Wild Strawberry - Edition collector Vol.1 : Critiques

Wild Strawberry

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 19 Mai 2025

Il y a 36 ans, la ville de Tokyo a été envahie d’une végétation florissante. Une verdure qui s’est vite imposée comme un ennemi de l’humanité, voire un prédateur, par sa capacité à se nourrir de la population. Plus graves encore, ces plantes, les jinkas, se sont montrées capables de parasiter les individus grâce à leur pollen. Les humains contaminés présentent ces caractéristiques végétales, deviennent automatiquement des ennemis à abattre. Pour combattre cette menace dans une capitale nippone aux airs d’apocalypse, les Forces terrestres d’autodéfense ont développé la Force funéraire florale, un corps spécial, chargé de capturer les humains infectés, en vue de leur incinération immédiate. Dans ce contexte, Kingo et Kayano sont un frère et une sœur qui vivent de débrouillardise. La cadette a pour particularité d’avoir été infectée par un jinka qui, contre toute attente, ne montre pas de signe hostile. Vivant dans le secret, leur destin est chamboulé quand la vraie nature de Kayano est découverte…


Voilà un certain temps que Crunchyroll puise régulièrement dans les catalogues du Jump et du Jump+ pour proposer ses nouveautés shônen, une politique présente depuis un certain temps. Une approche déjà présente dans les années Kazé Manga, à l'époque où l'éditeur avait une filiation avec Viz Media et Shûeisha, mais plus que jamais d’actualité. Quelque temps après Nue’s Exorcist, un autre récit fort de l’écurie Jump nous parvient avec Wild Strawberry, toute première série de l’artiste ire Yonemoto, qui approche déjà de sa conclusion côté Japon. Lancé en 2023, le manga dénombre actuellement 6 volumes sur l’Archipel, ce qui devrait donner une œuvre à la longueur modeste et accessible, à moins que le mangaka ne révise ses plans entre temps.


Avec son premier tome volontairement violent dans un territoire hostile et dystopique, ‘Wild Strawberry’ se place illico dans la lignée de titre sans concession, façon L’Attaque des Titans, Chainsaw Man ou Jujutsu Kaisen, pour ne citer que les plus modernes. Un ton grave auxquels les habitués du genre sont désormais coutumiers, mais qui fonctionne grâce au ton post-apocalyptique de l’univers. Un monde qui réside en un Tokyo infecté de végétation, ce qui donne directement droit à de belles trouvailles esthétiques, notamment parce qu’Ire Yonemoto nous régale de ses planches fournies où les environnements sont soigneusement décortiqués. Le melting-pot semble donc bien trouvé pour nous satisfaire d’une aura d’horreur dans un cadre où l’auteur pourra s’en donner à cœur joie côté visuel.


C’est justement le gros point fort de ce premier volet. Si certains lecteurs seront mesurés face à une amorce de récit assez codifiée, c’est bien par sa narration et son esthétique que le récit nous emballe et nous emporte. Outre un style détaillé, le mangaka a un vrai sens du découpage dans les scènes d’action, tandis que son univers se révèle inspiré pour nous marquer d’effroi avec cette végétation monstrueuse omniprésente et un bestiaire bien trouvé. Pour établir un point de comparaison, on peut situer Ire Yonemoto dans la continuité de l’art de Tatsuki Fujimoto. On trouve des similitudes dans leurs narrations et leurs idées visuelles, si bien qu’on peut se demander si l’auteur de ‘Wild Strawberry’ n’a pas un jour été l’assistant de celui de ‘Chainsaw Man’. Un point qui ne relève que de l’hypothèse tant le mangaka est nimbé de mystères et ne s’est pratiquement pas dévoilé à ce jour.


Il y a donc de quoi être conquis par la portée graphique de ce premier tome, mais ce serait mentir que dire que le scénario ne présente rien de prometteur. Certes, on retrouve certains codes très actuels, à commencer par la filiation fraternelle entre les deux héros appuyée par une histoire de « fusion » éveillant chez le protagoniste certains pouvoirs. A ceci s’ajoute un corps armé capable de manipuler les talents des jinkas pour développer leur propre armement, et on comprend que ‘Wild Strawberry’ se place dans des écueils rassurant malgré sa tonalité sans scrupule. Pourtant, Ire Yonemoto parvient constamment à bien doser son univers de manière à le rendre limpide, et à distiller les avancées de l’histoire au compte-goutte afin d’éveiller chez nous une certaine curiosité. La plus primaire d’entre elle vient de la nature des jinkas, suffisante pour nous pousser à aller plus loin dans notre découverte de l’œuvre. La particularité de la sœur de Kingo est aussi un aspect dont les éclaircissements demandés apportent leur lot de teasing pour la suite. Au final, ces petits éléments d’intrigue sont suffisamment solides pour nous aiguiller vers la suite, sachant que la probable nature courte de l’œuvre semble annoncer une progression constante de ce scénario. On espère que le deuxième tome saura nous conforter sur ces attentes.


Il en résulte alors un premier volume qui, derrière une structure qui nous est assez familière, parvient à sortir son épingle du jeu par différents aspects, sa puissance visuelle au premier plan. ‘Wild Strawberry’ ne semble pas voué à réinventer son genre, mais plutôt à nous offrir une aventure solide et rythmée servie par une véritable force graphique qui atteste le talent d’Ire Yonemoto dont, rappelons-le, il s’agit de la toute première série professionnellement publiée. Le potentiel du maître est immense, et on a déjà hâte de voir son évolution sur les opus suivants.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
15.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs