From the Children's Country Vol.1 - Actualité manga
From the Children's Country Vol.1 - Manga

From the Children's Country Vol.1 : Critiques

Kodomo no kuni yori

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 28 Février 2022

La course effrénée aux nouveautés (au risque de noyer un paquet de titres dans la masse) se poursuit aux éditions Meian, et semble même s'être intensifiée depuis le début de l'année 2022: ainsi, même s'il faut rappeler qu'il y a dans le tas quelques titres initialement prévus fin 2021 avant d'être reportés, ce sont déjà 7 oeuvres qui ont été lancées cette année chez l'éditeur, en seulement deux petits mois. Dans ce flot de nouveautés, Meian a heureusement au moins le mérite de varier un peu les plaisirs, entre la tranche de vie romantique agréable de Shikimori n'est pas juste mignonne, les contes de MAGICA, la comédie vidéoludique d'AR/MS, l'isekai de Failure Frame, le récit plus sulfureux L'amie de ma fille... sans oublier le registre horrifique à travers le manga qui nus intéresse dans ces lignes, From the Children's Country.

De son nom original Kodomo no Kuni yori (dont le titre en anglais de l'édition française est une traduction littérale), ce récit bouclé en 2 volumes a été prépublié au Japon d'avril à décembre 2020 dans le magazine numérique Magazine Pocket des éditions Kôdansha. On le doit à Naoto Akiyama, dont ce fut a priori la première (et à ce jour la seule) série.

Nous voici plongés ici aux côtés de Hajime Arakawa, un adolescent de 14 ans en dernière année de collège comme les autres, partagé entre des soucis familiaux (sa mère l'élève seule depuis la mort de son père), ses inquiétudes face à l'avenir (malgré ses bonnes notes, il aimerait arrêter ses études avant le lycée pour travailler et aider sa mère), et ses connaissances à commencer par son amie d'enfance Saeko Izawa qui s'inquiète pas mal pour lui. Parsemé de doutes, le quotidien du jeune garçon semble toutefois classique, et l'adolescent essaie généralement de ne pas trop s'en faire, en attendant le jour où il deviendra tout naturellement adulte... Mais adulte, aura-t-il vraiment l'occasion de le devenir ? Le destin semble vouloir en décider autrement quand, un jour où il s'est disputé avec sa mère en regrettant rapidement ses paroles méchantes, Hajime, Saeko et tout le monde en ville vivent un séisme dévastateur, suivi par l'apparition de suites de chiffres "0" et "1" dans le ciel. Mais là n'est pas le plus inquiétant, car rapidement, notre héros et son amie constatent avec effroi que les adultes, y compris sa propre mère, ne sont plus du tout les mêmes, en étant visiblement tous devenus des monstres avides de sang, de manière inexplicable...

Démarrant rapidement avec une long premier chapitre posant bien les bases et donnant immédiatement le ton, From the Children's Country est un récit d'horreur qui pourrait bien tirer son épingle du jeu pour une idée en particulier: l'installation d'un monde "post-apocalyptique" où le danger ne vient pas d'entités extérieures, mais des adultes eux-mêmes, ceux-ci ayant tous été mystérieusement transformés en monstres et s'en prenant aux enfants, y compris leur propre progéniture. Ainsi, d'emblée, Hajime se retrouve à devoir faire face à sa propre mère qui n'a plus grand chose d'humain hormis quelques paroles répétées en boucle et qui cherche tout bonnement à tuer quiconque se trouve devant elle. L'effroi suscité par l'oeuvre provient avant tout de là: les êtres dont les enfants doivent désormais se méfier sont des visages qui leur sont parfois très familiers: les parents, les professeurs... mais est-il si facile de se confronter à des êtres que l'on a parfois chéris ?

Sur cette dernière question, les avis semblent divergents, surtout dès que Hajime et Saeko trouvent refuge dans leur collège en compagnie d'autres enfants/adolescents qui, eux, ont des avis bien différents: si un garçon comme Naoto est un peu comme Hajime en ressentant un déchirement à l'idée de devoir affronter ses parents, il s'avère que le leader du groupe (entre autres) a, de son côté, un comportement radicalement différent, en prônant la mise à mort de tous les adultes pour survivre, sans autre forme de procès, sans chercher d'autre solution... Est-ce pour imposer son leadership ? Pour essayer de s'affirmer lui-même en tant que futur adulte ? Par haine envers les adultes pour des raisons mystérieuse ?

Sans être très mises en avant, ces différentes questions nous viennent naturellement en tête, et sont évidemment très loin d'être les seules interrogations à se poser. Forcément, des questions se bousculent à plus grande échelle. Cette catastrophe touche-t-elle seulement la ville ou est-elle plus étendue ? Pourquoi les adultes se sont-ils soudainement transformés ? Y a-t-il un moyen de faire revenir les choses à la normale ? Pourquoi ce tremblement de terre et ces chiffres dans le ciel ? Pour le moment, le mangaka n'essaie aps beaucoup d'intriguer sur tout ça, et n'apporte aucune réponse... ce qui pourrait être un problème pour la suite: la série étant voué à s'achever dès le deuxième volume, on se demande vraiment comment Akiyama parviendra à boucler correctement le tout.

Mais dans l'immédiat, ne boudons pas notre plaisir, car cette première moitié de série accomplit sans mal sa fonction première de divertissement sous haute tension, entre un rythme soutenu et incisif où les événements dur s'enchaînent pour nos jeunes héros, un dessin assez classique mais expressif, soigné et ménageant bien certains effets pour nous plonger de plus belle dans l'ambiance (entre autres, certains élans assez gores où l'innocence enfantine est brisée)... sans oublier la manière dont l'idée de base permet au mangaka de s'interroger, même si c'est brièvement et en filigranes, sur la différence entre enfant et adulte (à partir de quel moment peut-on se dire adulte ?), sur la difficulté du passage à ce fameux "âge adulte", sur tous les problèmes que l'âge adulte peut poser, et sur la manière dont cela peut se répercuter sur les enfants (la maman de Hajime a perdu son époux, le père de Saeko s'est a priori pendu si on en croit un très bref flashback, le père de Naoto est un alcoolique parfois violent, le prof en début de tome n'a en réalité aucune considération pour son élève derrière ses belles paroles...).

Alors, en étant ainsi livrés à eux-mêmes, comme les enfants pourront-ils s'en sortir ? Espérons que toutes les réponses seront au rendez-vous dans le deuxième et dernier volume (ce qui semble plutôt compliqué, ne nous mentons pas), mais en attendant de voir ça ce premier tome se lit tout seul.

Du côté de l'édition française, on appréciera en premier lieu d'avoir droit à un grand format (14,8x21cm) pour un prix de seulement 6,95€ ! Mais soulignons aussi le papier souple et sans transparence permettant une honnête qualité d'impression, le lettrage très soigné de Mickaël Ponsard, la traduction fluide de Célia Chinarro, et la jaquette bénéficiant d'un marquage doré sur le logo-titre.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.75 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs