Détective Conan Vol.28 : Critiques

Critique 1

Conan, le professeur Agasa et les Detective Boys profitent d'une balade en forêt pour cueillir des champignons. Séparés du reste de la bande, Ai et Mitsuhiko tombent sur un cadavre et aperçoivent le meurtrier, assassin qui fait partie d'un groupe de chasseur accompagnant Conan et les autres, et qui veut faire taire les témoins. Tout en restant caché, le duo devra faire comprendre à Conan le crime qui a eu lieu et le danger qui rôde...

Avec ce 28ème volume de Détective Conan, pas d'avancée majeure dans le scénario principal, mais une succession d'enquêtes assez variées, aussi bien dans leur formule que dans l'intensité proposée, qui vont apporter quelques petites choses au récit du point de vue des personnages.

Ce n'est pas un secret, Gosho Aoyama essaie souvent de rendre intéressantes ses affaires hors arcs sur les hommes en noir en mettant à l'honneur les différents personnages secondaires, en les développant ou en étoffant les liens entre eux. Chacune des quatre enquêtes proposées (sachant que la première a été amorcée dans l'opus précédent tandis que la dernière trouvera sa conclusion dans le 29ème volume) apporta ainsi sa pierre à l'édifice. Des relations parfois évidentes sont légèrement creusées, comme celle entre Heiji et Kazuha, mais d'autres, plus étonnantes et amusantes, sont aussi plantées. Outre l'introduction d'un nouveau personnage lié à Heiji, c'est surtout la dernière affaire qui met l'eau à la bouche, celle-ci s'intéressant en filigrane au passé d'un personnage beaucoup trop laissé sur la touche jusqu'à maintenant : le commissaire Maigret. Ainsi, même lorsque la formule se répète, la lecture n'est pas systématiquement redondante grâce à ce développement habile du casting de la série.

En dehors de cette évolution des personnages, les enquêtes proposées parviennent à se montrer intéressantes, et suffisamment variées pour capter notre intérêt sur toute la lecture. L'affaire de la chasse en forêt a une conclusion inattendue et finalement assez touchante, la deuxième a pour intelligence d'inverser totalement certains rôles, la troisième se révèle un peu plus ambitieuse à l'instar de l'affaire de la Sonate au Clair de Lune en tout début de série, et la dernière n'aborde pas directement l'enquête sous l'angle des meurtres. Au final, même si ces enquêtes n'apportent rien au récit principal, leur variété reste bienvenue, et l'auteur redouble d'imagination sans toutefois nous perdre dans les stratagèmes grossiers des résolutions. Certes, l’affaire sur l'île fera remuer des méninges, mais n'a pas une finalité tirée par les cheveux, rendant sa conclusion assez convaincante.

Alors oui, on aimerait une plus grande avancée sur l'intrigue des hommes en noir à ce stade de la série, notamment parce que le fil rouge n'a presque pas évolué par rapport au premier tome, si ce n'est l'entrée en scène d'Ai dans le récit. Reste qu'une fois la formule de Détective Conan accepté, on trouve ici un bon volume, varié dans les affaires et intéressant dans les développements de personnages. En attendant un futur tome clé pour l'intrigue, on apprécie la lecture comme il se doit.

Critique 2

Ce nouveau tome s'ouvre sur la suite d'une intrigue débutée dans le volume précédent. Conan et ses compagnons doivent sauver Ai et Mitsuhiko, devenus les cibles d'un chasseur après avoir assisté à un meurtre par hasard. Si cette affaire n'était déjà pas très intéressante dans sa première partie, elle ne l'est guère plus ici avec un dénouement très (trop) convenu.

Les choses sérieuses commencent avec l'affaire suivante où une ravissante cliente se présente à l'agence de détective Mouri pour retrouver son ami d'enfance, lequel est bien évidemment retrouvé assassiné ensuite, faisant du coup de la cliente le suspect idéal. Si la dimension enquête ne bouleverse en rien les habitudes de la série tout en étant plutôt bien gérée, l'intérêt principal de cette intrigue vient de la cliente en elle-même, personnage très mystérieux. Conan ne tarde pas à réaliser que son histoire ne tient pas debout, mais il ne comprend pas la raison qui pousse cette dame à leur mentir, ni quelles sont ses véritables intentions. Son attitude plus que suspecte lui laisse même redouter le pire, cette femme semblant être au courant d'un lien entre l'agence de détective Mouri et la disparition de Shinichi Kudo. Le temps fort de cette intrigue est assurément son dénouement, riche en surprises alors que les masques tombent et qu'un invité inattendu vient dévoiler l'étonnante vérité sur notre personnage mystère.

Suite à cela, on enchaîne avec une troisième affaire et là, autant le dire, c'est un chef d'oeuvre ! Tout simplement l'une des meilleures intrigues de la série, si ce n'est la meilleure (avis personnel) ! Cette affaire nous ramène à une ambiance mystérieuse, fantastique et inquiétante que l'on n'avait plus retrouvée dans ce manga depuis la mémorable affaire de l'île au Clair de Lune (dans le tome 7). Nos héros, accompagnés de Heiji Hattori et de Kazuha Toyama, se rendent sur l'ile de la sirène afin d'enquêter sur une étrange malédiction. D'après la légende, la doyenne de l'île, Mikoto, aurait acquis l'immortalité en avalant la chair d'une sirène. Depuis, tous les ans a lieu un festival où Mikoto remet à trois personnes des flèches bénites par ses soins qui leur apporteront une vie longue et prospère. Toutefois, si elles venaient à perdre ces flèches, la malédiction de la sirène s'abattraient sur elles et elles trouveraient la mort. Derrière ce folklore local se cache bien sûr un véritable business où les précieuses flèches s'acquièrent en participant à une loterie.

Mais les festivités de cette année sont placées sous le signe de la mort lorsque les gagnantes de la grande loterie sont retrouvées mortes, apparemment victimes de la malédiction. Les circonstances dans lesquelles les victimes sont retrouvées se font de plus en plus étranges, laissant croire à l'intervention d'une sirène. L'intrigue ne laisse aucun temps de répit au lecteur: dès qu'on commence à peine à y voir un peu plus clair derrière l'une des morts, un nouveau meurtre enchaîne aussitôt et vient remettre en cause tout ce que l'on pensait avoir compris, plongeant de plus en plus l'atmosphère générale de cette intrigue vers le fantastique. Conan et Heiji eux-mêmes en viennent à douter de leurs propres conclusions tant elles leur semblent improbables, ou tout simplement parce qu'ils ont du mal à les accepter. Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'auteur maîtrise parfaitement son histoire et sa narration et qu'il prend un malin plaisir à jouer avec ses lecteurs.

Le dénouement de cette affaire est assurément l'un des plus surprenants et des plus inattendus qu'il nous ait été donné de voir dans ce manga, quasiment impossible à anticiper tant il s'avère géniale et audacieux. Le personnage du coupable est une pure réussite car si, avant de connaître son identité, on avait à l'esprit un criminel terrifiant et diaboliquement intelligent, plus que capable de tenir tête à Conan et à Heiji, les choses en sont d'autant plus dures et choquantes lorsqu'il prend un visage et qu'on découvre un coupable très loin de cette image: un personnage honorable sur lequel un destin particulièrement cruel et lourd s'est acharné, l'entraînant inévitablement à commettre les actes horribles que l'on a découvert comme la seule réponse possible à tout le mal qu'il a vécu. Ce démon appelé vengeance peut prendre possession de la plus honnête des personnes et la pousser à commettre les actes les plus atroces qui soient. On retrouve beaucoup l'esprit de l'affaire de l'île au Clair de Lune à travers ce dénouement mélancolique des plus amers, et c'est dans une ambiance crépusculaire que nos héros tournent la page sur l'une de leurs aventures les plus étranges et les plus bouleversantes. La vérité ne rend pas forcément les gens heureux et elle peut parfois être dure à accepter, mais il n'y a toujours qu'une seule vérité.

La dernière histoire du tome voit le début d'une nouvelle affaire où la brigade Megure enquête sur des cas d'agressions de jeunes femmes. Ils ne parviennent pas à comprendre les motifs du criminel, ses victimes semblant être attaquées au hasard, et ils cherchent à établir des points communs entre elles. Le tome s'achève lorsqu'une quatrième victime est découverte morte dans le parking d'un grand centre commercial, réveillant de douloureux souvenirs chez le commissaire Megure au sujet d'une vieille affaire. Il faudra attendre le tome suivant pour découvrir une enquête un peu plus approfondie et le dénouement de cette affaire, mais Gosho Aoyama nous introduit des éléments intéressants et, surtout, le déroulement de l'enquête est vraiment prenant pour l'heure. On a hâte d'en apprendre davantage sur ce mystérieux passé que le commissaire Megure semble vouloir dissimuler aux autres personnages, son background nous étant encore inconnu alors même qu'il est présent depuis le premier tome de la série.

On se retrouve au final avec un très bon tome de Détective Conan qui vaut tout particulièrement le coup pour ce chef d'oeuvre qu'est l'affaire de l'île aux sirènes. Si vous aimez les histoires mystérieuses à suspense et le faux fantastique, vous allez être servis. Les autres histoires de ce tome ne sont pas en reste, globalement d'un très bon niveau, malgré un début de volume plutôt laborieux qu'on pourra pardonner facilement au vu du reste. Un vrai plaisir de lecture qui se dévore sans voir le temps passer tout comme on savoure un bon roman policier !

Glass heart