Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 03 Juin 2022
L'Eglise est prête à tout pour asseoir son idéologie et cible désormais Avidya ainsi que Tchié, dont la vraie nature a été révélée. Le petit groupe doit donc parvenir à une meilleure utilisation des pigments afin de pouvoir rivaliser avec ce dangereux ennemi. Ils s'apprêtent ainsi à collaborer avec un éminent professeur, apte à leur permettre une meilleure maîtrise de l'énergie chromatique.
De son côté, l'Eglise se frotte à Fusem, le dernier membre du trio que le culte souhaite ériger en sacrifice. Celui-ci ne compte pas se soumettre, et cherche à la fois à venger ses compagnons mais aussi à mettre en déroute les plans de ceux qui essaient de le manipuler...
Les bases de la série de Kent sont maintenant solidement installées. Un ennemi est défini, l'intrigue a d'ores et déjà eu droit à de micro révélations et a bien préparé le terrain pour une dualité entre le groupe d'Avidya et la redoutable Eglise, prônant une idéologie dangereuse et s'apprêtant à utilisant la puissance chromatique à des fins malsaines. Dès lors, on attendait avec une grande curiosité la suite, tant l'histoire s'annonçait prometteuse tandis que la patte de son auteur ne nous lasse pas de son identité visuelle jouant avec de très jolies notes de couleur vives pour représenter les pigments au sein de cet univers en noir et blanc.
Ce troisième tome poursuit sur cette très bonne lancée en peignant deux destins qui se croiseront au cours des événements, deux focus sur les deux camps antagonistes du scénario. Le parallèle entre ces deux camps s'avère bien pensé Avidya et les siens cherchant la progression technologique à des fins altruistes, là où l'Eglise s'adonne à des expériences pour déclencher ce qui pourrait être une vraie catastrophe, bien que leurs ambitions conservent un zeste de mystère. Une opposition purement morale entre ces deux factions dont les avancées vont mener un déroulement finalement dramatique de l'opus.
Car si Fusem trône sur la couverture, ce n'est pas anodin. Le dernier membre du trio clame justice et vengeance après avoir perdu ses deux comparses, Jighaïm et Ninmu. S'il est l'ennemi fort de ce troisième tome, il est aussi une sorte d'enjeu qui s'attire un peu de notre compassion, tout en étant cible d'une évolution dont le climax de l'ouvrage s'avère aussi intense qu'émotionnellement fort. Avec sa mise en place comme adversaire profitant d'une augmentation de force, Kent amène une nouvelle trouvaille graphique dans sa série : Par les pouvoirs de Fusem, il joue énormément sur des touches jaunâtres pour symboliser la puissance du personnage dont les pouvoirs puisent directement dans le genre de l'apocalypse zombie. On sent bien que l'auteur cherche à pousser le concept bichromique de son œuvre le plus loin possible, ce qu'il réussit tant cette représentation colorée se dote à chaque fois d'une nouvelle aura.
Et si ce troisième tome nous saisit aussi bien, c'est aussi pour son final qui laisse croire à un chamboulement prochain du scénario. Peut-être est-ce pour ça que Shiba Edition proposera le quatrième tome dès le mois de juin, soit un petit mois à peine après ce troisième. Que ce soit pour l'éditeur ou son auteur, on espère que le succès de Colorless est au rendez-vous, ne serait-ce pour permettre à Shiba Edition de se développer davantage, ce dernier étant aux petits soins avec cette série dont les volumes profitent de belles finitions.