Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 29 Juillet 2009

Deux lycéens en apparence sans histoires. Itsuki Kamiyama est un garçon plutôt apprécié par ses camarades, tandis que Yoru Morino est une fille réservée et discrète, derrière ses longs cheveux d’ébène. C’est alors que ces deux êtres vont se découvrir une passion commune, leur fascination pour la mort. Ensemble, ils vont se prendre de passion pour les faits divers les plus morbides et sanglants qui s’accumulent dans la société qui les entoure...

Goth est un one-shot japonais basé sur un recueil de six nouvelles, Goth: le coupeur de mains, de l’auteur Otsuichi, qui écrit principalement des nouvelles d’horreur ou fantastiques. L’adaptation est réalisée par Kenji Oiwa, qui réalisera un an plus tard la version manga de Bienvenue dans la NHK. Son trait assez fin et noir rend parfaitement honneur à l’ambiance sombre de ces œuvres, sans compter le découpage de cases, assez sobre mais offrant un rythme particulier à la narration.

Le mot « goth » évoque généralement une culture basée sur une esthétique sombre et macabre, avec des codes vestimentaires très prononcés (tenues noires, crucifix, crânes,…). Ici, l’intention de Otsuichi était de présenter une fascination pour la mort par les jeunes héros bien plus intrinsèque, en effet Itsuki et Yoru sont en apparence des jeunes gens très classiques. Ainsi, le lecteur cherchant une description du mouvement gothique que l’on a l’habitude de voir pourra être déçu. Cependant, l’aspect malsain de l’ensemble ressortira d’avantage par la psychologie des protagonistes. Le tome comporte néanmoins des scènes très glauques, dans la même veine qu’un MPD Psycho, et n’est résolument pas à mettre entre toutes les mains.

La narration accuse néanmoins de très larges faiblesses, et utilises des ficelles scénaristiques poussives; pour les trois premiers chapitres sur cinq, on retrouve un schéma assez redondant : les deux jeunes gens enquêtent sur un fait divers macabre, lié à un tueur en série. Et il se trouve que « par hasard », chaque pyschopathe prendra à son tour Yoru pour cible, devenant une sorte de princesse à libérer. Au final, Itsuki arrive à dénouer l’affaire on ne sait trop comment et finira par sauver la belle, alors qu’au fond de lui il ne pense qu’à la tuer… Ainsi, ces histoires qui auraient pu faire le soin d’investigations approfondies se retrouvent hachées par leur rythme effrénée, et peu enthousiasmantes du fait de leur redondance. Seule la dernière histoire, s’étalant sur deux chapitres, suscitera notre intérêt, d’autant plus qu’elle est liée au passé de Yoru, offrant ainsi beaucoup de profondeur au personnage qui ne s’était encore que peu dévoilée.

Du côté de l’édition, un effort de présentation a été fourni par Pika qui semblait miser beaucoup sur cet opus de son label Sempai. Ainsi, malgré quelques fautes d’orthographe, on se retrouve avec un ouvrage de qualité, avec glaçage de la silhouette du héros sur la couverture, une tranche totalement colorée en noir et une police d’écriture inhabituelle. Mais à la lecture de ce manga, on peut se demander si tout cet habillage était justifié. Le récit a pris le contrepied de ce que pouvait attendre le lecteur en proposant d’avantage un thriller qu’une étude du comportement des deux héros, au final assez attendue et rapidement survolée. L’idée aurait pu être bonne si les auteurs avaient pris le parti d’étaler cette histoire sur plusieurs tomes, car l’ambiance assez malsaine était très prometteuse. Dommage.
 
 
Tianjun

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Tianjun
13 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs