Cosmoship Yamato Vol.1 - Actualité manga

Cosmoship Yamato Vol.1 : Critiques

Uchû Senkan Yamato

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 08 Septembre 2016

Uchû Senkan Yamato... Si vous vous intéressez de près au manga et à l'animation japonaise, vous avez forcément déjà entendu ce nom. Initiée en 1974-75 par le célèbre Leiji Matsumoto (et donc quelques années avant son oeuvre la plus connue en France, Harlock/Albator), cette série animée est non seulement le premier grand space opera de son auteur, mais aussi, et surtout un morceau historique et culte de l'Histoire de l'animation japonaise, puisqu'elle est considérée comme l'œuvre phare du boom de l'animation qu'a connu le Japon à cette époque, qu'elle a marqué et influencé un grand nombre d'artistes nippons, et qu'aujourd'hui encore elle connaît nombre d'adaptation et de dérivés, que ce soit en animation, en film ou en manga.
Pourtant, tout aussi culte soit-elle, cette oeuvre reste encore trop méconnue en France, où nous n'avons pu en découvrir que peu de choses (notons le film live Space Battleship réalisé en 2010 et sorti chez Wild Side en 2011, et le médiocre manga Yamato - Le cuirassé de l'espace paru chez Clair de Lune entre 2012 et 2014). Ce sont finalement les éditions Black Box qui, dans le cadre de leur collection Leiji Matsumoto, nous permettent d'enfin avoir en France l'une des toutes premières pierres de l'édifice Yamato : le premier manga, dessiné par Matsumoto lui-même de 1975 à 1980, et directement adapté de la série animée.

Cosmoship Yamato nous plonge en 2199 après J-C., à une époque où l'humanité vit ses derniers instants sur Terre : celle-ci n'est plus la belle planète bleue d'autrefois et, sous les attaques répétées d'extraterrestres venus de Gamilas, est devenue aussi rouge que Mars, aussi craquelée que la Lune, et radioactive au point que les humains survivants ont dû se réfugier sous terre. Ceux-ci survivent tant bien que mal en continuant de repousser les attaques gamiliennes, mais la situation est de plus en plus critique... jusqu'à ce qu'un message leur parvienne de la part de Starsha, reine de la planète Iscandar : elle détient le "Cosmo Cleaner D", une machine apte à éliminer la radioactivité terrestre, et invite les humains à venir jusqu'à sa planète. Seulement, Iscandar se trouve à 148 000 années-lumière de la Terre, et les humains n'ont jamais trouvé le moyen de quitter leur simple système solaire... Heureusement, le message de Starsha comprend aussi le plan d'un moteur révolutionnaire qui permettrait  aux humains de naviguer dans l'espace jusqu'à Iscandar. Construit à partir de l'épave du cuirassé éponyme de la Seconde Guerre mondiale, le vaisseau spatial Yamato est fin prêt à partir pour ce périlleux voyage. Mais entre les dangers naturels de l'espace et les pièges et attaques des bases gamiliennes dispersées tout au long de leur parcours, moult dangers attendent le capitaine Okita et son équipage, équipage où se trouvent les jeunes Susumu Kodai (qui a perdu son frère peu avant le départ dans une attaque contre les gamiliens) et Shima, mais aussi la belle infirmière Yuki Mori, le docteur Sado, le chef des machines Tokugawa, le robot vicieux Analyzer et bien d'autres.

Cosmoship Yamato est l'un des premiers grands mangas spatiaux, et il faut le prendre comme tel : l'oeuvre a évidemment vieilli, son déroulement suit un schéma aujourd'hui largement utilisé, et son récit a même été très écourté par rapport à la série animée d'origine. Il n'en reste pas moins un titre intéressant à suivre, au moins sur cet épais premier volume de 240 pages qui peut par ailleurs se suffire à lui-même (on a une conclusion au bout de ce tome).
Figurant parmi les premiers space operas de Matsumoto, le titre témoigne déjà du goût de l'auteur pour l'alternance entre passages épiques de combats et de sacrifices, et moments beaucoup plus lyriques où s'affichent d'infinies étendues spatiales où vient se perdre le vaisseau dont on ressent bien toute la petitesse. Pour cela, le trait de l'auteur, ses utilisations du noir font encore très bien leur office.
On aimera la façon dont Matsumoto imagine l'infini spatial un peu comme un vaste océan : le Yamato est un vaisseau basé sur un navire, on trouve un champ de mines tel qu'on en verrait dans l'eau en période de guerre, ainsi que des épaves, et lorsqu'il met en avant l'aspect "exploration vers l'inconnu" le mangaka évoque de grands noms maritimes comme Magellan et Vaco de Gama.
Difficile, aussi, de ne pas ressentir dans le récit une forte influence du traumatisme de la 2nde Guerre mondiale : le fait que le célèbre cuirassé Yamato serve de modèle, la présence de ces mines déjà évoquées précédemment, l'horreur de la radioactivité sur Terre, le rappel du drame nucléaire, la façon dont en début de lecture Mamoru se sacrifie inutilement à la façon d'un kamikaze...
Enfin, l'oeuvre est aussi celle voyant apparaître certaines figures qui deviendront récurrentes dans l'oeuvre globale de Matsumoto. On pense évidemment à ce qui est ici une première version de Harlock, alias Albator.

L'édition proposée par Black Box est plaisante pour son grand format permettant de mieux profiter des vues spatiales de Matsumoto. Par contre, on note un certain nombre de petites coquilles d'inattention dans les textes, ce qui est d'autant plus dommage que la traduction est globalement bonne. Dommage également que l'éditeur n'ait pas pu inclure de préface ou postface présentant le statut culte de l'oeuvre.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs