Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 11 Novembre 2021
On s’était quitté avec Conan, Ran, Sonoko et Sera assistant à l’anniversaire croisé de leur copine de classe Yumi et de sa sœur, la mannequin Remi Sekizawa. Et bien évidemment, partout où Conan passe, les cadavres s’entassent. Cette fois c’est au tour du coiffeur attitré du modèle de quitter le monde en mangeant un gâteau empoisonné. Les soupçons se portent alors sur quatre personnes dont Yumi et sa sœur, mais aussi le manager et le cuisinier. Bien que l’intrigue soit intéressante car elle implique directement une amie des héros, elle est assez banale, surtout qu’elle passe après deux grandes enquêtes ayant marqué le tome 98 de la série. Cependant, ce qui nous intéresse tout particulièrement se déroule en fond puisque Sera découvre que Conan possède l’antidote qui permettrait de soigner sa mère, et une sorte de guerre psychologique s’instaure entre eux. On en a l’habitude depuis l’arrivée de Sera dans le manga certes, mais cette fois-ci c’est différent car Gosho Aoyama lève enfin le voile sur tous les mystères qui entourent la petite sœur de l’extérieur du domaine. On découvre finalement ce qui s’est réellement passé sur le pont Vauxhall, à Londres, lorsque Mary a été transformée en enfant. Un flashback épique et remplit de tension, prouvant une nouvelle fois à celles et ceux qui en doutaient encore après 99 tomes que l’auteur est doué dans bien des domaines. Il en profite également pour nous révéler comment Sera et sa mère ont compris que Shinichi et Conan formaient une seule et même personne.
Depuis la grosse révélation du tome 95, le fil rouge de Détective Conan ne cesse de progresser, à tel point que même les histoires les plus simples sont importantes pour l’intrigue principale. Et Gosho Aoyama ne semble pas vouloir tomber à nouveau dans une routine car il parvient encore à innover dans ses récits après un tome 98 passionnant, notamment grâce à l’enquête autour du shôgi et à celle concernant le jeu de Momiji, encore une fois deux épisodes donnant des pièces nécessaires pour reconstruire le gigantesque puzzle qu’est l’intrigue principale. La deuxième enquête du volume est donc dans leur lignée en termes de qualité et d’intérêt. Conan et ses jeunes amis se rendent à une ferme afin de prendre deux poules pour l’école. Ils sont accompagnés de leur maîtresse, Kobayashi, ainsi que de Wakasa, très fortement soupçonnée d’être la personne occupant le poste de numéro deux de l’organisation des hommes en noir. Dans le bus pour la ferme, ils retrouvent également Amuro, présent à cause d’une affaire concernant la sécurité nationale, dont le collègue a été enfermé à côté d’un cadavre. Trois autres personnes s’y rendent, à savoir un scientifique, un journaliste et un homme regardant une mystérieuse vidéo. Arrivés sur place, personne, pas même les poules. Juste des traces étranges sur le sol. Conan et ses amis vont devoir démêler les fils d’une affaire complexe et intrigante, qui tient parfaitement en haleine grâce à ses plusieurs couches. En plus, le petit détective utilise plusieurs procédés chimiques pour la résoudre, ce qui ajoute de l’intérêt à l’histoire. En marge de l’enquête, Amuro trouve une pièce de shôgi tombée par mégarde de la poche arrière du pantalon de Wakasa. Une pièce que seul l’assassin de Kôji Haneda, c’est à dire Rhum, est censé posséder, puisqu’elle avait mystérieusement de la scène du crime commis il y a 17 ans. De quoi renforcer encore plus les soupçons qui pèsent sur Wakasa qui, même si elle paraît jeune, aurait très bien pu rajeunir grâce à l’Apotoxine 4869. Néanmoins plusieurs questions se posent, et notamment pourquoi a-t-elle l’objet sur elle ? Si elle était coupable, pourquoi n’a-t-elle pas tout simplement détruit la preuve depuis tout ce temps ? On se demande alors si elle n’est pas une proche de Kôji Haneda qui enquête sur sa mort des années après et qui garde la pièce de shôgi comme un précieux souvenir. De nombreuses théories sont possibles mais dans tous les cas Gosho Aoyama parvient parfaitement à maintenir le mystère.
L’histoire suivante est dans la même lignée étant donné qu’elle concerne également l’identité de Rhum. Elle met en effet en scène le vendeur de sushis, lui aussi soupçonné d’être le bras droit du chef de l’organisation, qui rend visite à Kogoro et enquête avec les héros. L’originalité de cette affaire est qu’elle se déroule en huis-clos, à la manière du début de Don’t call it mystery, l’excellent manga de Yumi Tamura qui paraît chez les éditions Noeve Grafx et que Gosho Aoyama encensait à la fin du tome précédent. L’enquête dénote donc des autres puisqu’elle se passe exclusivement à l’intérieur du bureau de Kogoro pendant que le détective est aux toilettes et qu’il n’ose pas sortir pour demander du papier. Sa cliente est la fameuse idole Yôko Okino dont il est fan, et il ne veut pas se ridiculiser devant elle. Du coup la jeune femme raconte son histoire de disparition dans une maison hantée à Conan, Ran et au vendeur de sushis qui se joint à eux. Sur la base des éléments qu’elle décrit, les mordus d’enquêtes essaient de démêler l’histoire. L’affaire est amusante de par la manière dont elle est résolue et le fait que Kogoro passe tout son temps enfermé dans les toilettes. Le grand détective n’aura jamais paru autant inutile. Et pourtant, elle aborde des thématiques sérieuses, voire même graves, comme souvent avec Détective Conan, un manga où les personnages ont peut-être des physiques d’enfants mais où les crimes concernent des affaires de grandes personnes, et peuvent ainsi traiter de sujets de société. Après cette enquête originale, l’auteur enchaîne avec une histoire concernant directement les parents de Conan. Mais comme il s’agit du dernier chapitre du livre, on en saura davantage seulement dans le tome 100. Un événement à ne manquer assurément, qui devrait se produire le 3 juin 2022 sauf retard. Le rendez-vous est pris !
Concernant l’édition, il est tout de même important de noter que le lettrage d’Éric Montésinos laisse à désirer sur la première affaire. Le personnage mort est censé avoir inscrit “vengeance divine” sur son front et l’inspecteur Takagi précise que les lettres sont mal écrites, comme si le coupable l’avait fait de sa mauvaise main pour brouiller les pistes. Sauf que dans l’adaptation graphique, les termes sont écrits parfaitement droits, avec une police donnant un effet informatique. C’est dommage de ne pas faire d’efforts pour ce genre de petits effets. Il s’agit peut-être de détails mais ils donnent de la vie au manga. Au niveau de la traduction, il y a du mieux. Gros point noir depuis que Cyril Coppini a repris le boulot, même si ce n’est pas évident de traduire un manga en cours de route, d’autant plus quand il s’agit des derniers tomes de Détective Conan où la moindre phrase peut avoir plusieurs sens. Cependant, il y avait de gros soucis concernant les transcriptions de certains noms propres, la lourdeur des textes et aussi les différences entre les dialogues, dans lesquels les personnages doivent avoir leur personnalité et parler différemment les uns des autres. Il y avait du mieux dans le tome 98 malgré certains passages difficilement compréhensibles, et c’est un point qui s’améliore encore ce nouveau tome. Le traducteur semble dompter de plus en plus la série, espérons qu’il continue dans cette direction en parvenant à proposer des textes fluides pour le centième volume. Au sujet des bonus, après Inspecteur Kurokôchi et Don’t call it mystery, Gosho Aoyama dessine Mao Mao, l’héroïne des romans Les carnets de l’apothicaire dont l’adaptation en manga paraît chez les éditions Ki-oon.
En bref, le tome 99 de Détective Conan est passionnant, apportant son lot de révélations et de nouveaux mystères, il propose des enquêtes qui tiennent en haleine. On prend du plaisir à voir Gosho Aoyama expérimenter sur la forme de ses épisodes après tant d’années d’écriture et enchaîner des affaires aussi haletantes que diversifiées. Peut-être qu’avoir ralenti le rythme de publication afin de préserver sa santé lui donne davantage de recul sur la construction de ses intrigues. Dans tous les cas, il y a de quoi ravir les fans du petit détective.
Depuis la grosse révélation du tome 95, le fil rouge de Détective Conan ne cesse de progresser, à tel point que même les histoires les plus simples sont importantes pour l’intrigue principale. Et Gosho Aoyama ne semble pas vouloir tomber à nouveau dans une routine car il parvient encore à innover dans ses récits après un tome 98 passionnant, notamment grâce à l’enquête autour du shôgi et à celle concernant le jeu de Momiji, encore une fois deux épisodes donnant des pièces nécessaires pour reconstruire le gigantesque puzzle qu’est l’intrigue principale. La deuxième enquête du volume est donc dans leur lignée en termes de qualité et d’intérêt. Conan et ses jeunes amis se rendent à une ferme afin de prendre deux poules pour l’école. Ils sont accompagnés de leur maîtresse, Kobayashi, ainsi que de Wakasa, très fortement soupçonnée d’être la personne occupant le poste de numéro deux de l’organisation des hommes en noir. Dans le bus pour la ferme, ils retrouvent également Amuro, présent à cause d’une affaire concernant la sécurité nationale, dont le collègue a été enfermé à côté d’un cadavre. Trois autres personnes s’y rendent, à savoir un scientifique, un journaliste et un homme regardant une mystérieuse vidéo. Arrivés sur place, personne, pas même les poules. Juste des traces étranges sur le sol. Conan et ses amis vont devoir démêler les fils d’une affaire complexe et intrigante, qui tient parfaitement en haleine grâce à ses plusieurs couches. En plus, le petit détective utilise plusieurs procédés chimiques pour la résoudre, ce qui ajoute de l’intérêt à l’histoire. En marge de l’enquête, Amuro trouve une pièce de shôgi tombée par mégarde de la poche arrière du pantalon de Wakasa. Une pièce que seul l’assassin de Kôji Haneda, c’est à dire Rhum, est censé posséder, puisqu’elle avait mystérieusement de la scène du crime commis il y a 17 ans. De quoi renforcer encore plus les soupçons qui pèsent sur Wakasa qui, même si elle paraît jeune, aurait très bien pu rajeunir grâce à l’Apotoxine 4869. Néanmoins plusieurs questions se posent, et notamment pourquoi a-t-elle l’objet sur elle ? Si elle était coupable, pourquoi n’a-t-elle pas tout simplement détruit la preuve depuis tout ce temps ? On se demande alors si elle n’est pas une proche de Kôji Haneda qui enquête sur sa mort des années après et qui garde la pièce de shôgi comme un précieux souvenir. De nombreuses théories sont possibles mais dans tous les cas Gosho Aoyama parvient parfaitement à maintenir le mystère.
L’histoire suivante est dans la même lignée étant donné qu’elle concerne également l’identité de Rhum. Elle met en effet en scène le vendeur de sushis, lui aussi soupçonné d’être le bras droit du chef de l’organisation, qui rend visite à Kogoro et enquête avec les héros. L’originalité de cette affaire est qu’elle se déroule en huis-clos, à la manière du début de Don’t call it mystery, l’excellent manga de Yumi Tamura qui paraît chez les éditions Noeve Grafx et que Gosho Aoyama encensait à la fin du tome précédent. L’enquête dénote donc des autres puisqu’elle se passe exclusivement à l’intérieur du bureau de Kogoro pendant que le détective est aux toilettes et qu’il n’ose pas sortir pour demander du papier. Sa cliente est la fameuse idole Yôko Okino dont il est fan, et il ne veut pas se ridiculiser devant elle. Du coup la jeune femme raconte son histoire de disparition dans une maison hantée à Conan, Ran et au vendeur de sushis qui se joint à eux. Sur la base des éléments qu’elle décrit, les mordus d’enquêtes essaient de démêler l’histoire. L’affaire est amusante de par la manière dont elle est résolue et le fait que Kogoro passe tout son temps enfermé dans les toilettes. Le grand détective n’aura jamais paru autant inutile. Et pourtant, elle aborde des thématiques sérieuses, voire même graves, comme souvent avec Détective Conan, un manga où les personnages ont peut-être des physiques d’enfants mais où les crimes concernent des affaires de grandes personnes, et peuvent ainsi traiter de sujets de société. Après cette enquête originale, l’auteur enchaîne avec une histoire concernant directement les parents de Conan. Mais comme il s’agit du dernier chapitre du livre, on en saura davantage seulement dans le tome 100. Un événement à ne manquer assurément, qui devrait se produire le 3 juin 2022 sauf retard. Le rendez-vous est pris !
Concernant l’édition, il est tout de même important de noter que le lettrage d’Éric Montésinos laisse à désirer sur la première affaire. Le personnage mort est censé avoir inscrit “vengeance divine” sur son front et l’inspecteur Takagi précise que les lettres sont mal écrites, comme si le coupable l’avait fait de sa mauvaise main pour brouiller les pistes. Sauf que dans l’adaptation graphique, les termes sont écrits parfaitement droits, avec une police donnant un effet informatique. C’est dommage de ne pas faire d’efforts pour ce genre de petits effets. Il s’agit peut-être de détails mais ils donnent de la vie au manga. Au niveau de la traduction, il y a du mieux. Gros point noir depuis que Cyril Coppini a repris le boulot, même si ce n’est pas évident de traduire un manga en cours de route, d’autant plus quand il s’agit des derniers tomes de Détective Conan où la moindre phrase peut avoir plusieurs sens. Cependant, il y avait de gros soucis concernant les transcriptions de certains noms propres, la lourdeur des textes et aussi les différences entre les dialogues, dans lesquels les personnages doivent avoir leur personnalité et parler différemment les uns des autres. Il y avait du mieux dans le tome 98 malgré certains passages difficilement compréhensibles, et c’est un point qui s’améliore encore ce nouveau tome. Le traducteur semble dompter de plus en plus la série, espérons qu’il continue dans cette direction en parvenant à proposer des textes fluides pour le centième volume. Au sujet des bonus, après Inspecteur Kurokôchi et Don’t call it mystery, Gosho Aoyama dessine Mao Mao, l’héroïne des romans Les carnets de l’apothicaire dont l’adaptation en manga paraît chez les éditions Ki-oon.
En bref, le tome 99 de Détective Conan est passionnant, apportant son lot de révélations et de nouveaux mystères, il propose des enquêtes qui tiennent en haleine. On prend du plaisir à voir Gosho Aoyama expérimenter sur la forme de ses épisodes après tant d’années d’écriture et enchaîner des affaires aussi haletantes que diversifiées. Peut-être qu’avoir ralenti le rythme de publication afin de préserver sa santé lui donne davantage de recul sur la construction de ses intrigues. Dans tous les cas, il y a de quoi ravir les fans du petit détective.