De l'amour à l'écume, jamais ! - Actualité manga

De l'amour à l'écume, jamais ! : Critiques

Awa ni mo Narenai Koi Nara ba

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 26 Mars 2019

En septembre 2018, les éditions Boy's Love nous proposaient de découvrir pour la première fois en France Emi Mitsuki, une mangaka exerçant depuis déjà quelques années. Et pour cette première publication française, l'éditeur a choisi Awa ni mo Narenai Koi Nara ba, son premier manga édité chez l'éditeur nippon Takeshobo, et qui est également son premier recueil. Nommé dans notre pays De l'amour à l'écume, jamais !, ce tome de plus de 200 pages regroupe des récits parus dans le magazine Reijin.

Au programme, trois histoires, dont la première et la dernière font toutes les deux trente pages.
Dans la première, qui donne son nom au recueil, on suit Kobayashi, un jeune employé qui a récemment changé de boîte d eproduction de films sur conseil de son ami Ishihara, mais qui rapidement l'a amèrement regretté: l'ambiance est mauvaise, il ne trouve pas trop sa place sous les ordres du dénommé Akagi... En se confiant à Ishihara, celui-ci finit par lui conseiller de le suivre afin de se changer les idées. Et tous deux se retrouvent bientôt dans une sorte de club tout à fait particulier, où leurs sentiments vont se dévoiler au gré d'une relation sexuelle. Ce premier récit offre quelques bonnes idées: un héros peinant à trouver sa place côté professionnel, le milieu de la production de films, le concept du club qui aurait pu amener bien d'autres situations chaudes... mais malheureusement, la brièveté de l'histoire fait que tout est survolé, y compris la relation principale qui évolue du tout au tout, sans étapes. Au final, ce n'est pas déplaisant à lire, mais ça reste très banal.
Dans la dernière histoire, on suit Sera, un jeune garçon qui tente de jouer les durs en fréquentant des loubards et en se décolorant les cheveux... mais pourquoi agit-il ainsi ? La réponse pourrait bien venir de son rapport à Midori, son oncle. Ici, en plus d'aller lui aussi très vite et de manque d'ambiance, le récit risque de laisser sur la touche une partie du lectorat à cause de deux points qui ne peuvent que diviser. Tout d'abord, l'aspect incestueux du récit. Ensuite, la nature du flashback, mettant en scène Sera dans une situation délicate alors qu'il est visiblement très jeune, sans doute collégien.

Entre ces deux récits, pourtant, tout le milieu du recueil s'avère un peu plus intéressant, en offrant trois récits (dont un en deux chapitres) ayant pour point commun un personnage: Akaishi, employé de la mairie d'un village, qui en plus d'être d'une grande beauté possède un don étonnant, à savoir sa capacité à communiquer avec les morts. En observant ses collègues, il va pouvoir utiliser son don afin d'effacer en eux certaines peines de coeur et leur permettre d'évoluer sentimentalement. Hormis dans le dernier chapitre où il est lui-même concerné par le sentiment amoureux d'un collègue, Akaishi n'est jamais le personnage principal à proprement parler, car la narration de focalise plutôt sur les pensées et le ressenti des héros en pleins problèmes. Cela permet à l'autrice d'esquisser quelques thèmes assez forts (en tête le deuil et le sentiment de culpabilité), tout en faisant d'Akaishi un personnage assez intrigant, d'autant plus que souvent il semble agir sans rien attendre en retour. Malgré tout, là aussi les récits restent plutôt banals dans leur déroulement, en allant à l'essentiel sans dégager d'atmosphère vraiment forte.

Cette impression de banalité vient peut-être aussi de la patte graphique de l'autrice, qui, sans être déplaisante, est très classique. Seule l'allure d'Akaishi, avec ses longs cheveux ondulés, sort un peu de l'ordinaire. Pour le reste, les trames sont plutôt basiques, les décors se contentent souvent du minimum syndical...

L'édition, elle, n'est pas dépourvue de lacunes. Elle n'est pas déplaisante à prendre en mains avec son papier souple, son encre qui ne bave pas, sa première page en couleurs et sa traduction assez claire d'Aline Kukor, en revanche il y a quelques coquilles qui ont échappé à la relecture (comme des inversions de lettres, qui pourront sûrement être corrigées lors d'éventuelles réimpressions), ainsi qu'une qualité d'impression moyenne. N'oubliez pas de soulever la jaquette pour découvrir, sur la couverture, la postface de la mangaka, qui est assez intéressante pour certains détails !
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
11.5 20
Note de la rédaction