Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 17 Novembre 2022
La recherche de son père disparu par la jeune pianiste Sumi Matsuno a en réalité révélé un profond désir de vengeance de la jeune femme envers ce paternel castrateur, dont elle a décidé de récupérer le bois afin d'en faire un piano. Surprenante, cette issue pousse Toshiro à s'interroger sur son rapport à sa propre mère, femme sénile et agressive qu'il a laissée en plan. Si bien qu'avec la paie de sa première mission, en plus de combler ses dettes, il entreprend difficilement de revoir cette figure maternelle pour ensuite essayer de lui offrir une "retraite" décente, elle qui a toujours vécu dans la dèche avec son fils. Le tout, non sans recevoir le conseil d'une plante précisément installée chez le vieille dame, ce qui permet à Kasumi Yasuda d'encore intensifier, subtilement, la forte présence des sanctiflores dans ce monde d'anticipation.
Après ça, le jeune homme en vient tout naturellement à ce questionner sur la place qu'il doit ou qu'il peut avoir, en attendant sa transformation totale dans deux ans. Il souhaite réfléchir à comment passer ses deux dernières années, au point de rejeter la mission que lui avait proposée Yomiko sur la jeune fille transflorée ayant décidé d'atteindre le Pôle Sud. A partir de là, le mangaka va en profiter pour croquer efficacement deux choses.
Tout d'abord, le lien exact qu'a notre héros avec Yomiko, cette amie d'enfance souvent un peu taciturne, cette fille qu'il connaît depuis toujours et qu'il admire malgré tout, et enfin cette bosseuse sérieuse récemment devenue une sorte de collègue à l'institut de transfloraison. Mais Yomiko elle-même se dévoile aussi un peu plus, notamment à travers un petit flashback nous faisant remonter 17 ans en arrière, à l'époque de son enfance, en nous faisant bien sentir le poids que faisait peser sur elle son père (aaaah, l'enfer du parcours scolaire qui se doit d'être irréprochable) mais aussi ce que Toshiro, avec son mélodica et son côté plus "insouciant", a pu lui apporter de libérateur. Autant dire que la jeune femme gagne vite et bien en nuance, en intérêt et en attachement, ce qui nous impliquera d'autant plus dans les rebondissements qui marqueront les dernières dizaines de pages du tome, mais nous n'en dirons pas plus à-dessus afin de ne rien gâcher.
Ensuite, la place que Toshiro pourrait prendre, à l'heure où il se questionne sur ce qu'il doit faire de ses deux dernières années et où, par la même occasion il apporte quelques réflexions sur le sens de la vie ou sur le sens que l'on veut donner à sa vie. Ce sens, peut-être en trouvera-t-il les prémisses dans une sordide affaire de meurtres en série ayant récemment frappé plusieurs familles humaines, avec souvent les mêmes caractéristiques: enfants et adultes y passent, il n'y a aucune trace du criminel sur les lieux... S'agirait-il d'un humain en cours de métamorphose ? Les éléments de réponses commençant à se dessiner vont s'avérer passionnants pour une raisons précise: ils enrichissent considérablement l'univers d'une série qui était déjà très riche, l'auteur ayant un don pour évoquer un paquet de choses, des plus petites (comme le whisky artificiel, le genre de petit détail rendant encore plus crédible l'univers) aux plus importantes et prometteuses: l'humain qui subsiste derrière les plantes, la possible émergence d'une menace d'un nouveau genre, l'existence d'un mouvement anti-transfloraison qui gagnera à coup sûr en importance...
A tout cela, il faut ajouter ces fameuses dernières dizaines de pages cruciale, ainsi que les nouvelles prouesses visuelles d'un mangaka qui essaye beaucoup de chose côté découpage et mise en scène avec, toujours, beaucoup de réussite. Et à l'arrivée, on obtient un deuxième tome encore meilleur que le premier: l'univers de Fool Night s'étoffe sans négliger ses principaux personnages et ses thématiques, et ça nous promet le meilleur pour la suite !