Goodbye Irony Dress - Actualité manga
Goodbye Irony Dress - Manga

Goodbye Irony Dress : Critiques

Irony Dress ni Sayonara

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 29 Décembre 2020

Le mois de novembre a vu le catalogue boy's love des éditions Taifu Comics accueillir Ayato Miyoshi, une mangaka jusque-là inédite en France, bien que sa carrière dure depuis déjà quasiment dix ans et soit riche d'une quinzaine d'oeuvres professionnelles (sans compter, côté amateur, un paquet de doujinshi, notamment autour des animes Hetalia et Yuri!!! On Ice). Prépubliée au Japon en 2014 sous le titre Irony Dress ni Sayonara dans le magazine Gateau des éditions Ichijinsha (le magazine de My Hero's Dream, Stay Gold, Hitorijime My Hero...), Goodbye Irony Dress est une mini-série en 5 chapitres compilés en un seul tome d'environ 60 pages.

Tout commence quand Meguru Asaoka, 29 ans, est de retour à la maison familiale pour les funérailles de sa mère, soudainement décédée. Cette mère, il n'était quasiment jamais revenu la voir depuis qu'il avait quitté la maison pour l'université, et il n'a jamais été capable de lui avouer qu'il est gay. C'est dans ce contexte qu'il fait la rencontre d'un jeune voisin, lycéen de 17 ans qui se fait appeler Megumi, mais dont le vrai nom est Keiichi Amano. La première rencontre est assez étonnante pour Meguru, puisque Keiichi se balade en jupe, en tenue de lycéenne, tenue dans laquelle il ne lui semble pas du tout à l'aise. Et pour cause: ce choix vestimentaire n'est aucunement une décision de sa part, mais une chose imposée par sa mère, depuis le jour où l'adolescent a trouvé le courage de lui faire son coming out. Entre l'adulte qui n'a jamais su dire la vérité à sa mère à présent défunte, et l'ado qui a osé l'avouer mais pour des conséquences délicates, un lien étroit va alors se tisser. D'autant que Meguru va désormais habiter dans la maison de sa mère où il peut exercer sans souci son travail d'écrivain, et que Keiichi a bien connu Madame Asaoka, alias "Sasa", qui fut d'une grande aide pour lui.

On le sent bien, assez vite à la lecture: Goodbye Irony Dress est un récit dont les thématiques se veulent assez complexes et qui, dès lors, fourmille de sujets intéressants, en tête desquels le rapport différent de deux hommes à leur homosexualité vis-à-vis de leur mère.
D'un côté, on a Keiichi, adolescent à qui sa mère a imposé le port de l'uniforme féminin depuis qu'il lui a avoué être gay... mais pour quelle raison exactement ? On entrevoit au fil de la lecture une mère qui cherche à se camoufler la vérité, à se dire qu'elle arrive à accepter son fils tel qu'il est, alors que dans le fond ce n'est pas du tout le cas: en réalité, elle ne peut pas et ne veut pas comprendre qu'un homme puisse aimer un autre homme. Alors que Keiichi, lui, voudrait juste être lui et être accepté pour ce qu'il est, sans avoir besoin de porter cette jupe censée lui servir de "bouclier" mais qui lui pose encore plus de problèmes puisque, au lycée, les brimades vont bon train de la part de certains camarades.
D'un autre côté, on a Meguru, adulte, certes, et de ce fait doté d'expérience contrairement à notre innocent ado, mais n'ayant pourtant jamais été capable de faire son coming out à une mère désormais morte... mais cette maman en question était-elle duper ? N'attendait-elle pas que son enfant lui en parle ? C'est à travers Keiichi, qui parlait beaucoup avec "Sasa", que l'écrivain pourra peut-être mieux comprendre sa mère...

Ayato Miyoshi aborde efficacement ses sujets, et convainc très facilement de ce côté-là... mais si certains boy's love donnent l'impression d'être trop rapides et trop courts, c'est malheureusement particulièrement le cas avec se récit qui, au vu de la complexité de ses sujets, défile vraiment trop vite. En 160 pages (et encore, en comptant le petit chapitre bonus, car sinon on est plus sur du 150 pages), l'autrice n'a pas l'occasion de tout approfondir comme il se doit: on aurait forcément aimé en voir plus sur l'acceptation de ces deux héros, sur l'évolution de leur relation vers l'amour (qui, ici, apparaît un peu expéditive)... Tout ceci a du sens au vu des thèmes, mais c'est rapide. Notons toutefois qu'il n'y a, fort heureusement, rien de malsain entre Meguru et Keiichi: l'un étant adulte et l'autre ado, et étant tous deux séparés par 12 ans d'âge, les choses auraient pu tourner bizarrement, mais la mangaka fait très attention à ça puisque aucune relation ne sera consommée avant que Keiichi n'ait l'âge, d'autant que Meguru ne le brusquera jamais.

En somme, Goodbye Irony Dress est typiquement le genre de one-shot qui laisse un petit goût de trop peu: les sujets sont assez complexes et abordés avec intelligence en étant un vrai leitmotiv de l'oeuvre, mais le nombre de pages est un poil insuffisant. Un ou deux chapitres de plus auraient peut-être suffi pour séduire pleinement, mais il reste qu'on a là une oeuvre vraiment intéressante et bien tournée dans ses thématiques.

L'édition française, elle, est satisfaisante. La jaquette est très proche de l'originale japonaise, le papier ainsi que l'impression sont de bonne facture, et la traduction de Margot Maillac est claire.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.75 20
Note de la rédaction