En scène ! Vol.2 - Actualité manga
En scène ! Vol.2 - Manga

En scène ! Vol.2 : Critiques

Kenran taru grande scene

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 24 Février 2017

Kanade a la chance de pouvoir tenir le rôle de Cupidon dans le ballet Don Quichotte, et sa performance risque bien de faire naître quelque chose en elle. Car les spectateurs, en plus d'apprécier l'idée d'offrir le rôle du facétieux dieu de l'amour à une enfant, sont surtout séduits par le bonheur évident de notre héroïne sur la scène. Sa joie se ressent à tel point qu'elle aimerait pouvoir prolonger cet instant, elle arrive à donner de la vie au personnage et séduit même si son rôle n'est pas le plus important. Mais au sein du public se trouve également une jeune fille qui n'est pas n'importe qui : Sakura Kurisu, tête d'affiche de l'école de danse Kurisu tenue par sa mère, et vedette des concours juniors, observe une façon de danser trop scolaire chez Shoko, tandis que Kanade semble l'intéresser... même si elle lui affirme qu'elle n'a pas le niveau. Mais aucun découragement chez Kanade, bien au contraire...

Ce deuxième tome d'En Scène! est assurément marqué par l'apparition de Sakura, que l'on voit déjà se dessiner de façon prévisible comme une sorte de rivale (le défi lancé entre les deux jeunes filles le confirme vite) ou d'exemple à suivre pour Kanade, qui risque fort d'être stimulée par cette adolescente très remarquée et déjà vedette au point de pouvoir prétendre aux écoles internationales. Cette entrée en scène de Sakura, bien que classique, est particulièrement réussie : on découvre en elle un tempérament arrogant, mature et mentalement solide doublé d'un réel talent dans des danses qu'elle maîtrise à la perfection. Et pourtant, au fil des pages, on semble cerner que quelque chose ne va pas chez elle : ses danses sont parfaites, mais peut-être trop parfaites... Sa mère, directrice de l'école Kurisu, y est-elle pour quelque chose ? Sakura aime-t-elle réellement la danse, ou est-ce le contraire comme elle semble le dire à demi-mot en affirmant que la passion est inutile pour devenir pro ? Cuvie offre dès lors deux façons d'appréhender la danse, l'une, Sakura, cherchant la perfection et simplement ce qu'on attend d'elle, et l'autre, Kanade, prenant le temps d'analyser avec passion ses personnages pour peut-être leur insuffler une personnalité. Nul doute que Sakura, au-delà d'une classique figure de rivale, viendra surtout se stimuler mutuellement avec Kanade, et que les deux demoiselles évolueront au contact l'une de l'autre.

Déjà plaisante dans le tome 1, Kanade est décidément une jeune héroïne qui sait se faire attachante, tant elle déborde de passion. Parfois trop impulsive, posant des questions un peu bêtes mais passionnées, tellement obnubilée par la danse qu'elle en oublie les sorties à l'école... Au fil de ce tome, de son interprétation de Cupidon, de sa rencontre avec Sakura, on sent qu'elle se forge sa passion, qu'elle ne veut pas danser juste pour le plaisir mais bien devenir une professionnelle, le tout sous le regard bienveillant et encourageant de ses parents.

En filigranes, le portrait du milieu de la danse que nous offre Cuvie reste riche et crédible en évoquant les choses sous bien des aspects. L'école de ballet Kurisu, visant à former des pro avant tout, est stricte, le bonheur de danser y est secondaire, la passion ne suffit pas, on y a alors bien l'image d'un milieu pro sévère et où il y a beaucoup de postulants mais peu d'élus, et où les entraînements incessants sont primordiaux avec des exercices comme les assouplissements des orteils, la maîtrise des pointes ou les entrainements à la barre. Les choses sont aussi abordées sur un aspect plus pragmatique : prix et bourses à l'international, concours et dépenses liées à la préparation de ceux-ci... Et bien sûr, les éléments de danse eux-mêmes restent très bien évoqués : les gestes comme le retiré développé ou l'élégant cou-de-pied bombé avec les pointes, le rôle de tenues devant mettre en valeur le danseur, l'importance savoir insuffler une vie, une âme au personnage, de ne pas être trop coincée, ou de savoir être sensuelle. Sans oublier les diverses petits informations sur les différents ballets évoqués.

Le trait de Cuvie commence à bien trouver ses marques. Il y a encore quelques soucis de perspectives tellement il est difficile de bien rendre des danseurs dans toute leurs splendeur, mais la dessinatrice affirme l'élégance et le dynamisme raffiné de son trait ainsi que son désir de bien rendre la technicité des mouvements. On se laisse très facilement emballer.

Après un premier tome sympathique, ce deuxième volume affirme son univers, son héroïne, ses autres personnages et son trait, en nous promettant une suite qui devrait monter en intensité. L'édition française proposée par Kurokawa est toujours aussi belle, le soin apporté à la traduction et à la jaquette est impeccable.

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs