Chroniques d'Azfaréo (les) Vol.1 - Manga

Chroniques d'Azfaréo (les) Vol.1 : Critiques

Azufareo no Sobayônin

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 11 Septembre 2020

Déjà à l'époque de leur collaboration avec Delcourt, les éditions Akata avaient à coeur de démontrer la diversité du genre shôjo, et cela s'est évidemment poursuivi depuis qu'elles ont pris leur indépendance... Et pourtant, dans leur catalogue, il manquait toujours un représentant pour un registre mine de rien assez courant, à savoir le shôjo d'aventure/fantasy. Ce manque est enfin comblé en cette période de rentrée avec l'arrivée des Chroniques d'Azfaréo. De son nom original Azfareo no Sobayonin (grosso modo "La Servante d'Azfareo"), cette oeuvre bouclée en 9 tomes a été prépubliée de 2016 à 2019 dans un célèbre magazine assez spécialiste du genre, le Hana to Yume de Hakusensha (qui accueille aussi dans ses pages Yona princesse de l'aube, The world is still beautiful, La princesse et la bête...), et elle semble avoir rencontré son petit succès puisque dès 2019 elle a eu droit à un court spin-off nommé Shirogane no Ryuu-hen. Il s'agit de la première série longue réalisée à 100% par Shiki Chitose, une mangaka ayant débuté en 2013, et qui avait auparavant planché uniquement sur des histoires en un seul ou en quelques chapitres, ainsi que sur Obito no Hime to Kubinashi Kishi, manga en 3 tomes où elle était uniquement au dessin.

Nous voici donc ici dans un monde imaginaire, et plus précisément au sein du royaume d'Azfaréo, un royaume protégé par le pouvoir d'un dragon bleu dont la force vitale influe sur le climat et sur la luxuriance de la nature. C'est auprès de ce dragon nommé Julius que la jeune Rukul se retrouve servante, avec une forte volonté en tête: enfin se rendre utile, elle qui a toujours souffert, au sein de sa famille, des remontrances de ses parents face aux qualités beaucoup plus évidentes de sa soeur Miléa. Julius est réputé pour être un dragon au sale caractère et peu aimable, mais Rukul, à force de persistance, pourrait éventuellement parvenir à atteindre son coeur voire trouver sa place. Ainsi fait-elle de son mieux en débarrassant le dragon de ses écailles abimées, en lui apportant ses repas... sans savoir que, dans l'ombre, un sombre secret plombe le royaume, expliquant aussi le fait qu'il ne pleut plus et que l'équilibre naturel est menacé.

Les shôjo d'aventure liant une jeune héroïne à un charismatique dragon, ce n'est pas forcément ce qu'il y a de plus original tant on a déjà pu voir des récits axés là-dessus, ne serait-ce que le sympathique Strange Dragon sorti chez Doki-Doki en 2018. Et sur ce créneau, Shiki Chitose ne semble pour l'instant pas vraiment vouloir chercher l'originalité en offrant un début d'oeuvre somme toute très prévisible, et même très rapide dans son premier chapitre qui règle de façon presque expéditive tout un premier complot autour du véritable roi du royaume, et qui fait évoluer vraiment très vite la consolidation du lien entre Rukul et Julius. En cela, on se dit volontiers que ce premier chapitre était peut-être, au départ, prévu pour n'être qu'un one-shot, avant que l'engouement du public n'incite à en faire une série, mais il s'agit d'une simple hypothèse.

Après ce premier chapitre, la suite ne sort pas forcément beaucoup plus des sentiers battus: Rukul devra faire face à un vague petit complot visant à l'éloigner, elle qui n'est qu'une servante, puis elle commencera vite fait des recherches concernant la "malédiction" pesant sur Julius, tout en continuant de se rapprocher de lui malgré certains moments difficiles.

Le principal problème dans ce début d'oeuvre, c'est que la mangaka va parfois vraiment très vite en besogne. Il n'y a pas de réelle introduction puisqu'on est plongé d'emblée dans le vif du sujet, les premiers problèmes sont vite résolus en ne semblant pas vraiment avoir d'impact (c'est à peine si on entrevoit des réactions suite à l'arrestation de Gara, par exemple), et pour le moment le background global autour du royaumes est quasiment absent. Il en résulte un lecture un petit peu lisse... et qui, pourtant, parvient à montre une part de charme à travers tout autre chose, à savoir le lien qui se construit entre les deux personnages principaux. Ca a beau être très rapide, on sent bien la douleur de Rukul àc ause de son sentiment d'inutilité au sein de sa propre famille, et dès lors son bonheur d'enfin être utile et de trouver sa place quelque part, d'autant que la jeune fille met vraiment du coeur à l'ouvrage et sait vraiment se montrer courageuse pour protéger Julius. Quant à notre cher dragon, on comprend facilement l'attachement qu'il se met à ressentir pour cette héroïne qui fait attention à lui, du mieux qu'elle peut.

Concernant le style de la mangaka, il sera possible de trouver qu'elle prend pas mal de petits raccourcis dans la mise en scène de certains événements censés être forts, et de dénicher pas mal de petits irrégularités dans son trait: anatomies parfois aléatoires (les bras, notamment), manque de profondeur, décors souvent très standard à base de trames, design du dragon peu dense (on voit rarement ses écailles, son corps est généralement ramé de façon simple...)... En revanche, il se dégage du trait fin une certaine sensibilité, qui n'a aucune difficulté à retranscrire ce que peuvent bien ressentir les personnages, avec à la clé quelques jolies petites scènes entre Rukul et Julius.

Les Chroniques d'Azfaréo commence donc de façon classique et peut-être un peu trop rapide et maladroite avec ses premiers rebondissements lisses et un univers global qui ne s'enrichit pas beaucoup pour le moment, mais l'oeuvre sait toutefois tirer parti du joli lien qui s'installe entre ses deux personnages principaux, ce qui suffit largement à donner envie de voir de quoi la suite sera faite. Ca tombe bien, le tome 2 est sorti en même temps que le premier !

Notons qu'après 155 pages, ce tome laisse place à une histoire courte de grosse trentaine de pages, sans aucun lien avec Azfaréo, conçue par la mangaka avant, et proposant une petite comédie romantique estivale sur fond de natation, plutôt agréable à suivre.

Enfin, un mot sur l'édition française qui bénéficie d'une fort jolie jaquette: si l'illustration et le contour sont les mêmes que pour la jaquette nippone, on a droit à un fond rose différent qui suit bien, ainsi qu'à un logo-titre très bien travaillé de la part du graphiste Tom "spAde" Bertrand. A l'intérieur, la traduction de Sahé Cibot souffre de quelques rares petites coquilles (mais rien de grave, juste un oubli de s au pluriel, ce genre de chose) mais se veut surtout claire en collant bien aux personnages, et le lettrage d'Elsa Pecqueur est tout à fait convaincant.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
13.5 20
Note de la rédaction