Cordonnerie des ours polaires (la) : Critiques

Dans le froid enneigé, une famille d'ours polaires traîne avec elle son énorme charrette de mobilier, à la recherche d'une nouvelle maison où installer sa cordonnerie. Elle finit par tomber sur une demeure abandonnée, dont la forme leur semble toute destinée : une botte ! Quoi de mieux pour installer la cordonnerie ? C'est décidé, ils vivront là ! Le rez-de-chaussée en guise de magasin, les 1ème et 2ème étages pour vivre, et le 3ème étage pour l'atelier.
Pendant que mamie et papa ours s'attellent jour après jour dans l'atelier, maman ours et ses trois enfants se chargent de tenir la boutique et de prodiguer les conseils de vente aux clients pingouins, lapins, ours, cochons, écureuils... si bien que la cordonnerie des ours polaires devient vite un grand succès !
Mais que se passera-t-il quand le propriétaire de la botte abandonnée refera son apparition ?

A l'approche de l'hiver, les éditions nobi nobi! proposent de découvrir dans leur collection 1, 2, 3, Soleil un nouvel album à destination des plus jeunes, et qui est le tout premier livre jeunesse de Yukako Ohde à la fois en tant que scénariste et illustratrice. Artiste encore toute jeune (elle est née en 1986), elle exerce dans des domaines variés allant d'illustrations pour des brochures, magazines et livres à la conception de peluche, en passant par la réalisation de graphismes d'emballages, le tout ayant toujours un rapport avec son domaine de prédilection : l'illustration et le design.

Les mots d'ordre de cet album pourraient être "chaleur humaine", alors que les personnages sont quasiment tous des animaux ! En effet, Ohde invite ici son jeune lecteur à la découverte d'un petit monde dégageant quelque chose de très convivial, essentiellement grâce à l'aspect soudé de cette famille d'ours qui habite ensemble dans une grande botte, où chacun occupe sa tâche pendant les heures de travail, avant de se réunir pour des repas familiaux. Ajoutons à cela le succès de la boutique où afflue du monde avec le sourire, ainsi que la façon dont les ours polaires font face aux problèmes tous ensemble, et on obtient une très belle histoire apte à réchauffer les coeurs dans le froid hivernal, tant la famille apparaît unie et bienveillante et la botte se présente comme un grand et chaleureux espace de vie que les ours feront tout pour protéger.

Pour porter ce récit, Ohda dévoile de larges illustrations de toute beauté, où les décors extérieurs hivernaux dominés par le blanc viennent contraster à merveille avec les couleurs beaucoup plus chaudes de l'intérieur de la cordonnerie. Douceur et chaleur sont au programme de son travail, ainsi que quelques jeux sur les grandeurs.
L'artiste ne s'en cache pas dans sa présentation en fin d'album : ses influences sont nombreuses. Ses extérieurs se basent sur ce qu'elle a pu voir lors d'un voyage en Finlande, le design de l'intérieur de la botte est inspiré des maisons de figurines de jouet Sylvanian Families, les vêtements tirent beaucoup des travaux d'illustration de Mary Blair (qui a travaillé chez Disney) et Tove Jansson (la créatrice des Moomin)... le résultat est très beau.

Au Japon, La cordonnerie des ours polaires a connu un tel succès qu'une exposition avec notamment une maquette de la botte a vu le jour, et qu'un deuxième album est sorti. Chez nous, sa découverte a tout ce qu'il faut pour que l'album réchauffe le coeur en plein hiver et soit lu au coin du feu.

Le grand format cartonné proposé par nobi nobi! rend bien honneur au travail de l'artiste, d'autant qu'il est couplé à une excellente impression et à un papier cartonné. Mention spéciale aux éléments vernis sur la couverture, et à la traduction impeccable d'Aurélien Estager qui a su dégager toute la douceur, la chaleur et la convivialité de l'ambiance.