Fleurs du mal (les) Vol.8 - Actualité manga
Fleurs du mal (les) Vol.8 - Manga

Fleurs du mal (les) Vol.8 : Critiques

Aku no Hana

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 14 Mars 2018

Critique 2


Habitant désormais une autre ville, Takao est devenu un lycéen amorphe, se fondant comme il peut dans la société, riant de manière forcée aux histoires de ses camarades de classe, observant d'un oeil désabusé l'éclatement de la relation entre ses parents... et vivant toujours, quelque part, avec l'ombre de Sawa dont il n'a plus jamais eu de nouvelles après l'incident du festival de quartier. Une vie complètement normalisée, que désormais il ne tente plus de fuir. Les jours se suivent, se ressemblent, lui laissent un goût amer qu'il garde pour lui... jusqu'au jour où, en jetant un oeil dans une librairie, il croise Aya Tokiwa, belle et populaire camarade de classe, qui ressemble un peu à Sawa... et qui tient le livre Les Fleurs du Mal de Baudelaire entre ses mains ! Rapidement, les deux lycéens nouent une relation d'amitié, autour de leur passion commune pour la littérature. Ils se prêtent des livres, Takao apprend qu'Aya est sur un projet de roman, peu à peu il retrouve sa passion pour la littérature qu'il avait abandonnée depuis longtemps... et ainsi, il semble enfin se passionner pour quelque chose et retrouver un intérêt pour la vie qu'il avait voulu quitter avec Sawa pendant la fête. Mais quand Aya invite Takao dans sa chambre et que son petit copain l'apprend, ce dernier ne semble pas bien accueillir la nouvelle, et passe chez elle à l'improviste...


Le début du volume est marqué par l'entrée en scène de Koji Fujiwara, le petit ami d'Aya, en terminale au lycée nord. Il arrive en scooter, a un regard sûr de lui... paraît donc être le contraire de Takao, qui choisit de rester encore et toujours effacé, dit qu'il va prendre ses distances avec Aya pour ne poser aucun problème... Face à Koji, Takao affirme n'être qu'un fantôme sans intérêt, un de plus dans la masse grouillante d'êtres. Et il est également brièvement amené à évoquer ce qu'il pense d'Aya, avec incertitude: voit-il en Aya l'ombre d'une autre fille qui a tant marqué ses années de collège ? Quoi qu'il en soit, avec son abord franc et avenant, Koji semble désireux de lui pardonner d'être entré dans la chambre d'Aya... mais est-ce vraiment le cas ? Et Aya dans tout ça, que pensera-t-elle de cette situation ridicule ?


Pour y répondre, Shûzo Oshimi va alors nous offrir un passage à la fois bref et très évocateur dans ce que la bande à Koji appelle leur QG, et où Takao se retrouve invité. Très vite, l'auteur installe une ambiance très réussie, où l'on ressent un profond malaise en s'identifiant à Takao. Lui qui reste toujours effacé, le voici au beau milieu d'un groupe, dans un espace restreint et étouffant, encerclé par les discussions un peu stériles auxquelles il préfère ne pas participer, pris de haut, qualifié de bizarre, subissant d'incessants "hahaha" qui semblent cacher du vide... Face à la situation, Aya risque bien d'avoir une réaction à même de faire tomber les masques pour révéler des coquilles vides.


"Je crois... que je me force depuis longtemps à être quelqu'un d'autre..."


Un masque imposé par les autres, par la société, et qui cache le vrai soi. Ce que Takao et Sawa e supportaient plus au collège. Face à Aya qu'il semble comprendre de mieux en mieux, voilà que les anciens tourments de Takao reviennent devant lui... mais peut-être dans une optique différente ? En effet, sa passion commune avec Aya pour la littérature semble l'avoir sauvé, lui avoir redonné un intérêt pour la vie. Et quand il découvre le projet de roman d'Aya qui ressemble beaucoup à ce qu'il a vécu et qui a un décor similaire à son ancienne ville, il est ému. Une chose est sûre : sa réaction à cet instant-là est importante, autant pour lui que pour Aya.


Voici, alors, que Takao, si effacé et "fantomatique", a à nouveau de l'impact sur quelqu'un et un intérêt, choses qui pourraient lui permettre d'avancer... à moins qu'une vieille connaissance de l'époque du collège ne réapparaisse devant lui, et que les Fleurs du mal s'entrouvrent à nouveau. Ce retour, bien qu'un peu facile (combien y avait-il de chances qu'ils se recroisent ainsi ?), est intéressant, non seulement pour ce qu'il dit de l'ancienne connaissance en question (dont le petit ami ressemble à Takao, preuve qu'elle-même n'est pas encore totalement "guérie" de tout ce qui a pu se passer au collège), mais surtout pour l'impact que ça a sur Takao, remis face à son passé, face à ce qu'il a fait, et face à l'éternelle ombre de Sawa.


La nouvelle direction du récit se confirme et gagne en intérêt, en réflexion sur les personnages et leurs tourments adolescents sur leur place en société. Nouvelle direction qui se retrouve aussi dans les changements visuels bluffants effectués par Oshimi, notamment pour ses décors et ses ciels un peu crayonnés qui apportent parfois une atmosphère indescriptible.


Critique 1


Suite à l'échec du plan de Takao et Sawa, la famille du jeune homme a choisi d'aménager en métropole. Les années ont passé, et Takao s'est enlisé dans un quotidien nouveau, mais vide, où il ne semble pas trouver sa place... Jusqu'à sa rencontre avec Aya, une camarade de lycée, belle fille de son établissement, qui cache un goût très prononcé pour la lecture. Tous deux en viennent à sympathiser et partager leur passion, Aya confie même à Takao qu'elle planche sur l'écriture d'un roman. La situation prend un autre tournant quand le petit-ami d'Aya vient la chercher, chez elle, alors que Takao se trouve dans sa chambre...


Les Fleurs du Mal, l’œuvre de Shuzo Oshimi, a toujours utilisé quelques ficelles de la comédie sentimentale, le triangle amoureux dans le premier arc, pour développer sa propre intrigue et explorer ses propres thématiques, à travers des adolescents cherchant leur place dans le monde. Cette suite ne déroge pas à la règle, mais développe un cadre nouveau : Sawa n'est plus là, mais la belle Aya devient l'intérêt de Takao, quand le petit-ami de l'adolescent entre en scène. Décortiquant les rapports dans ce nouveau triangle, l'auteur va une nouvelle fois opposer plusieurs des intéressés face à la « normalité » du monde. En résulte toute une première séquence propice au malaise, un malaise ressenti par Takao et communiqué au lecteur qui sent que le jeune homme n'a pas sa place au milieu d'individus qui ne raisonnent pas comme lui. Outre cette sensation particulière, tout l'intérêt de la séquence vient aussi de la mise en avant d'Aya, loin d'être la fille superficielle qu'on aurait pu croire au début du tome précédent et qui, à l'instar de Takao, s'insère au milieu des autres en cachant sa vraie nature, celle d'une passionnée de littérature, ne trouvant pas sa place au milieu d'autrui.


Aya est donc vite montrée comme une figure passionnante et touchante, et relance l'intérêt d'un Takao qui trouve autrui pour communiquer. Rien n'est pourtant aussi simple qu'une histoire d'amour, au contraire même, Aya se présentant surtout comme une lueur d'espoir permettant à Takao de revivre après les événements du premier arc. L'alchimie fonctionne à merveille et très vite, on se prend de passion pour le duo, tout en restant curieux de voir jusqu'où ils iront.


Le nouvel arc demeure alors très différent du premier. Explorant des thèmes communs, parlant aussi bien d'adolescence que de « normalité », mais aussi de notre place dans la société, le ton se veut moins particulier, peut-être plus doux aussi, tout en restant cohérent par rapport à la première partie de l'histoire. Pourtant, Shuzo Oshimi ne renie pas le passé de sa série, loin de là. Un événement inattendu fait office de rebondissement dans le dernier segment, ramenant un ancien personnage qui offre un face à face avec Takao riche en intensité. Alors, le malaise du protagoniste est de nouveau présent, le discours de ce fameux personnage ne manque pas de heurter, et on ne peut s'empêcher d'éprouver une certaine colère envers celui-ci. Reste que le tremplin entre les deux arcs est alors idéal : l'évolution de Takao est évidente, mais celui-ci ne parvient pas à oublier Sawa pour autant. On soupçonne alors l'auteur de vouloir aller plus loin dans le lien entre les deux parties de l'histoire, des interrogations qui seront confirmées, ou non, dans les volumes à venir. Sachant qu'après ce huitième opus il ne reste que trois tomes à la série pour se conclure, il est fort probable que les événements de la suite propulseront de nouveau l'histoire. Tout un programme, il y a de quoi avoir hâte !


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

16 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs