Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 09 Novembre 2012
En est mort. C'est sur ces mots que s'ouvre ce douzième opus et c'est cet état de fait qui sera approfondi durant une bonne partie de ce nouveau tome qui, comme à l'accoutumée, s'apparente à une petite tuerie dont seule Q-Hahashida a le secret. Et donc, tandis que Fujita digère comme il peut la disparition de son boss, Shin et Noi sont bien décidés à venger la famille et à en finir avec le boss des yeux en croix. Pendant ce temps, As et Nikaido peuvent souffler un peu mais ce n'est pas pour autant que les tourments de nos compères se dissiperont puisque la désormais ex promise de En plonge dans de forts sombres souvenirs...
On savait Dorohedoro capable de nous surprendre n'importe quand depuis belle lurette et l'entame de ce volume viendra une nouvelle fois mettre cette constatation à l'honneur. Après la frénésie qui aura animé les deux derniers opus, les nombreux affrontements qui ont eu lieu et un final dantesque qui voyait l'un des personnages majeurs et jusque là intouchable se faire laminer et décapiter en quelques instants, Q-Hayashida marque un temps d'arrêt. Changeant complètement de rythme l'espace d'un chapitre, elle met en lumière Fujita de la meilleure des manières tout en nous offrant un état des lieux clair et précis que l'on prend plaisir à digérer avant de nous emballer à nouveau dès lors que Shin et Noi entrent en scène. Et ceux-ci ne seront pas les seuls à occuper une place importante dans l'intrigue puisqu'on aura également l'occasion de retrouver le professeur Kasukabe et Haru, la bande des yeux en croix, et j'en passe et des meilleurs. Là encore, la faculté de l'auteure à naviguer entre ses différents personnages et à alterner entre développement du scenario principal, approfondissement de l'univers, des relations entre les intervenants, et moments de pur délire viendra nous épater de bout en bout. Au final, chaque instant, chaque page, se trouvent être intéressants pour une raison ou pour une autre et ce tome se dévore de bout en bout sans le moindre temps mort.
Dans le même ordre d'idée, on appréciera grandement le fait que, si beaucoup de choses se trament de manière simultanée, on note un réel avancement dans le cheminement des différents protagonistes et, une fois encore, le suspens se maintient du début à la fin grâce à des révélations allant de paire avec de nouvelles inconnues qu'il nous tarde d'éclaircir. Le tout sans que le récit ne perdre en clarté pour autant. Pour prendre un exemple illustrant cette maîtrise, évoquons le flash-back de Nikaido. Tout en étant concis, il se montre limpide dans son propos et s'impose comme une preuve supplémentaire qu'il n'y a nul besoin d'en faire des tonnes pour toucher le lecteur quand on sait où on va. Et l'on pourra également saluer la mise en scène qui, pour rester dans la lancée de ce qui nous avait déjà été proposé auparavant, est à se damner. L'intensité et la puissance qui se dégagent de certaines planches sont tout simplement frappantes et, ce, plus particulièrement lorsque Shin est sur le devant de la scène. Il faut dire que le bonhomme est déchaîné et que le voir dans tous ses états a de quoi nous donner des frissons. Des frissons de plaisir, évidemment !
Grisant du début à la fin, dégageant un panel d'émotions terriblement large et dompté à la perfection, Dorohedoro continue d'éclabousser de toute sa classe le lectorat. Alors que certains auteurs peinent à réussir en se focalisant sur un élément précis, Q-Hayashida joue dans tous les registres avec une réussite égale et invariablement éclatante. Du grand art, une fois encore !