Box - Qu'y a-t-il dans la boite ? Vol.1 - Actualité manga
Box - Qu'y a-t-il dans la boite ? Vol.1 - Manga

Box - Qu'y a-t-il dans la boite ? Vol.1 : Critiques

Box - Hako no Naka ni Nanika Iru

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 27 Septembre 2022

Daijirô Morohoshi fait partie de ces artistes qui ont beaucoup trop longtemps été boudés en France, puisque jusqu'à cette année 2022 une seule de ses séries avait été publiée dans notre langue: l'excellente Shiori et Shimiko, parue dans les premières années d'existence des éditions Doki-Doki entre 2006 et 2008, et dont seulement 5 tomes sur un total de 6 ont été traduits en français, malheureusement. L'auteur est pourtant un poids lourd dans son pays d'origine, autant en tant qu'écrivain qu'en tant que mangaka, en ayant une très forte renommée dépassant le cadre du manga, en ayant remporté de multiples récompenses depuis ses débuts en 1970, et en s'étant surtout fait une spécialité des récits liés au surnaturel, à l'étrange et à l'horreur, l'une de ses influences majeures étant d'ailleurs le Mythe de Cthulhu imaginé par H.P. Lovecraft. Actuellement âgé de 73 ans et ayant une carrière qui dure déjà depuis plus d'un demi-siècle, il continue d'être actif, et c'est d'ailleurs l'une de ses séries les plus récentes que Le Lézard Noir a lancée en France en ce mois de septembre pour marquer son grand retour tant attendu dans notre pays.

De son nom original Box - Hako no Naka ni Nanika Iru, BOX ~ Qu'y a-t-il dans la boîte ? ~ est une série achevée en 3 tomes, que Morohoshi a dessinée et publiée en 2016-2017 dans les pages du magazine Morning Two des éditions Kôdansha, le magazine de Mauvaise Herbe, L'Atelier des Sorciers et Les Vacances de Jésus et Bouddha entre autres. Ce récit nous immisce auprès d'un groupe de 7 personnes d'âges différents, qui ne se connaissent pas et qui ont pour unique point commun d'avoir tous reçu un énigmatique casse-tête de la part d'une personne ou d'une entité inconnue. De fil en aiguille, ils sont bientôt destinés à se retrouver en un même lieu, à savoir un bâtiment en forme de boîte qui est mystérieusement apparu dans un parc, et où ils sont conviés à pénétrer. Une fois à l'intérieur, ils sont accueillis par une mystérieuse fillette qui leur affirme qu'ils n'ont plus aucun moyen de sortir de là, sauf un: tous parvenir à résoudre le casse-tête qui leur a été confié. Mais à chaque casse-tête résolu, c'est un événement imprévisible et défiant l'imagination qui a lieu. Et en ajoutant à cela les dangers et passages secrets pullulant dans ce bâtiment cubique, rien ne dit que tout le monde pourra s'en sortir vivant, ou tout simplement tel qu'il était avant de pénétrer dans ce lieu. mais qui sait, peut-être qu'ils pourront compter sur l'aide, ou non, d'une bien curieuse observatrice: une femme nommée Kyôko, que la simple curiosité a poussée à pénétrer aussi dans le bâtiment-boîte, et qui semble se satisfaire à sa façon de ces événements bizarres même si elle n'a aucunement le droit de participer aux casse-tête.

Il faut savoir que Kyôko n'en est pas à sa première apparition dans les écrits de Morohoshi: comme il l'explique très bien dans sa postface, l'auteur a déjà fait apparaître cette femme à la curiosité débordante dans certaines de ses nouvelles, mais en s'amusant à varier son caractère. Ici, quitte à apporter de temps à autre des notes d'humour décalé et un peu noir, elle se fait l'observatrice privilégiée de la ribambelle d'événements étranges auxquels sont confrontés les 7 personnes conviées dans ce bâtiment hors du commun, et le mort "étrange" et d'ailleurs, sans aucun doute, celui qui convient le mieux pour décrire cette lecture. Quelle est la nature de ces casse-tête, de ce bâtiment truffé d'obstacles et de cette fillette capable d'apparaître et de disparaître à volonté ? Qui les a convié là, et pourquoi ? Pour le moment, Morohoshi s'amuse à émettre des hypothèses sans donner de réponse claire, en puisant volontiers dans l'idée d'une entité non-identifiée et menaçante contre laquelle, dans le fond, nos personnages principaux ne peuvent pas forcément grand chose tant la situation les dépasse. Et en cela, on sent une nouvelle fois l'attrait de Morohoshi pour le mythe de Cthulhu qui repose sensiblement sur la même idée.

Mais dans BOX, tout est avant tout question de casse-tête que les personnages doivent obligatoirement résoudre pour s'en sortir vivants... mais cette résolution des énigmes est aussi, précisément, ce qui amène des événements impensables ne pouvant que les inquiéter encore plus: deux personnes dont le corps semble fusionner, une bout de tête qui semble s'évaporer sans que ça fasse mal à la principale concernée... l'étrange est bel et bien partout aussi, et les petits jeux cérébraux sont alors bien moins ludiques qu'inquiétants, tant les achever peut amener des choses imprévisibles. Et cette atmosphère étrange est d'autant plus efficace que le cadre du bâtiment cubique amène tout naturellement un aspect huis-clos claustrophobique, et que l'auteur appuie cela avec un dessin restant très artisanal, sans effets numériques et avec des designs, des décors et des encrages restant très manuels, artisanaux, "à l'ancienne", conférant au tout un charme assez typique. Restent certains caractères/comportements/réactions qui pourront diviser, tant certains personnages semblent en décalage avec tout ce qui leur arrive, ce qui pourra déplaire ou au contraire plaire. Mais dans tous les cas, on a bel et bien affaire à un récit à l'atmosphère très réussie, dont la part de mystères et les avancées toujours plus curieuses donnent largement envie de connaître la suite.

Enfin, au niveau de l'édition, côté couacs on notera surtout plusieurs petites coquilles ayant échappé à la relecture, mais rien qui nuise au récit. A part ça, on retrouve le grand format sans rabats ni jaquette typique de l'éditeur, ainsi qu'une bonne qualité de papier et d'impression. La traduction de Sylvain Chollet est toujours claire, tandis que lettrage s'avère propre.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs