Gosick Vol.1 : Critiques

"Le voyageur du printemps apportera la mort..."

Nous sommes en 1924, dans un petit pays nommé Sobure, niché au cœur des montagnes savoyardes à la frontière de la France, de la Suisse et de l'Italie. Kujô Kazuya est un jeune collégien japonais, venu dans ce pays au sein d'une école de haut niveau, dans laquelle il a du mal à se faire aimer, par les fils de riches qui détournent le regard à son passage. Un jour, il est le témoin malheureux d'un accident de moto mortel, qui a toutes les allures d'un crime, le pilote étant retrouvé décapité ! Devenant alors le principal suspect, il devra prouver son innocence, et pour cela son destin le mène à la rencontre de Victorica. Jeune fille aux allures de poupées, cette dernière vit recluse et se trouve dotée d'une grande intelligence et d'un fort esprit de déduction. A moins qu'il ne s'agisse de véritables dons de divination... ?

Les éditions Soleil continuent d'explorer l'univers des séries gothiques avec Gosick, série du mensuel Dragon Age qui a connu des séries d'actions survitaminées voire explosives comme Fullmetal Panic, Variante ou encore Highschool of The Dead. Pourtant, il ne faut ici pas s'attendre à un tel cocktail : le scénario de Kazuki Sakuraba (que nous retrouverons l'an prochain dans A lollypop or a bullet) est d'avantage propice à quelque chose de beaucoup plus calme, porté sur les investigations de Victorica, sans oublier une pointe de fantastique. En outre, les premiers moments avec la série sont assez prometteurs, avec certains détails rappelant Rozen Maiden pour ses poupées, ou XXX Holic pour le personnage de la voyante fumant la pipe...

Là où les choses commencent à se gâter, c'est au niveau du graphisme. Le trait de Sakuya Amano n'est pourtant pas désagréable, loin de là : le travail sur les décors ou les vêtements est saisissant, et le tramage est vraiment réussi. Les personnages sont quant à eux assez expressif, très mignons et... attendez, mignons ? Dans une série qui parle de meurtres et de cadavres dans le placard ? Le hic est bien là : en arborant un style aussi léger et enfantin, il est très difficile de s'accrocher aux évènements qui sont censés être morbides. Prenons pour exemple la scène du motard décapité. Tout enfant d'une douzaine d'années serait traumatisé par cet épisode. Kujô, lui, est... dessiné en SD, en songeant "j'aurais mieux fait de rester dans mon pays !". L'enquête est quant à elle confiée à un autre gamin, excentrique et affublé d'une coiffure ridicule.

Dès lors, on ne sait plus par quel bout prendre la série. Comédie ? Non, les moues boudeuses de Victorica et les quelques extravagances de certains prêtent à esquisser un sourire, mais cela reste juste sympathique. Thriller ésotérique ? La jeune demoiselle dénoue toute seule les intrigues, et l'ambiance ne se prête pas à se faire emporter par le suspens. Décidément, seul le mignon et le sucré émerge de ce premier tome, qui joue la carte du gothique et du victorien juste pour faire joli, mais sans aller plus loin. Les évènements s'enchainent sans grande cohérence, et finissent par provoquer lassitude, si ce n'est la somnolence.

L'édition de Soleil est à l'image du reste : une couverture soignée, travaillé avec un joli vernissage, et des premières pages couleurs chatoyantes. Mais dès lors que l'on arrive aux pages normales, le soufflé retombe. Et la platitude de la narration ne fera, hélas, que détecter plus facilement les quelques coquilles.

Finalement, Gosick ne fait que grossir les rangs d'un catalogue de séries gothiques commençant à devenir conséquent. Un peu touche à tout, le manga n'arrivera pas à se forger une identité propre, et risque même de ne convenir qu'à peu de monde, tant son caractère gentillet ne se prête pas à ce genre d'intrigues. Espérons que le récit arrive à s'enflammer par la suite, et que la narration se durcisse un peu.

Tianjun