Cerisiers fleurissent malgré tout (les) : Critiques

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 08 Mars 2013

Le 11 mars 2011 aura irrémédiablement marqué les esprits et ce n'est pas un hasard si les œuvres le prenant pour thème commencent à se multiplier. Dans le cas présent, c'est Keiko Ichiguchi, à qui l'on doit notamment Là où la mer murmure, 1945, ou encore America, qui nous livre un récit intimiste, très largement inspiré de son expérience personnelle.

Il est donc question d'Itsuko Sonada, rédactrice japonaise vivant en Italie où elle a épousé un homme du pays, Angelo. Etant petite, elle a été victime d'une maladie lui faisant très rapidement comprendre que la mort peut frapper à tout instant. Et, alors qu'elle préparait un voyage pour la Japon afin d'y revoir ses parents et diverses connaissances, voila qu'elle est réveillée un beau matin par une succession de nouvelles inimaginables : un tremblement de terre, un tsunami, Fukushima.

Une fois n'est pas coutume, on va commencer par évoquer l'édition de Kana, excellente, et tous les à-côtés à l'histoire. Ceux-ci sont nombreux puisqu'on aura droit à une présentation de l'auteur mais aussi et surtout de nombreuses notes de Keiko Ichiguchi concernant la genèse de son œuvre et la manière avec laquelle elle a travaillé. Du story-board aux photos de documentation en passant par sa manière de procéder pour mettre sur papier son scénario. Bref, la conception des "Cerisiers fleurissent malgré tout" n'a plus aucun secret pour nous et cela va rendre le tout d'autant plus intéressant. Bref, on a droit à un produit soigné et complet, genre de chose qui fait toujours très plaisir à voir !

Mais revenons à l'intrigue en elle-même. L'auteure nous délivre donc quelque chose qui fera avant tout la part belle aux sentiments éprouvés par son héroïne, et avec beaucoup de réussite qui plus est, en mêlant habillement des réminiscences du passé et la catastrophe du 11 mars. Au delà de ça, ce qui sera ici réellement intéressant est le fait de se retrouver dans la situation particulière d'une personne vivant en dehors de son pays, s'inquiétant bien évidemment pour ses proches, mais devant faire avec les informations qu'elle trouve à droite à gauche, parfois erronées, parfois exagérées, ou encore dissimulées. La vision qui nous est donné de ces tragiques évènements se veut ainsi originale et pertinente. Et, au final, ce n'est pas tant le 11 mars en lui-même qui est décrit mais plutôt les conséquences que ce jour maudit aura eu sur les japonais, notamment dans leur manier d'agir et de penser, comme nous le montre l'unes des phrases très fortes du titre :

"Les personnes qui ont vécu cette tragédie sourient, mais elles ne rient pas."

D'un point de vue graphique, la dernière création en date de Keiko Ichiguchi joue avec efficacité la carte de la sobriété. Les planches sont aérées et facile à appréhender mais cela n'empêche pas pour autant l'auteure de nous gratifier de quelques superbes décors, notamment en mettant sur papier les splendides cerisiers en fleurs, élément récurrent du récit de par leur symbolique. Ce dernier aspect sert d'ailleurs fort bien l'ensemble et vient renforcer l'impact émotionnel de l'oeuvre qui parvient à nous émouvoir tout en sachant faire preuve de retenue juste comme il faut.

Les cerisiers fleurissent malgré tout est donc un récit fort et touchant, offrant une vision personnelle et surtout profondément humaine de la catastrophe du 11 mars et de son impact sur la population japonaise.


 


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Shaedhen
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs