Concierge du grand magasin (la) - Actualité manga
Concierge du grand magasin (la) - Manga

Concierge du grand magasin (la) : Critiques

Hokkyoku Hyakkaten no Concierge-san

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 06 Septembre 2022

Après Eisbahn - Sentier verglacé en février 2019 et Au revoir Mina en mars 2021, Le Lézard Noir poursuit cet été son exploration de la bibliographie de Tsuchika Nishimura avec ce qui est son dernier manga en date: La concierge du grand magasin. De son nom original Hokkyoku Hyakkaten no Concierge-san (dont le titre français est une traduction assez proche), cette oeuvre en dix chapitres a été prépubliée au Japon entre 2017 et 2020 dans le magazine Big Comic Zôkan de Shôgakukan (le magazine de Gekiga Fanatics et Demande à Modigliani!, entre autres), et totalise deux volumes dans son pays d'origine. Notons que l'oeuvre a remporté cette année le Prix d'Excellence du 25e Japan Media Art Festival.


Pour l'édition française, l'éditeur poitevin a toutefois fait le choix de compiler les deux tomes initiaux en un seul pavé d'environ 280 pages, où l'on retrouve ses standards éditoriaux habituels avec un grand format sans jaquette ni rabats, ainsi qu'un papier souple et sans transparence permettant une bonne qualité d'impression. Soulignons aussi un lettrage sobre et propre, le retour à la traduction d'Aurélien Estager (déjà à l'oeuvre sur Au revoir Mina) pour un résultat très clair et soigneusement relu par Corentin Le Corre, ainsi que la présence d'une petite galerie de 7 pages en couleurs proposant des illustrations dont certaines reprennent les gimmicks des affiches anciennes des grands magasins, ce qui est une excellente idée pour nous immerger au mieux dans l'ambiance de l'oeuvre dès le départ.


Ce récit nous plonge donc au sein du Hokkyoku, un grand magasin de plusieurs étages qui a pour particularité d'accueillir toutes sortes d'animaux, et où les employé(e)s ont évidemment pour tâche de servir au mieux les client(e)s... d'autant plus qu'il y a parmi eux un nombre non négligeable de V.I.A., des "Very Important Animals", considérés comme tels car leur espèce est soit disparue depuis plus ou moins longtemps, soit en voie de disparition, soit réapparue récemment alors qu'on la pensait disparue. Hanako est une jeune femme qui vient tout juste d'être embauchée dans ce grand magasin en tant que concierge, et qui doit donc apprendre au mieux son métier pour ne pas froisser les clients, chose qui n'est pas toujours aisée. Et même si elle commettra forcément des erreurs parfois au point de se faire réprimander, elle démontrera toujours un désir d'apprendre et de bien faire, avec la volonté ferme de devenir une excellente concierge apte à satisfaire tous les types de clients, du plus timide au plus gênant.


La série suit un schéma on ne peut plus simple, où chacun des dix chapitres place Hanako face au cas d'un nouvel animal. Et alors que cela aurait pu vite devenir rébarbatif, il n'en est rien, tant l'auteur sait exploiter ce schéma pour dégager des choses très intéressantes, à commencer par différents petits portraits de ces fameux "V.I.A.", ces animaux bien souvent considérés comme disparus de nos jours, et que le mangaka nous présente alors avec une petite documentation et surtout avec une pointe de mélancolie puisque, bien souvent, l'être humain n'est pas étranger à ces disparitions. Et c'est donc en cherchant à satisfaire au mieux la clientèle que Hanako progresse dans son travail, en comprenant bien certains des tenants et aboutissants du travail dans les grands magasins (savoir observer les clients les plus timides pour savoir qui a besoin d'aide, éviter de les froisser, sonder les demandes avec des questions pertinentes...), et en composant avec toutes sortes d'employés: sa collègue Mori souvent très sobre, sa supérieure Iwase un peu plus expressive, le responsable d'étage Tôdo qui rôde partout (absolument partout !) pour veiller au grain, Maruki le vétéran de bon conseil, le directeur Elulu qui est lui-même un animal, sans oublier le styliste Tokiwa qui amènera une petite part d'opposition en ne comprenant pas pourquoi les animaux disparus ou en voie de disparition ont un traitement de faveur. Assez animé par ces différents cas, le parcours et la progression de Hanako constituent assurément le léger fil rouge du récit, jusqu'à des dernières dizaines de pages qui certes restent ouvertes mais qui cristallisent assez bien cette progression, tout en évoquant intelligemment des sujets comme l'impact de l'homme dans la disparition des espèces et son évolution vers la consommation de masse.


On aurait volontiers repris une dose de ce récit original, malin, et également élégant dans son trait fin ainsi que dans certaines pleines pages et doubles-pages faisant bien ressortir le cadre du grand magasin. En tout cas, l'ensemble confirme que Tsuchika Nishimura est un artiste qui ne manque pas d'intérêt, et dont on espère pouvoir continuer de suivre la progression à l'avenir.



Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.5 20
Note de la rédaction