Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 07 Août 2024
Toujours accompagné de son ignoble patron Utsumi qui reste fidèle à lui-même avec son obsession pour le scoop et son incapacité à comprendre la situation, Ôtomo a rejoint un groupe de survivants où du personnel médical tente de soigner autant que possible les blessés. Sympathisant, entre autres, avec le médecin Soga, notre héros alors à coeur de, lui aussi,apporter son aide dans les soins. Mais même si cette situation d'entraide est bénéfique et montre que l'espoir envers l'humanité n'est pas totalement perdu, il ne faudrait pas grand chose pour que la situation dégénère et pour que les tares de l'espèce humaine reviennent au galop...
Entre l'envie de fuir sans apporter son aide face à certaines circonstances, la panique et la haine engendrées bêtement par la désinformation (un sujet plus que jamais d'actualité) ou encore les inévitables soifs de pouvoir qui reviennent au galop, Takao Saitô a encore ici l'occasion d'exposer plusieurs de ces dérives typiques de l'espèce humaine. Espèce qui conserve pourtant encore son orgueil mal placé alors qu'elle a vite fait d'être bien peu de chose, comme le prouveront encore diverses situations (en tête, l'absence de repères et de débrouillardise dès que les technologies propres à l'homme ne sont plus). Dans une deuxième moitié de tome qui change soudainement de cadre et de personnages (si bien que l'on va soigneusement éviter d'en dire beaucoup plus sur le déroulement du volume, afin de ne pas spoiler), le mangaka parvient à aller encore plus loin dans son portrait des dérives dont l'être humain est capable quand la civilisation n'est plus, et ce n'est pas la pauvre Kanda qui dire le contraire au vu de ce qu'elle doit subir dans les dernières pages... Néanmoins, n'allez pas croire que le regard de l'auteur sur notre espèce, dans cette situation post-apocalyptique, est intégralement pessimiste: comme déjà dit il y a toujours des lueurs d'humanité plus bénéfiques ou touchantes, à travers des figures comme Soga, Eto, Kanda qui affronte le difficile deuil de son enfant décédé, ou évidemment d'Ôtomo qui est quasiment incapable de laisser tomber autrui et dont on entreverra même certains souvenirs difficiles.
Tout ceci se déroule toujours sur fond d'informations de survie diverses et variées: savoir se méfier des différentes conséquences d'une telle catastrophe (chute de vapeur et de poussière lourde, averses très intenses... la nature ne manquant donc pas de se déchaîner en rappelant encore à quel point l'homme est insignifiant face à elle), apprendre à repérer les végétaux comestibles tout en gardant sa méfiance en cas de doute, réfléchir à une autonomie alimentaire avec tout ce que ça peut impliquer (comment repousser les insectes avec les moyens du bord, comment concevoir de l'engrais naturel...), ou encore se confronter aux inévitables maladies et épidémies en cas de manque d'hygiène, ce dernier élément gagnant en importance dans les dernières dizaines de pages.
Après un premier volume très prenant, Breakdown reste alors sur une dynamique intéressante au fil de ce second tome.Derrière le côté parfois volontairement stéréotypé de ses personnages, Takao Saito réfléchit consciencieusement les avancées et les thématiques de son oeuvre post-apo, entre récit de survie assez documenté et portrait sans fards de l'être humain dès que sa civilisation et ses technologies s'effondrent.