Colorless Vol.4 - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 24 Juin 2022

Suite aux derniers événements, l’Église se rapproche toujours plus de la concrétisation de son idéal qui passera par le réveil du dieu chromatique. De son côté, Avidya doit se préparer à l'inévitable confrontation face à cette faction qui gagne en puissance. Après s'être entouré de l’éminent scientifique, le professeur Zashew, et de son assistante Anoï, Avidya accepte d'être le sujet d'expériences qui pourraient lui conférer la force nécessaire pour tenir tête à ce redoutable ennemi...


Colorless n'a cessé de nous étonner au cours de ses trois premiers tomes. Jouant sur l'idée d'un monde post-apocalyptique dépourvu de ses couleurs, tant par le scénario que par l'esthétique de l’œuvre, KENT est parvenu à proposer un début haletant, riche en suspense, et préparant une intrigue qui ne cesse de cumuler les points de mystère. En somme, tout est là pour que chaque tome proposé chez nous soit une lecture sur laquelle on se jette les yeux fermés.


Et ce quatrième tome ne déroge pas à la règle, loin de là même. Suivant le cheminement établi par les opus précédents, cette suite se sert astucieusement des récentes confrontations entre Avidya et l’Église pour justifier la nécessité du protagoniste à gagner en puissance. A travers ce passage, les mystères gagnent encore en densité, quand certains rebondissements assez inattendus modèrent la progression du récit. Plus grave encore : Difficile d'entrevoir la possibilité pour le petit groupe principal de rivaliser avec un tel adversaire. Pourtant, c'est dans la cohésion entre les personnages que l'espoir est permis. Car à travers des figures comme l'attendrissante Tchié et l'attachant Covetess, l'auteur nous a conquis de par ses têtes d'affiches. Nous sommes en terrain convivial avec ces personnages, un effet très certainement voulu par l'artiste qui semble avoir bien planifié la suite du tome.


Car en parallèle à cette équipe de héros, la narration dresse l'ascension de l’Église qui cumule les moyens de parvenir à ses fins. La dimension sectaire du groupe antagoniste ne fait plus aucun de doute tant il est question ici de manipulation des plus démunis, et plus globalement des masses. Après avoir réglé le cas des trois assassins intervenus dès le début de l'histoire, c'est par un autre cas de figure que KENT présente la montée de l'ennemi, toujours dans l'optique de mener à une confrontation contre Avidya au sein du tome. Le lecteur croit alors être en terrain connu... sauf que l'artiste va en décider autrement.


Et c'est parce ce climax que Colorless va encore plus loin, prouvant notamment la maîtrise narrative de son artiste que ce soit par des planches à la mise en scène lourde de sens, ou l'utilisation cette fois-ci du pigment écarlate pour apporter une autre nuance colorée à ses planches. Le style de KENT n'a plus rien à prouver, et c'est aussi ce qui rend les événements terribles. Car jusqu'ici, il y a certaines limites que l'auteur n'avait pas franchies. Le pas de trop semble être fait, nous laissant sur une déstabilisante incertitude, soulevant au passage tous les enjeux posés jusqu'ici. Si Colorless parvenait à chaque fois à clore une aventure au sein d'un unique tome, l'auteur joue maintenant la carte du cliffhanger. L'exercice est une réussite, tout laissant croire que le futur cinquième volume de la série sera décisif pour le déroulement de l'histoire.


Difficile alors de ne pas être fébrile tout le long de cette lecture bien amenée dans son déroule scénaristique, et toujours ravissante par ses parti-pris bichromiques auxquels se couple cette fois des planches particulièrement inspirées en terme de sens. Si Colorless ne fait malheureusement pas le bruit que la série mérite, il n'est pas trop tard pour croquer l'univers de l'auteur, d'autant plus que les discrètes éditions Shiba font un excellent travail de finition pour rendre honneur aux choix artistiques de KENT.



Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
16.5 20
Note de la rédaction