Carnage à la tronçonneuse : Critiques

Fumio Kirisaki est en apparence une adolescente tout ce qu'il y a de plus banal avec comme passe temps la lecture et comme meilleure amie une fille un peu allumée qui entend des voix et craignant une attaque extra-terrestre. Enfin, elle est aussi sérieusement entichée de son petit copain Takumi. Seulement voila, un beau jour, alors que Fumio était partie rejoindre son bien aimé, la demoiselle tombe face à un spectacle des plus horrifiants: elle voit l'homme de sa vie dans les bras d'une autre, en l’occurrence une nouvelle élève particulièrement bien formée et attirant toutes les convoitises. Du coup, la petite Fumio perd ce qui lui restait de raison et décide de découper celui qui l'a trahi à coup de tronçonneuse tout en nettoyant le reste du lycée par la même occasion !

Sur le papier, ce pitch sonne plutôt bien. A priori, on pense là faire face à un bon petit délire bien déjanté typé grindhouse où le gore côtoie l'humour afin de nous offrir un divertissement parfaitement décérébré l'espace d'un one shot sans grande prétention. Et, même si la couverture vient d'emblée refroidir quelque peu nos ardeurs, on se laisse malgré tout convaincre par les premières pages qui nous confortent dans notre idée en nous présentant une belle petit galerie de personnages plus ou moins atteints et quelques gags qui, sans se montrer des plus originaux, remplissent quand même leur office. Malheureusement, notre joie sera de bien courte durée et l'on se rendra vite compte qu'on tient entre les mains un véritable navet qui n'a pour ainsi dire rien pour lui.

Dans un premier temps, il faudra déjà ronger son frein. En effet, une fois l'infidélité de son compagnon découverte, Fumio, plutôt que de passer directement à l'acte, nous oblige à nous farcir l'histoire de sa rencontre avec sa seule amie. Non seulement on s'en contre-fiche royalement, mais en plus l'ensemble est d'une lourdeur pas possible puisque Kaoruko se révèle être un personnage aussi improbable qu'inintéressant. Puis, une fois que Fumio se décide enfin à passer à la vitesse supérieure, on découvrira bien vite le noeud du problème et ce qui sera la plus grosse faiblesse du titre: son aspect graphique. Si le coup de crayon en lui-même se veut déjà particulièrement fade et ne convainc guère, c'est surtout le manque total d'inspiration dans la mise en scène qui enfoncera définitivement le titre. Le "carnage" se montre donc au final insipide au possible et c'est à peine si l'on a l'occasion de voir quelques gouttes de sang gicler dans temps en temps. Bref, on s'ennuie ferme d'un bout à l'autre du raid meurtrier de Fumio et l'on est presque content de le voir toucher à sa fin. Mais ça, c'est avant de constater que les auteurs n'ont pas encore fini d'enfoncer le clou et qu'ils nous réservent une conclusion qui plonge encore un peu plus le titre dans les abîmes du n'importe quoi, rendant tous les actes de l’héroïne vains et rajoutant une sombre histoire d'extra-terrestres sans queue ni tête à l'intrigue. Autant dans certains cas ce genre de retournements de situation peut faire son effet à merveille et nous offrir quelques bonnes tranches de rigolades, autant ici ils nous donne juste envie de refermer le bouquin.

C'est d'autant plus dommage que Soleil nous gratifie d'une édition de bonne facture avec une couverture fort bien réalisée et une page couleur en guise d'introduction. Et ce sera finalement le seul point positif à retenir de ce one shot qui, pour le reste, n'a pratiquement rien pour lui et que, pour le coup, on tronçonnerait bien allègrement !

Shaedhen