de réponse... Neuf mois plus tard, un entretien lui est proposé. Serait-ce là le début d'une vie nouelle et épanouissante ?
Véritable récit de voyage, Le Goût d'Emma propose un véritable périple à travers la France. Le nouveau travail d'Emma lui donne l'occasion de s'attabler à bien des établissements, tant d'occasion de présenter des régions différents et des plats qui mettent l'eau à la bouche. A l'heure où le manga culinaire trouve ses représentants forts dans des titres plus exagérés, destinés à un lectorat essentiellement adolescent, le one-shot apporte une couleur différente, qui met en relief un patrimoine précis, et dont l'authenticité pique notre curiosité et fait appel à la curiosité de nos papilles. Il y a alors un rythme assez addictif dans le récit, puisqu'on ne se lasse jamais des différentes étapes du voyage d'Emma.
Et outre cette dimension dépaysante et appétissante, Le Goût d'Emma a le mérite d'aborder un sujet totalement inédit en manga : le fameux Guide Michelin. Un ouvrage reconnu mais qui ne parle pas forcément au lectorat manga de l'hexagone, aussi, le thème brille par son côté inédit, et le fait qu'il soit extrêmement fouillé. Des différents protocoles aux difficultés et joies que connaitra Emma, le tout est abordé de manière complète, sans être spécialement enjolivé. C'est particulièrement intéressant, tout en nous questionnant sur le rapport entre passion et milieu professionnel, puisque l'amour sincère d'Emma pour la gastronomie ne signifiera pas systématiquement un quotidien qui se déroule pour le mieux.
A cela s'ajoute d'autres thématiques sous-jacentes, comme la manière dont Emmanuelle a entretenu sa vie amoureuse avec cet emploi qui lui demandait un temps conséquent, mais aussi des questionnements d'ordre plus féministe. Ainsi, la protagoniste sera parfois jugée et sous-estimée à cause de sa condition de femme. Il en résulte quelques tirades volontairement énervantes qui viennent nous bousculer, mais surtout un développement juste et passionnant d'Emma qui fera merveilleusement ses preuve tout le long de l'ouvrage. Sans être moralisateur, Le Goût d'Emma vient remettre les pendules à l'heure.
Enfin, il convient de saluer toute la beauté de l'ouvrage. Les éditions Les Arènes nous offrent un one-shot imprimé sur un papier épais, pour un récit intégralement en couleur. Le Goût d'Emma permet ainsi à Kan Takahama de développer autrement son art, la mangaka croquant magnifiquement différentes contrées de France (et d'ailleurs), avec un rendu coloré saisissant sans trop aller dans les flashy. Pour ceux qui suivaient jusqu'à présent les œuvres de la mangaka, c'est un régal.
Le Goût d'Emma est donc une excellente surprise, un véritable récit de voyage culinaire qui parvient à développer des thèmes sociétaux en filigrane, et de manière juste. A tout ceci s'ajoute le style de Kan Takahama, dont le charme est toujours présent et sublimé par la mise en couleur. En tant que manga, l'oeuvre est particulièrement dépaysante, raison pour laquelle le one-shot est particulièrement accessible aussi à un lectorat non habitué au format.
Véritable collaboration franco-nippone, le one-shot est paru aux éditions Kôdansha, au Japon, avant d'avoir droit à son format physique chez nous aux éditions Les Arènes. Le titre est une biographie partielle d'Emmanuelle Maisonneuve, femme qui fut inspectrice pour le célèbre Guide Michelin. Ce pan de sa vie est adapté en récit par Julia Pavlowitch, spécialisée dans les parcours de femmes extraordinaires. Quant à Kan Takahama, c'est la partie dessin qu'elle a officié, pour un rendu totalement en couleur.
Jeune femme, Emmanuelle Maisonneuve, dit Emma, cherche a nouer boulot et passion. Adepte de la gastronomie depuis son enfance, elle s'est épanouie au contact du Guide Michelin, notamment lors de ses déplacements avec ses parents. C'est sur un coup de tête qu'elle postule en tant qu'inspectrice pour l'ouvrage, mais ne reçoit pas de réponse... Neuf mois plus tard, un entretien lui est proposé. Serait-ce là le début d'une vie nouelle et épanouissante ?
Véritable récit de voyage, Le Goût d'Emma propose un véritable périple à travers la France. Le nouveau travail d'Emma lui donne l'occasion de s'attabler à bien des établissements, tant d'occasion de présenter des régions différents et des plats qui mettent l'eau à la bouche. A l'heure où le manga culinaire trouve ses représentants forts dans des titres plus exagérés, destinés à un lectorat essentiellement adolescent, le one-shot apporte une couleur différente, qui met en relief un patrimoine précis, et dont l'authenticité pique notre curiosité et fait appel à la curiosité de nos papilles. Il y a alors un rythme assez addictif dans le récit, puisqu'on ne se lasse jamais des différentes étapes du voyage d'Emma.
Et outre cette dimension dépaysante et appétissante, Le Goût d'Emma a le mérite d'aborder un sujet totalement inédit en manga : le fameux Guide Michelin. Un ouvrage reconnu mais qui ne parle pas forcément au lectorat manga de l'hexagone, aussi, le thème brille par son côté inédit, et le fait qu'il soit extrêmement fouillé. Des différents protocoles aux difficultés et joies que connaitra Emma, le tout est abordé de manière complète, sans être spécialement enjolivé. C'est particulièrement intéressant, tout en nous questionnant sur le rapport entre passion et milieu professionnel, puisque l'amour sincère d'Emma pour la gastronomie ne signifiera pas systématiquement un quotidien qui se déroule pour le mieux.
A cela s'ajoute d'autres thématiques sous-jacentes, comme la manière dont Emmanuelle a entretenu sa vie amoureuse avec cet emploi qui lui demandait un temps conséquent, mais aussi des questionnements d'ordre plus féministe. Ainsi, la protagoniste sera parfois jugée et sous-estimée à cause de sa condition de femme. Il en résulte quelques tirades volontairement énervantes qui viennent nous bousculer, mais surtout un développement juste et passionnant d'Emma qui fera merveilleusement ses preuve tout le long de l'ouvrage. Sans être moralisateur, Le Goût d'Emma vient remettre les pendules à l'heure.
Enfin, il convient de saluer toute la beauté de l'ouvrage. Les éditions Les Arènes nous offrent un one-shot imprimé sur un papier épais, pour un récit intégralement en couleur. Le Goût d'Emma permet ainsi à Kan Takahama de développer autrement son art, la mangaka croquant magnifiquement différentes contrées de France (et d'ailleurs), avec un rendu coloré saisissant sans trop aller dans les flashy. Pour ceux qui suivaient jusqu'à présent les œuvres de la mangaka, c'est un régal.
Le Goût d'Emma est donc une excellente surprise, un véritable récit de voyage culinaire qui parvient à développer des thèmes sociétaux en filigrane, et de manière juste. A tout ceci s'ajoute le style de Kan Takahama, dont le charme est toujours présent et sublimé par la mise en couleur. En tant que manga, l'oeuvre est particulièrement dépaysante, raison pour laquelle le one-shot est particulièrement accessible aussi à un lectorat non habitué au format.
28/02/2018 