Coup de foudre dans ta face Vol.1 - Manga

Coup de foudre dans ta face Vol.1 : Critiques

Watashi no Kobushi wo Uketomete

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 23 Décembre 2024

Dernière nouveauté de la collection Yuri des éditions Taifu Comics pour cette année 2024, Coup de foudre dans ta face! a vu son premier volume paraître en France à la fin du mois de novembre. Prépubliée au Japon sous le titre "Watashi no Kobushi wo Uketomete!" (pouvant être traduit littéralement par "Accepte mon poing!" ), entre janvier 2018 et octobre 2020, sur le site catégorisé seinen Young Ace Up des éditions Kadokawa, cette oeuvre en quatre tomes fut la première (et toujours unique, à l'heure où ces lignes sont écrites) série professionnelle de Murata, mangaka qui est bel et bien adepte des histoires à base de relations homosexuelles féminines puisque, dans le milieu amateur, on lui doit aussi plusieurs doujinshi autour des séries Love Live! et BanG Dream!, entre autres. Jouissant d'une assez solide popularité parmi les fans de ce type de récit, Coup de foudre dans ta face! a également été édité en version anglaise par Yen Press en 2022-2023, sous le nom "Catch These Hands!".

Cette série démarre en nous plongeant auprès de Takebe, qui était, à l'époque du lycée, une casseuse, et même la délinquante la plus redoutée de son établissement... voire des autres loubardes des établissements aux alentours, puisqu'elle se frittait souvent avec elle en compagnie de sa bande. Mais quatre ans plus tard, maintenant qu'elles sont toutes devenues de jeunes adultes, les filles du groupe ont pris la tangente, se sont mises en ménage, voire sont déjà mariées et ont ou attendent un enfant... Bref, elles sont rentrées dans le moule, au grand dam de Takebe qui, elle, a l'impression de ne pas vraiment changer. Non pas qu'elle soit encore une casseuse: simplement, elle a gardé son air éternellement mauvais/renfrogné et son caractère capable de partir qu quart de tour.

Pourtant, Takebe le sent: elle aussi ne demande qu'à changer. Plutôt que de s'enfermer dans sa routine faite de petits boulots et de glandouille, où elle ne voit quasiment plus ses amies et où elle méconnaît totalement les modes de ces dernières années, elle aimerait évoluer, voire elle-même se marier et avoir un enfant un jour, si tant est que quelqu'un veuille bien d'elle. Alors, en allant dans une boutique de vêtements pour essayer de capter les tendances du moment auxquelles elle ne comprend rien, et en y retrouvant Soramori, son ancien rivale d'un autre lycée avec qui elle se frittait toujours, qu'elle n'a jamais battue ni même jamais pu encadrer, Takebe ne s'attendait sans doute pas à ce qui va lui arriver. En effet, Soramori la provoque en duel, comme au bon vieux temps, mais avec un enjeu surprenant: si elle gagne, Takebe devra sortir avec elle !

Quelle est la raison profonde de cette demande de Soramori ? On le découvrira bien assez vite, de manière amusante puisque Murata y évoque efficacement les raisons pour lesquelles cette fille venait toujours à la rencontre de Takebe autrefois, et détourne habilement les poncifs ayant fait de Soramori une loubarde malgré elle. Et que se passera-t-il si les deux femmes se mettent bel et bien à sortir ensemble ? Eh bien, c'est précisément ce qui fait tout le sel de ce premier tome, au fil duquel Murata joue plutôt très bien sur les bases qu'il a posées.

Tout d'abord, c'est la façon d'être de Takebe qui régale au plus haut point: en plus d'avoir constamment ses excellents regards noirs même quand elle ne pense pas à mal (ce n'est pas de sa faute, elle est comme ça depuis toujours) ainsi que ses sautes d'humeur et autres envie de mettre quelques mandales, la jeune femme amuse facilement par son décalage avec les modes du moment, que ce soit en termes de vêtements où elle n'a jamais évolué, ou de réseaux sociaux pour lesquels elle n'a aucun intérêt, ce qui vaudra même à Murata un chapitre rigolo où il tape gentiment sur certaines tendances absurdes d'Instagram. Et ces moments de décalage, Soramori l'y accompagne volontiers parfois !

Ensuite, il y a, justement, la nature de la relation entre nos deux héroïnes, avec d'un côté une Soramori qui a toujours voulu se rapprocher de Takebe, et de l'autre côté une Takebe qui, jusque-là, avait toujours considéré cette fille comme sa plus grande rivale et ne la voyait que comme quelqu'un à battre. Autant dire qu'il faudra du temps pour que leur relation évolue, si tant est qu'elle évolue bien sûr. Et en attendant, Murata offre déjà quelques occasions de voir ce que ces deux femmes peuvent s'apporter: on appréciera ce que dégage Soramori en affirmant que Takebe n'a pas besoin de pleinement rentrer dans le moule et qu'elle l'aime telle qu'elle est, et on aimera observer les instants où Takebe montre son bon fond derrière ses envies de cogner, à l'image du passage avec Maria où elle s'inquiète pour Soramori, peut-être pas par affection mais par droiture.

Murata accompagne tout ça avec un rendu visuel assez adéquat: loin d'offrir une grosse richesse graphique, son dessin joue surtout sur une simplicité faisant ressortir les designs expressifs de ses personnages et surtout leurs visages généralement très efficaces, surtout dans le cas de Takebe qui, inévitablement, accentue bien le côté décalé.

Il faudra désormais voir comment la série évoluera, mais dans l'immédiat Coup de foudre dans ta face! part sur des bases très sympathiques. L'histoire ne va pas forcément chercher très loin ses développements pour l'instant, mais il y a déjà largement de quoi être séduit par cette tranche de vie plutôt originale dans son principe de base et assez amusante, où le décalage voire les élans absurdes naissent efficacement de ces deux héroïnes un peu en marge et de la relation peu commune qui se crée entre elles.

Côté édition française, enfin, Taifu livre une copie soignée: la jaquette adapte soigneusement, fidèlement et sobrement l'originale japonaise jusque dans la typo du logo-titre, la première page en couleurs sur papier glacé est appréciable, le papier souple et assez opaque permet une très bonne qualité d'impression, la traduction assurée par Karen Guirado est globalement très bien dans le ton de l'oeuvre, et le travail d'adaptation graphique et de lettrage effectué par Jean-François Leyssène est propre.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.25 20
Note de la rédaction