Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 19 Août 2011
En rencontrant pour la première fois sa mère biologique, Rin découvre que cette dernière attend un nouvel enfant ! Prenant ainsi connaissance de ses origines, la jeune demoiselle s’imagine déjà au chevet de sa petite sœur. Ce rapprochement n’est pas sans inquiéter Daikichi, voyant d’un œil perplexe ce rapprochement tardif entre mère et fille, d’autant que la génitrice a toujours exprimé son envie de rester dans l’ombre. Mais, alors que l’équilibre de cette famille pas comme les autres vacille, une nouvelle vient changer la donne : voilà que la mère de Koki est sur le point de se remarier !
Tandis que le public découvre depuis peu la version animée de la série grâce au site Wakanim, le manga Un Drôle de Père continue de s’écouler sur son rythme de croisière particulièrement paisible. Pourtant, chaque nouveau tome constitue toujours un petit évènement, tant il tarde au lecteur fidèle de retrouver ces personnages si attachants ! Ce huitième volume répond à toute nos attentes, et bien plus encore en changeant considérablement la donne. La rencontre entre Rin et Masako vient bousculer l’harmonie de la maison, en exprimant de nouveaux dilemmes pour notre belle héroïne. Peut-elle espérer bâtir quelque chose de neuf avec sa petite sœur sur le point de naître ? Doit-elle s’émanciper de Daikichi pour préparer sa vie de femme, ou au contraire trouver une voie qui la gardera proche de celui qui a tant fait pour elle ? Dans ce tourbillon de sentiments viendra naître une confusion oedipienne, apportant alors un tout nouveau positionnement que personne n’aurait pu prévoir. Yumi Unita prend son temps pour exprimer des problèmes à la fois simples et complexes, qui sont au cœur même de la vie de tout un chacun. De simples flirts aux choix d’orientations pour trouver sa future voie, la mangaka dépeint avec grande justesse tous ces petits moments faisant passer l’enfant à l’âge adulte.
Ainsi, les évènements se succèdent en toute crédibilité, sans artifices ni exagérations, mais parviendront tout de même à nous émouvoir. La fragilité des différents protagonistes, toute en retenue, se cache sous un masque de petites disputes du quotidien, mais est toujours prompte à déborder. A ce titre, le personnage de Daikichi reprend ses lettres de noblesse, tant il exprime beaucoup par ses non-dits et ses regards perdus dans le vide. Ses craintes de voir Rin s’éloigner, ses regrets inavoués envers Madame Mitani,… tout passe en quelques grognements exprimant maladroitement son positionnement de père et d’adulte sur la situation. Le contraste avec sa fille, dont les hésitations et les doutes sont difficilement retenus, est particulièrement saisissant. Comment rester de marbre face à cette relation si touchante, et propice à des évolutions aussi intrigantes que bouleversantes ?
Alors que nous arrivons déjà aux portes de la dernière ligne droite du récit (qui se concluera au tome 9, le suivant étant un spin-off), le regret de quitter cette famille si particulière se fait déjà ressentir. Il y a encore bien des choses à dire, à voir, à faire, sans compter tout ce que la vie peut offrir d’inattendu et d’impensable. Après quelques errements dans l’adolescence de l’héroïne, Un Drôle de Père retrouve ici ses plus grandes heures, telle une boucle qui tendrait à se refermer. Un peu comme notre histoire à tous, finalement.