Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 11 Décembre 2020
"Tout avait commencé par la volonté de savoir... savoir ce que tu pensais..."
Seimiya est désormais face à son destin et à celui de son pays. Manipulée par Damiya qui a assassiné la précédente Yojeh, la jeune nouvelle reine a à présent conscience des méfaits de son ambitieux oncle, qui a toujours été attentif envers elle pour mieux se l'accaparer et atteindre le pouvoir. Elin, lors d'une entrevue interdite, lui a tout appris de la vérité... mais la jeune femme pourra-t-elle se révolter si facilement contre cet homme qui prenait tant soin d'elle ?
"Je me suis placée au bord du précipice séparant les êtres humains et les bêtes, et j'ai commencé à m'adresser à toi."
Avec ce onzième volume, l'heure est venue pour Elin, la charmeuse de bête de s'achever, et tout commence donc ici par une mise en avant efficace de la nouvelle Yojeh, Seimiya, qui doit à présent faire le choix le plus important de sa vie jusqu'à présent, en haut des plaines de Tahai Azeh où la bataille ne semble plus très loin. Face à elle, dans la plaine, les troupes d'Arhan, des cavaliers de tôda en formation de bataille, preuve qu'ils sont désormais prêts à en découdre s'il le faut. Soit Seimiya cède aux ambitions et aux sournoises paroles de Damiya au risque de provoquer la guerre, soit elle se tourne vers son prétendant Shunan. Et si le choix de la jeune femme n'est évidemment pas surprenant, il est très bien abordé par le prisme de ses pensées, de ses doutes, des paroles d'Elin, et de sa découverte des belles et vastes terres où elle est née. Quel est son ressenti, à elle qui voit pour la première fois ces paysages après avoir toujours été cloîtrée dans sa "tour d'ivoire" en tant que future reine ? Une chose est néanmoins sûre: pour parvenir à ses fins, Damiya a plus d'un tour dans sons ac, et le montra bien... au point de forcer Elin à intervenir.
"Et puis, tu m'as répondu. Avec tes sons, émis par tes cordes vocales. C'est séparées par ce précipice que nous avons essayé de deviner nos intentions."
Et tout l'intérêt de la dernière ligne droite tient dans ce que notre héroïne va faire, plus particulièrement vis-à-vis de la créature dont elle s'occupe depuis sa plus tendre jeunesse. Tandis que la mangaka Itoe Takemoto séduit complètement par ses vues amples (notamment les vues depuis le ciel sur les vastes terres), on voit en premier lieu une Elin dans le doute, et se remémorant alors bien des choses: sa mère, ce qu'elle a pu ressentir au moment de se laisser dévorer, mais aussi ce que ses différentes rencontres après la douloureuse perte maternelle lui ont permis d'acquérir tandis qu'elle grandissait. Et plus encore, au bout de tout ceci et de ses choix, la figure de cet ôjû avec qui elle entretient une relation si privilégiée depuis longtemps. Une créature initialement sauvage, qui ne devrait jamais être domestiquée et aurait dû rester libre, mais qui a peut-être des sentiments encore bien plus profonds que la jeune femme ne l'aurait jamais cru.
"Il nous est parfois arrivé de jouer des fausses notes."
Alors, Elin Va-t-elle devoir se servir de Lilan comme d'une arme, elle qui s'y est toujours refusé ? Et si oui, quelle sera la réaction du noble et colossal animal ? A quoi l'ôju femelle peut-elle bien penser, derrière son immensité et sa puissance ? La réponse qui se dessine dans les dernières dizaines de pages est d'autant plus belle qu'elle est narrée avec des mots simples et forts, en décortiquant le parcours commun d'Elin et de Lilan. Parcours qui fut parfois complexe, difficile voire violent, mais qui trouve tout son sens ici en cristallisant à merveille la relation de l'humaine avec l'animal.
"Je te ferai face, toi, bête céleste et terrestre... et tant que son souffle m'habitera, je ferai résonner les cordes de ma lyre."
Rien de mieux, en somme, pour conclure la série. Itoe Takemoto choisit d'achever assez soudainement son adaptation, sans épilogue, sans retour précis sur "l'après choix de Seimiya" et sur le devenir du pays (que l'on devine bien dans les grandes lignes, de toute façon), afin de mieux marquer et mettre en lumière ce lien entre Elin et sa protégée/protectrice animale, qui transcende tout à sa manière.
"Et, note par note... je continuerai à te parler..."
En somme, on a droit à une excellente conclusion, marquée par des choix intelligents et par de très beaux moments. Itoe Takemoto aura livré d'un bout à l'autre une adaptation appliquée et passionnée des romans d'origine de Nahoko Uehashi, chose que l'on ressent d'autant plus en découvrant, en fin de volume, deux longues interviews entre les deux autrices, sur pas moins de 17 pages. Des interviews initialement publiées au japon dans de précédents volumes du manga, mais que Pika Edition a eu l'excellente inédit de regrouper dans ce dernier opus pour être sûr de ne rien spoiler. On appréciera également de découvrir une envoûtante histoire courte d'épouvante de 16 pages, dessinée par Takemoto en 2007 donc un petit peu avant les débuts d'Elin. Et on en vient facilement à regretter que cette talentueuse mangaka n'ait apparemment plus rien fait au Japon depuis la fin de sa série-phare en 2016...
Seimiya est désormais face à son destin et à celui de son pays. Manipulée par Damiya qui a assassiné la précédente Yojeh, la jeune nouvelle reine a à présent conscience des méfaits de son ambitieux oncle, qui a toujours été attentif envers elle pour mieux se l'accaparer et atteindre le pouvoir. Elin, lors d'une entrevue interdite, lui a tout appris de la vérité... mais la jeune femme pourra-t-elle se révolter si facilement contre cet homme qui prenait tant soin d'elle ?
"Je me suis placée au bord du précipice séparant les êtres humains et les bêtes, et j'ai commencé à m'adresser à toi."
Avec ce onzième volume, l'heure est venue pour Elin, la charmeuse de bête de s'achever, et tout commence donc ici par une mise en avant efficace de la nouvelle Yojeh, Seimiya, qui doit à présent faire le choix le plus important de sa vie jusqu'à présent, en haut des plaines de Tahai Azeh où la bataille ne semble plus très loin. Face à elle, dans la plaine, les troupes d'Arhan, des cavaliers de tôda en formation de bataille, preuve qu'ils sont désormais prêts à en découdre s'il le faut. Soit Seimiya cède aux ambitions et aux sournoises paroles de Damiya au risque de provoquer la guerre, soit elle se tourne vers son prétendant Shunan. Et si le choix de la jeune femme n'est évidemment pas surprenant, il est très bien abordé par le prisme de ses pensées, de ses doutes, des paroles d'Elin, et de sa découverte des belles et vastes terres où elle est née. Quel est son ressenti, à elle qui voit pour la première fois ces paysages après avoir toujours été cloîtrée dans sa "tour d'ivoire" en tant que future reine ? Une chose est néanmoins sûre: pour parvenir à ses fins, Damiya a plus d'un tour dans sons ac, et le montra bien... au point de forcer Elin à intervenir.
"Et puis, tu m'as répondu. Avec tes sons, émis par tes cordes vocales. C'est séparées par ce précipice que nous avons essayé de deviner nos intentions."
Et tout l'intérêt de la dernière ligne droite tient dans ce que notre héroïne va faire, plus particulièrement vis-à-vis de la créature dont elle s'occupe depuis sa plus tendre jeunesse. Tandis que la mangaka Itoe Takemoto séduit complètement par ses vues amples (notamment les vues depuis le ciel sur les vastes terres), on voit en premier lieu une Elin dans le doute, et se remémorant alors bien des choses: sa mère, ce qu'elle a pu ressentir au moment de se laisser dévorer, mais aussi ce que ses différentes rencontres après la douloureuse perte maternelle lui ont permis d'acquérir tandis qu'elle grandissait. Et plus encore, au bout de tout ceci et de ses choix, la figure de cet ôjû avec qui elle entretient une relation si privilégiée depuis longtemps. Une créature initialement sauvage, qui ne devrait jamais être domestiquée et aurait dû rester libre, mais qui a peut-être des sentiments encore bien plus profonds que la jeune femme ne l'aurait jamais cru.
"Il nous est parfois arrivé de jouer des fausses notes."
Alors, Elin Va-t-elle devoir se servir de Lilan comme d'une arme, elle qui s'y est toujours refusé ? Et si oui, quelle sera la réaction du noble et colossal animal ? A quoi l'ôju femelle peut-elle bien penser, derrière son immensité et sa puissance ? La réponse qui se dessine dans les dernières dizaines de pages est d'autant plus belle qu'elle est narrée avec des mots simples et forts, en décortiquant le parcours commun d'Elin et de Lilan. Parcours qui fut parfois complexe, difficile voire violent, mais qui trouve tout son sens ici en cristallisant à merveille la relation de l'humaine avec l'animal.
"Je te ferai face, toi, bête céleste et terrestre... et tant que son souffle m'habitera, je ferai résonner les cordes de ma lyre."
Rien de mieux, en somme, pour conclure la série. Itoe Takemoto choisit d'achever assez soudainement son adaptation, sans épilogue, sans retour précis sur "l'après choix de Seimiya" et sur le devenir du pays (que l'on devine bien dans les grandes lignes, de toute façon), afin de mieux marquer et mettre en lumière ce lien entre Elin et sa protégée/protectrice animale, qui transcende tout à sa manière.
"Et, note par note... je continuerai à te parler..."
En somme, on a droit à une excellente conclusion, marquée par des choix intelligents et par de très beaux moments. Itoe Takemoto aura livré d'un bout à l'autre une adaptation appliquée et passionnée des romans d'origine de Nahoko Uehashi, chose que l'on ressent d'autant plus en découvrant, en fin de volume, deux longues interviews entre les deux autrices, sur pas moins de 17 pages. Des interviews initialement publiées au japon dans de précédents volumes du manga, mais que Pika Edition a eu l'excellente inédit de regrouper dans ce dernier opus pour être sûr de ne rien spoiler. On appréciera également de découvrir une envoûtante histoire courte d'épouvante de 16 pages, dessinée par Takemoto en 2007 donc un petit peu avant les débuts d'Elin. Et on en vient facilement à regretter que cette talentueuse mangaka n'ait apparemment plus rien fait au Japon depuis la fin de sa série-phare en 2016...