Detenu 042 Vol.1 : Critiques

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 28 Février 2011

Au Japon, dans une existence imaginaire, la peine de mort existe bel et bien, et c’est une finalité reconnue et appréciée pour les criminels de grande envergure. Cependant, dans le cadre d’un travail de recherche et de compréhension psychologique, de réinsertion sociale et d’observation du retour à une vie, sinon normale un peu moins limitée, tout va changer. L’expérience consiste à prendre un prisonnier qui serait condamné à mort pour l’extraire de prison, le replacer dans la réalité quotidienne et observer, comprendre ses mécanismes de pensée. Ce sera Ryohei Tajima ou plus communément appelé « détenu 042 » qui profitera de cette chance inespérée de quitter les murs de la prison pour revoir la lumière du jour ... sous certaines conditions, cependant. En effet, le jeune homme a été condamné à mort pour sept meurtres avec violence, et sa peine se voit temporairement transformée en travaux à perpétuité, comme homme à tout faire dans un lycée. A la seule condition d’accepter de se voir implanté dans le cerveau une puce qui, reliée aux capteurs de l’agressivité (on ne sait pas bien comment mais on s’en fiche royalement), capte la moindre pulsion destructrice venant de la part du prisonnier, permet de le localiser et d’en apprendre plus sur son compte. Si une envie meurtrière le prend, la puce explose et entraîne avec elle son cerveau. Sous cette menace, Tajima va toutefois accepter l’expérience tant bien que mal, sous la surveillance d’une équipe, avec ses difficultés et facilités à entrer dans une vie réelle déstabilisante, au milieu de lycéens.

La peine de mort, mais de façon plus large l’univers carcéral, est un univers peu traité dans les mangas. Avec l’excellent récent Rainbow, on ne pourrait demander mieux niveau humanité, émotions profondes, injustice et situations poignantes. Pourtant, l’histoire de Détenu 042 n’est pas du tout la même et emploie un ton très différent. En effet, la narration est bien plus légère, l’auteur se concentrant avant tout sur l’aspect très léger de la vie, mais aussi sur la difficulté pour un rebut de la société de rentrer à nouveau dans le système. Heureusement, Tajima fera la connaissance d’une jeune lycéenne aveugle, qui ne le juge pas comme tous les autres, et avec qui il se lie d’amitié tout comme la bénévole qui vient l’aider à ses cours de braille. En bref, Tajima va apprendre à se socialiser, et sous ses airs bourrus, à faire plaisir aux personnes qui l’entourent, à comprendre comment fonctionne le monde, lui qui a été hautement traumatisé, n’ayant jamais vécu une enfance normale et vivant avec le poids de plusieurs meurtres sur sa conscience. On apprécie la nonchalance du ton du récit, la facilité avec laquelle l’auteur navigue entre les analyses des réactions de Tajima et les situations qui le mettent en difficulté ... mais c’est sans doute trop nonchalant. Le sujet est traité de façon un peu légère, et même quand l’auteur aborde le mécontentement de l’avis public, c’est en demi-teinte et sans réel dureté dans le ton.

C’est sympathique, mais un peu trop lisse et sans relief dans le scénario. Nous voilà bien loin du seinen sombre qu’aurait pu devenir un tel sujet de départ ... Mais peut-être les graphismes jouent-ils également en la défaveur du manga, de par l’aspect un peu lisse et enfantin qu’ils adoptent, avec une simplicité extrême, un parti minimaliste qui ne représente que l’indispensable. Cela pourrait-être pris pour une maitrise du trait et une volonté de l’auteur, si seulement les défauts de proportions et de posture n’étaient pas flagrants, et si le vide des arrières plans n’était pas aussi ... vide. Il manque beaucoup de détails à ce manga pour en faire une lecture véritablement agréable, pourtant on se laisse porter assez facilement par la narration, très accessible –sans doute plus que Rainbow- et sur un postulat intéressant du retour de la peine de mort. Après, chanceux seront qui dégoteront la série, en arrêt de commercialisation chez Kana, qui de plus rend un travail assez facile, sans adaptation des onomatopées ni de traduction très fluide, qui reste assez hachée et parfois maladroite.


NiDNiM


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
NiDNiM
13 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs