Détective Conan Vol.16 - Actualité manga
Détective Conan Vol.16 - Manga

Détective Conan Vol.16 : Critiques

Meitantei Conan

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 22 Mars 2016

Critique 1


Le directeur du riche groupe Nagato a fait venir Kogoro Mouri et sa famille, ainsi que Heiji Hattori, pour une simple affaire d’enquête sur le premier amour du vieil homme. Mais la bonne humeur est entachée par l’appel macabre de Mitsuaki Nagato avant que ce dernier ne soit retrouvé empalé sur les grillages. Le principal suspect ? Hideomi Nagato, un homme reconnaissable par ses bandages dont le faciès a été aperçu, l’individu portant un couteau dans sa bouche…

La première affaire du volume est la simple conclusion du meurtre de Mitsuaki Nagato. En soit, l’enquête est assez traditionnelle, que ce soit dans son déroulement que dans le mobile du criminel qui garde un air de déjà-vu. Les points positifs de l’arc restent alors son côté spectaculaire de par la violence des meurtres, et surtout l’efficacité du duo Conan/Heiji qui, tels Laurel et Hardy, montrent des interactions qui rendent l’enquête vraiment vivante, entre dynamisme d’investigation et pointe d’humour à certains moments. Si les apparitions de Heiji ne sont pas fréquentes, elles restent toujours efficaces.

La seconde affaire du volume aurait pu se montrer désagréable à cause de la mise en avant des Detective Boys qui apportent bien souvent une ambiance trop enfantine à l’œuvre. Et pourtant, l’affaire de chasse au fantôme qui est présenté ici est des plus efficaces puisque la dimension pseudo surnaturelle de l’affaire apporter une certaine angoisse. En soit, l’investigation est ordinaire et son issue assez prévisible étant donné le ton qu’on accorde aux enquêtes des Detective Boys, mais l’humour apporté en fin de récit est justement efficace et les quelques rebondissements aussi bien pensés que désopilants.

Pourtant, le plat de résistance se fait attendre, et c’est à la moitié du volume que l’on découvre le point d’orgue de ce volet… Car la couverture nous montre un Conan vêtu tel un Arsène Lupin, un choix qui n’est pas lié au hasard puisque dès lors, Gosho Aoyama choisit d’intégrer à sa longue série le personnage de Kuroba Kaito, alias Kaito Kid ou Kid l’Insaisissable, protagoniste phare de son œuvre Magic Kaito. Rapidement, on se rend compte de la portée du voleur de pierres précieuses, aussi agile qu’inventif. Kaito Kid se présent alors comme un rival tenace pour Conan, une dualité vouée à se poursuivre pendant encore un moment, mais qui place le héros en culotte courte dans ses derniers retranchements. Côté mise en scène, l’auteur vire dans le grandiloquent, il insiste lourdement sur le fait que le personnage est voué à devenir récurrent et que ses interventions sortiront la série de sa routine.
Toutefois, il est important de noter que Kaito sera présent dans la série pour de la figuration. En effet, le personnage ayant sa propre série qui elle-même est antérieure à Détective Conan, sa propre trame narrative n’est pas vouée à évoluer. Ainsi, l’Arsène Lupin des temps modernes occupera un rôle de rival, mais ne pourra pas aller au-delà. Gageons aussi que les lecteurs de Magic Kaito seront déroutés de découvrir ici un personnage plus mûr que dans la série clef du magicien blanc où il est présenté comme bien excentrique et moqueur à l’égard de ce qui l’entoure, un point que Gosho Aoyama a d’ailleurs affiné à partir du tome trois de son autre série.

Enfin, une dernière affaire s’ouvre à la toute fin de volume, un premier chapitre qui nous permet de nous rendre compte que l’enquête sera vraisemblablement très classique. On compte toutefois sur le génie du mangaka pour proposer un stratagème inventif et une résolution surprenante.

Ce seizième tome de Détective Conan est donc bien particulier et s’avère d’excellente facture. Outre les enquêtes classiques qui ont le mérite d’être réussies grâce au suspense implanté et à l’efficacité du personnage de Heiji Hattori, on applaudit surtout l’arc de l’introduction de Kaido Kid dans la série, un rival surprenant qui confère une tout autre aura à la série lors de ses apparitions. On attendra son retour avec impatience !


Critique 2


Nous voilà déjà au 16ème tome de cette formidable série, et quel tome ! Car si Détective Conan assure généralement un certain niveau d'excellence, ici on atteint vraiment des sommets. Ce tome 16 porte la couleur des oeuvres des plus grands auteurs avec la maîtrise parfaite de Gosho Aoyama sur chacune des trois histoires principales qui composent ce tome, toutes très différentes et qui affirment bien leur caractère unique. On est donc en présence d'un véritable bijou auquel l'auteur a su insuffler toute la richesse de son univers pour nous offrir un moment d'une rare perfection.

Ca commence très fort avec la seconde partie de l'intrigue du bandage ensanglanté qui entre enfin dans le vif du sujet: une affaire déroutante où les cartes sont complètement truquées et où les deux détectives les plus talentueux du Japon, Conan et Heiji Hattori, vont devoir remettre en question tout ce qu'ils savent pour arriver à trouver la vérité et démasquer le coupable. Gosho Aoyama prend complètement à contrepied tous les codes du genre, nos deux héros sont complètement perdus face à une affaire qui ne ressemble en rien à tout ce qu'ils ont connu et qui leur échappe complètement, et les suspects sont tellement criants de vérité dans leurs émotions qu'on ressent tout l'impact tragique de cette intrigue.

A mesure que les éléments apparaissent, le puzzle se complète et une vérité totalement inattendue et aux conséquences dramatiques pour la famille de la victime apparait, une vérité que personne n'aurait désiré connaître et qu'il aurait probablement mieux valu ne jamais découvrir. Dans ce monde où les criminels sont résolus à mourir pour payer leurs actes, Conan se rappelle l'affaire de l'Île au Clair de Lune où il avait été incapable de comprendre l'affaire dans les temps, entraînant le coupable vers la mort. Le plus grand échec de sa carrière qui n'a cessé de le hanter depuis, se considérant comme responsable de ce dénouement tragique où le détective, poussant le meurtrier dans une impasse, l'entraîne vers une mort certaine et ne vaut alors guère mieux qu'un assassin. Alors qu'il n'a lui-même jamais pu se pardonner une telle faute, Conan entend à présent empêcher qu'un tel drame se reproduise. C'est là sa responsabilité et, peut-être, la dernière chance qu'il a encore de se racheter à ses yeux.

Tout dans cette intrigue est magistral, de la narration parfaitement maîtrisée jusqu'au final d'anthologie plein de surprises qui va jusqu'à nous dévoiler un visage plus sombre et torturé au personnage de Conan, complètement désillusionné sur ses rêves de grand détective. On l'avait vu en plein cafard à l'issue de l'intrigue de l'Île au Clair de Lune et, plusieurs tomes plus loin, lorsque cette affaire ressurgit dans sa mémoire, on voit un personnage qui a perdu son innocence d'autrefois pour prendre conscience de ses responsabilités en tant que détective. Qui aurait cru que cela arriverait alors que Shinichi vient justement de retomber en enfance ?

Après une intrigue atteignant un tel niveau d'excellence et d'intensité dramatique, il est toujours difficile d'enchaîner sur une nouvelle intrigue sans ressentir une certaine déception par la retombée soudaine de la tension et le contraste entre deux histoires. Là-dessus, je dois dire que Gosho Aoyama a brillamment réussi à contourner le problème. Loin d'enchaîner directement une nouvelle affaire criminelle à proprement parler, il se lance cette fois dans une intrigue hommage à la littérature jeunesse, style Club des Cinq ou Bibliothèque Rose (des inspirations évoquées et clairement assumées). Se basant notamment sur le mythe des sept mystères qui hanteraient les écoles, il démarre une nouvelle intrigue avec les Jeunes Détectives qui se plait à jouer avec les codes du genre. Tous les éléments typiques des bonnes histoires policières pour enfants sont présents, des mystères fascinants avec le faux fantastique jusqu'aux surprenantes révélations dans une ambiance bon-enfant (mais loin d'être mièvre). Le résultat est très plaisant et rappelle avec une certaine nostalgie la saveur particulière de ces lectures qui ont habité notre enfance.

La troisième affaire du tome est littéralement le clou du spectacle: la première grande confrontation tant attendue entre Conan Edogawa, le nouveau héros de Gosho Aoyama, et le magicien-voleur Kaito Kid, personnage principal du manga Magic Kaito, la première série de l'auteur. Un duel au sommet entre un détective et un voleur qui excellent tous deux dans leurs arts respectifs. Et à rencontre exceptionnelle, intrigue exceptionnelle, Aoyama sortant les grands moyens pour s'assurer de la réussite de ce face à face: l'arène du duel sera un paquebot de luxe où se tient une réception tenue par la corporation Suzuki et réunissant tout le gratin de la société, tous attendant de l'événement principal de la soirée. Parmi eux, de nombreux personnages apparus précédemment dans la série et qui incarnent les différents suspects dont Kaito Kid aurait pu avoir emprunté l'identité. Et surtout, la mère de Sonoko a eu la brillante idée de faire de multiples copies de l'Etoile Noire, la perle convoitée par Kid, à faire porter à ses invités afin de lui compliquer la tâche et de confier la véritable perle à l'un d'eux sans qu'il le sache lui-même. Le défi est donc de taille tant du côté de Kaito Kid qui doit faire face à ce challenge particulièrement difficile mis en place par sa terrible adversaire que du côté de Conan qui doit démasquer le magicien parmi les invités et essayer de deviner ce que ce dernier ignore lui-même: sa cible.

Mais Kaito Kid est avant tout un artiste et il ne pouvait bien sûr rêver mieux qu'une scène pareille et une telle audience pour son "spectacle". Alors que le magicien doit rivaliser de créativité pour parvenir à ses fins et réussir à "impressionner" son public, Conan surveille de près les attitudes des différents suspects afin de voir au-delà des différents artifices mis en place par son adversaire pour tromper son monde. La rivalité entre les deux personnages dépasse par ailleurs le cadre du simple cross-over pour atteindre une signification métaphysique: le magicien est un artiste faisant acte de créativité et le détective tient le rôle du critique qui ne fait que raconter à postériori le récit des événements. Kaito Kid a donc toujours théoriquement un coup d'avance sur son jeune adversaire, un coup que Conan va devoir anticiper pour arriver à prendre l'ascendant et lui mettre le grappin dessus. L'ambiguité de cette relation, c'est qu'il revient au détective de raconter les exploits du magicien et de créer sa "légende", d'où la nécessité pour Conan de voir au-delà de réussir à déjouer ses illusions (ce qui symbolise le retrait de la scène pour un magicien). Ces deux personnages s'attirent donc mutuellement, ce qui donne toute sa puissance et son intensité à cette rivalité aux limites du sadomasochisme.

Loin de se laisser dépasser par les enjeux commerciaux d'un tel cross-over, Gosho Aoyama a donc trouvé une réelle raison d'être à ce duel entre ces deux personnages en particulier et il a réussi à le construire autour d'une intrigue saisissante avec de réels enjeux. Cette première rencontre entre Conan et Kaito Kid est donc parfaitement maîtrisée, magistrale à tous les points de vue, et elle demeure encore aujourd'hui l'une des confrontations les plus mémorables entre les deux rivaux et une véritable anthologie de la série. De la magie, tout simplement !

Enfin, le dernier chapitre démarre une nouvelle intrigue se déroulant cette fois dans le monde des sculpteurs de poteries. Une introduction très sympathique à cette nouvelle intrigue pour l'heure et qui nous mène jusqu'au moment du meurtre qui marque la fin du tome. Il y a donc un bon potentiel, reste à voir à présent où cette nouvelle histoire va nous conduire avec le tome suivant.

On est donc en présence d'un tome particulièrement réussi et mémorable de la série qui ravira sans nul doute les fans du jeune détective. Gosho Aoyama nous y déploie tout la mesure de son talent d'auteur au cours des trois histoires principales qui le composent. Grandiose jusqu'au bout, le lecteur ne peut que savourer cette lecture page après page. Et si, après coup, il n'est pas encore suffisamment repu, le meilleur reste encore à venir d'ici peu... Pour l'heure, on ne peut que se satisfaire de ce tome exceptionnel et souhaiter que l'auteur retrouvera un tel niveau d'excellence sur de nombreuses autres intrigues par la suite.


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
GlassHeart

20 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs