Blue Lust Vol.1 - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 21 Décembre 2018

Le mois de novembre a vu débarquer aux éditions Taifu Comics la mangaka Hinako avec ce qui est son deuxième manga publié chez l'éditeur Frontier Works et sa première série longue. Publiée au Japon entre 2015 et 2017, Blue Lust est un boy's love achevé en 3 volumes, nous plongeant dans des tourments très actuels autour de l'adolescence et de l'acceptation de l'homosexualité.

Hayato, lycéen, aperçoit un jour sur le toit de son établissement scolaire une silhouette qui semble sur le point de se jeter dans le vide. Paniqué, il se précipite sur les lieux, et c'est ainsi qu'il fait la connaissance de Sôma, un élève qui vient d'être transféré, et qui semble peiner énormément à s'intégrer, si bien qu'il reste souvent muet, paraît asocial et ne vient pas toujours en cours. Grâce à son caractère très avenant et amical, Hayato finit vite par se rapprocher de ce nouveau venu, et une amitié semble naître entre eux, tant et si bien que Sôma finit par révéler à son nouvel ami le triste passé qui le hante encore aujourd'hui et qui l'a rendu si craintif envers les autres. Ce passé, ces douleurs, Hayato choisit de les accepter, et promet à Sôma de toujours être là pour le soutenir. Mais Hayato semble lui-même rongé par un passé douloureux...

Très facilement, l'autrice parvient à nous plonger dans un récit rendu immersif par ses dessins assez fins et clairs avec des visages parfois superbes (mention spéciale à certains regards très marquants), ainsi que par sa narration soignée qui est d'une grande fluidité et qui sait travailler le ressenti des personnages et leurs tourments. Le choix de centrer cette narration sur Hayato est intéressant, car c'est alors à travers ce dernier que l'on apprend peu à peu à découvrir Sôma et ses douleurs intérieures... tout en nous laissant deviner que Hayato est lui-même rongé par une sorte de culpabilité passée dont il reste tout à découvrir. Voila qui est malin pour intriguer comme il se doit et pour bien faire comprendre que les deux adolescents sont bien plus complexes qu'ils ne semblent l'être.

C'est donc via Hayato que l'on découvre d'abord le passé cruel de Sôma, un passé peu surprenant mais que la mangaka sait très bien évoquer, notamment à travers quelques cases assez dures qui viennent contraster avec le reste. L'occasion est alors parfaite pour que Hinako aborde en filigranes la question de la difficile acceptation de l'homosexualité, surtout en période d'adolescence et dans un univers très masculin. L'autrice montre très bien à quel point un passé difficile peut continuer de hanter les gens pendant longtemps, en mettant bien en avant la façon dont Sôma, encore aujourd'hui, reste meurtri, a peur de nouer contact avec les autres, tout simplement parce qu'il craint profondément d'être à nouveau rejeté, d'être considéré comme anormal, et de subir les mêmes horreurs qu'autrefois. A ses côtés, Hayato est un garçon qui apparaît profondément bénéfique, de par son désir de soutenir autant qu'il le peut son nouvel ami, par exemple en l'aidant à s'intégrer et à se re-sociabiliser. Mais forcément, on ne peut oublier si facilement les douleurs du passé, et il faudra sûrement du temps à Söma pour se relever entièrement... si tant est qu'il y parvienne. Et que Hayato arrive lui-même à faire face à son mystérieux passé qu'il semble fuir et a du mal à assumer. Voila qui est donc très efficace pour susciter l'envie de lire la suite, tant les deux personnages principaux sont intéressants et ont encore bien des choses à révéler sur eux-mêmes.

Blue Lust, dans l'ensemble, démarre donc très bien avec ce premier volume qui lance un récit assez subtil, porté par deux héros très intéressants et complexes ainsi que par des problématiques sociales qui restent très actuelles.

L'édition française proposée par Taifu Comics est de très bonne qualité, avec une jaquette fidèle à l'originale, une première page en couleur sur papier glacé, un papier souple et sans transparence, une excellente qualité d'impression, et une traduction soignée de Nesrine Mezouane qui parvient assez bien à faire ressortir le ressenti des personnages.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.5 20
Note de la rédaction